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Quelle marge de manœuvre du gouvernement algérien pour une nouvelle gouvernance locale face à la pression des tribus ?
Publié dans Le Maghreb le 07 - 03 - 2010

Docteurs Abderrahmane MEBTOUL ET Mohamed TAYEBI (1)
Les dossiers de refonte des codes des APC et de wilaya sont à l'étude actuellement en conseil du gouvernement. La rivalité entre plusieurs tribus de toutes les régions du pays pour la création de nouvelles wilayas revient à l'ordre du jour en ce mois de mars 2010 pouvant dégénérer en violences.
Aussi face à la pression des tribus, quelle marge de manœuvre du gouvernement algérien pour une nouvelle gouvernance locale ?
C'est l'objet de cette modeste contribution qui se propose d'analyser la nature des équipements anthropologiques qui peuvent, soit constituer des éléments de résistance très forts à la mise en œuvre des réformes, soit représenter quand ils sont judicieusement utilisés un atout pouvant garantir la réussite de ces dernières.

1. Mutations sociales et résistances aux réformes

Les déplacements massifs des populations des campagnes vers les villes durant la guerre de libération nationale, l'exode rural tout aussi massif qui a suivi la proclamation de l'indépendance et le recours systématique à la main d'œuvre d'origine rurale pour répondre aux besoins grandissants d'une industrie en pleine expansion, ont eu pour effets de modifier les paysages ruraux et urbains et d'introduire dans les tissus urbains et périurbains à l'intérieur donc des villes et dans leurs périphéries immédiates - des équipements anthropologiques et culturels qui pèseront de tout leur poids de 1963 à 2010 et certainement encore pour longtemps. A un autre niveau, il convient de relever que les mutations sociales générées par le modèle de développement que l'Algérie a choisi d'appliquer dès la fin des années soixante ont provoqué l'émergence de couches moyennes urbaines principalement instruites, particulièrement actives dans la sphère de l'économie et de l'éducation, franchement ouvertes sur le monde et porteuses d'ambitions avérées en matière de participation politique.
La décennie 1980 a vu l'émergence d'une couche sociale activant dans la sphère d'une économie informelle de plus en plus vigoureuse et d'un dynamisme particulièrement agressif et qui s'est déployée sans contrainte entre des espaces urbains et périurbains. Les retombées économiques et sociales des réformes de la première génération et notamment les dévaluations successives du dinar après la cessation de paiement ( rééchelonnement de 1994, effet de la crise de 1986 qui verra l'effondrement des cours de pétrole de près de 70% du fait que le fondement de l'économie algérienne repose sur la rente), la crise politico-sécuritaire aidant, les années 1990 verront le laminage dramatique des couches moyennes précédemment citées et, en quelque sorte leur désarmement politique. Or, ce sont ces couches sociales industrieuses et porteuses d'une modernité politique enracinée dans l'espace social et national qui font cruellement défaut aujourd'hui aux réformes. C'est leur renaissance, et la consolidation de leur poids économique à partir des activités productives ou de services de la sphère des petites et moyennes entreprises qui leur permettront, à travers une société civile assainie et revigorée, d'apporter les soutiens politiques nécessaires à la réussite des réformes structurelles. Les réformes, qu'elles soient économiques ou politiques, pourront recevoir aussi un soutien inattendu et tout aussi bénéfique des couches sociales qui sont aujourd'hui efficacement encadrées par des structures organisationnelles construites de longue date à partir des équipements anthropologiques et culturels qui sont propres aux différentes régions du pays. Tout projet de société ou toute entreprise visant au changement social ou politique se doit de passer par une lecture approfondie et sans complaisance du patrimoine anthropologique culturel de la société, objet du projet, et identifier - à travers les liens de parenté, de filiation religieuse, d'alliance ou d'intérêt purement économique, les enjeux de pouvoir que ces derniers véhiculent et qui, bien ou mal pris en charge, ne seront pas sans conséquences sur l'aboutissement de ce projet ou de cette entreprise.

2- L'histoire relative à la gestion coloniale des populations et des territoires, fondement de la compréhension de la structure sociale
Il était traditionnellement établi dans les passations de consignes et de pouvoirs entre les administrateurs du système colonial en Algérie quand ils changeaient de département, de mettre en exergue un document pièce-maîtresse de la gestion de l'espace et des hommes : le rapport concernant les structures de parenté, les liens assabiens, et les poids des notabilités locales et leurs prédispositions à soutenir ou dans le cas échéant à informer, les autorités coloniales de l'état d'esprit des indigènes (leur docilité, leurs liens avec d'éventuels agitateurs et surtout les comportements des hommes de cultes et des spiritualités locales telles les zawaya).

a- La tribu et la colonisation
Tous les genres de la littérature coloniale, droit, histoire, romans ou récits de voyages se forcent chacun de son côté de saisir le secret de cette structure fondée sur une synergie assabienne, une hiérarchie parentale et une identité patrilinéaire solide. Les théoriciens de la sociologie des pays dits " sauvages " et "sans culture " l'ont placée au centre de leurs débats jusqu'au point où elle est devenue pour l'élite des pays indépendants synonyme et cause de leur sous développement. La formation des Etats nationaux dans le monde arabe a vilipendé cette structure, mais en dépit de ces discours, l'Etat national tant dans sa formation que dans sa déformation a toujours trouvé l'action des équipements anthropologiques de la tribu sur son chemin.
Les modernisations politiques et économiques se sont heurtées à cet ordre qui arrive toujours à trouver les parades pour travailler l'individu et le modeler dans les sillages de ses profondeurs identitaires. Pour ne pas trop détailler la question, remarquons tout simplement que la faillite du nationalisme assabien en Algérie a ouvert la voie à l'émergence de deux phénomènes structurant la société en profondeur :
- l'islamité identitaire qui, par le truchement idéologique des assabiates partisanes, a conduit à l'islamisme radical et dévastateur,
- la tribalisation des partis politiques a, avec l'indigence de la pensée politique en Algérie, conduit aussi à une perversion structurelle de l'idée de " Parti ".
Quand nous analysons de très près les choses, la tribalité algérienne a tout ravagé dans son passage.
Les sphères de l'économie publique et privée ont tout simplement sacrifié la bureaucratie organique et les hiérarchies des compétences au profil d'un clientélisme tribal et parental qui a réduit au minimum la rationalité de gestion et handicapé les capacités de production. En Algérie, la question n'est pas dans " le retour des tribus " car elles n'ont jamais quitté la scène sociale et politique, mais dans " le retour aux tribus " et c'est ce " retour aux tribus " qui par la force des choses constituera alors une donnée à ne pas négliger.
b- La zaouia et la colonisation
Au moment du déclenchement de la révolution et en dépit de la ferveur révolutionnaire et jihadienne ambiante, l'esprit assabien certainement métamorphosé en force positive, n'était pas totalement absent. Et la lecture des rapports et documents de l'entreprise coloniale, accessibles actuellement, nous renseigne sur :
a- sur la nature des " équipements anthropologiques " de l'identité algérienne qui partagée entre le référent khilafien, la fragmentation du territoire, la désagrégation du confrérisme, n'a pas su et pu engager et enclencher une résistance nationale intégrale et intégrante.
b- sur les logiques et la nature des structures mentales des communautés territoriales.
c- sur le poids du sacré, sa nature, ses discours et ses enjeux.
d- le poids de la parenté et son influence dans la production des pouvoirs locaux.
e- sur l'organisation de l'espace public et la profondeur de la fragmentation.
f- sur la matrice peu féconde de la notion de l'Etat central et l'ambiguïté de l'Etat- Nation.
g- sur l'indigence de l'élite et le caractère peu générateur du concept de l'urbanité.
h- sur la puissance de l'idée assabienne.
La révolution algérienne a pour la première fois dans l'histoire du resistancialisme algérien, réussi avec succès et bonheur à noyer plus ou moins le assabisme (arouch, tribus, confréries) et neutraliser momentanément son épine et ses nuisances. Le charisme jihadien a cédé face au charisme assabien.
Le slogan, " un seul héros le peuple " marquait en fait le rejet momentané de toute ghalaba et de toute assabia. Le peuple a été subjugué par un fraternalisme enchanteur.
3- Les structures tribalo-confrériques: tableau de bord vital pour une gestion politique pragmatique et féconde
La gestion politique des corps sociaux qu'ils soient modernes, traditionnels ou même archaïques doit appréhender ces corps comme ils sont, dans leurs structures, leurs codes et leurs forces agissantes, apparentes ou dormantes. L'efficacité de l'ordre politique ne réside pas dans le maquillage de ses discours mais dans le maillage judicieux et positif de ses corps sociaux et la maîtrise de ce qui est imprévisible dans leurs actions et dans les réactions aux stimuli qu'ils reçoivent. L'essence de la gouvernance réside dans la capacité de ses appareils à maîtriser les équilibres dynamiques pour qu'ils n'aboutissent pas à construire un nouvel esprit de corps qui d'autonomisme en autonomisme, de négociation en négociation engendre un espace ou un discours d'autonomie politique qui souvent hypothèque la concrétisation des projet de réformes ou de changement. La marginalisation subie par les cultures populaires algériennes, la négligence et le manque d'intérêt pour le champ religieux, ont préparé le champs gratuitement pour des forces occultes qui ont vite fait de concurrencer l'Etat dans ce domaine vital de la politique et de la souveraineté. Il s'ensuit que le pilotage de toute action, notamment la construction des opinions, le tissage des alliances et enfin l'orientation des opinions dépendent de deux paramètres, l'un administratif et l'autre spatial.


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