Les cours du métal jaune ont terminé en petite baisse, après avoir touché en début de semaine un plus haut depuis cinq semaines. Dopés par un regain d'appétit des investisseurs pour les actifs à risques, comme les actions et les matières premières, les cours de l'or ont continué sur leur élan de la semaine dernière et atteint lundi 1.131 dollars, leur meilleur niveau depuis le 20 janvier. Le marché a par la suite souffert d'un regain de doutes sur l'économie mondiale, notamment en raison des incertitudes sur le sort de la dette publique grecque, qui pénalisaient l'ensemble des matières premières. "L'or semble exposé à une baisse plus prononcée, après avoir échoué à s'installer au-dessus de seuils techniques la semaine dernière (...), et alors que le FMI va commencer à mettre en vente du métal sur le marché", complétait James Moore, analyste du cabinet Bullion Desk. Néanmoins et en dépit d'une tendance baissière en ce début d'année, l'or reste à des niveaux proches de son plus haut historique de 1.200 dollars l'once. La Chine et l'Inde devraient continuer à soutenir la demande mondiale. Ainsi, Jim Rogers, président du hedge funds, Rogers Holdings, annonçait en octobre dernier que l'once d'or allait continuer sa progression jusqu'à atteindre les 2.000 dollars d'ici dix ans. L'once qui cotait 279 dollars en 2000 est passée à 444 dollars en 2005, 871 dollars en 2008 et a atteint 1.217 dollars fin 2009 son record historique. Cette flambée est expliquée en partie par l'avidité des Banques centrales mondiales. L'Inde en a acheté 200 tonnes en octobre dernier, la Russie 50 tonnes et la Chine 440 tonnes. L'Empire du milieu a même annoncé qu'il avait l'intention de multiplier par six ses réserves, évaluées à 1.054 tonnes. Cette passion pour l'or s'explique simplement : elles ont de moins en moins confiance en le dollar, monnaie de réserve traditionnelle. Affecté par les déficits américains, le billet vert a perdu près de 30% de sa valeur par rapport à l'euro depuis 2000. Autre explication de cette flambée des cours du métal jaune : la production de l'or ne cesse de décliner. L'an dernier, 2.500 tonnes sont sorties des mines de Chine, de Russie ou encore d'Afrique du Sud, 8,7% de moins qu'en 2001. Il y a de moins en moins d'or à extraire et cela coûte de plus en plus cher. Il existe sans doute encore quelques gisements en Russie ou au Congo mais les entreprises ne semblent pas très partantes pour pouvoir s'y risquer. Alors forcément une telle tendance attire tout type d'investisseurs. Y compris ceux qui dédaignaient l'or jusque-là. Alors qu'ils considéraient le métal jaune comme une "relique barbare", selon l'expression chère à l'économiste anglais, John Maynard Keynes, les hedge funds ont intégré le marché. Si, pour l'heure, la tendance baissière de 2010 est à relativiser - d'aucuns évoquent une correction technique -, elle pourrait si elle devait se poursuivre rapidement être prise en considération. En effet, en 2009, le cours de l'or a été soutenu par l'idée que les Banques centrales continueraient à acheter massivement de l'or et ce plus qu'elles n'en vendaient. Ce qui n'est jamais arrivé depuis vingt ans. La mise en vente de quantités d'or par le Fonds monétaire international (FMI) a contribué à conforter ces anticipations. L'Inde en a acheté 200 tonnes en octobre 2009, soit en gros la moitié de ce que le FMI avait prévu d'écouler. Beaucoup s'attendaient à ce que les Banques centrales suivent et acquièrent le reste, rendant inutile une vente à d'autres types d'investisseurs. Les Chinois et les Russes se font attendre. Conséquence : le FMI est obligé de passer par les marchés, au lieu de traiter directement avec les Banques centrales. Il justifie ce choix par le fait qu'il ne souhaite pas fragiliser le marché. La quantité concernée représente 191,3 tonnes soit 23% de la demande physique mondiale. Et même si la demande mondiale a chuté de près d'un quart au quatrième trimestre 2009, le Conseil mondial de l'or reste optimiste pour 2010. Selon lui, outre les marchés émergents, une demande soutenue devrait venir des marchés occidentaux.