Le département américain de l'Énergie s'apprête à nettement réviser à la baisse la production de gaz du pays, surestimée en raison d'un processus de collecte des données inadapté, affirme dimanche le Wall Street Journal sur son site internet. Les statistiques mensuelles sont extrapolées à partir des volumes communiqués par les plus grandes sociétés du secteur, sans prendre en compte les plus petits producteurs. Le quotidien cite le responsable des statistiques du gaz au sein de ce ministère, Garry Long, selon lequel le département de l'Énergie "prévoit de changer sa méthodologie ce mois-ci, avec pour conséquence une révision à la baisse importante dans certaines régions". "Nous avons vu des chiffres que nous n'avons pas aimés au Texas. Nous avons pensé qu'ils étaient un peu trop élevés", a expliqué M. Long, interrogé par le journal. Autre indice, les Etats-Unis ont vu dernièrement les estimations de la production être systématiquement supérieures à celles de la consommation, sans se mettre à stocker ni exporter ces quantités de gaz. Le Wall Street Journal avait révélé en mars que ce même ministère avait remarqué des erreurs importantes dans ses statistiques sur les réserves de pétrole. Les erreurs provenaient là d'un système de recueil et de transmission des données dépassé, reposant essentiellement sur la saisie manuelle. Notons que le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil avait soulevé la semaine dernière au Forum international de l'énergie la problématique de l'estimation des marchés du pétrole et du gaz. Il avait dans ce sens souligné la divergence sur la taille du marché pour le pétrole. Le ministre a dans ce contexte salué le Système de collecte de statistiques pétrolières, appelé JODI, dont l'extension au gaz naturel serait utile, selon Khelil vue "l'importante capacité inutilisée de production de gaz naturel" qui va croître imposant plus de difficultés à l'industrie du gaz et provoquer de futurs déséquilibres et volatilité. Chakib Khelil, avait également indiqué que le prix actuel du gaz naturel à 4 dollars sur le marché spot, n'était "pas viable" pour les producteurs. Il a d'ailleurs indiqué qu'il existait un "surplus" sur le marché mondial de cette matière, gonflé par le défaut des importations américaines, maintenant que les Etats-Unis produisent du gaz non conventionnel. Il faut dire que le marché mondial du gaz a été complètement bouleversé suite à l'entrée en ligne d'un trouble-fête nommé Gaz non conventionnel ou gaz de Schiste. La production de ce type de gaz est devenue une proportion très importante de la production totale de gaz américaine qui était sur le déclin. Elle a été la cause d'une forte baisse du prix du gaz dans le pays et a affecté de ce fait la rentabilité des mégaprojets du Golfe persique et de leurs usines de liquéfaction très coûteuses. Aussi, les inquiétudes à propos de la menace que représentent les gaz non conventionnels ne cessent de grandir chez les grands producteurs de gaz naturel. L'Algérie et la Russie affichent certaines appréhensions. C'est dans ce contexte justement que le géant russe Gazprom s'est dit inquiet de perdre des marchés à cause de la hausse inattendue de la production gazière aux Etats-Unis, favorisée par de nouvelles techniques d'extraction. Aussi, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a affirmé, récemment, que les contrats d'exportation de gaz naturel à long terme des pays producteurs "sont confrontés à une réelle menace" et que le Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) devrait réagir aux mutations du marché gazier mondial. M. Khelil a expliqué que le marché mondial du gaz a connu de grands changements en une courte période, ajoutant qu'actuellement, ''l'offre dépasse la demande et les prix du gaz dans les marchés des contrats spot et à terme ont reculé à de faibles niveaux, et une menace réelle existe pour les contrats d'exportation de gaz à long terme". Il convient de signaler que le gaz non conventionnel représente à peine 4 % des réserves mondiales de gaz, selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Mais il a assuré 12 % des volumes produits dans le monde l'an dernier. En 2030, le gaz non conventionnel devrait représenter près de 60 % de la production américaine de gaz, contre à peine 30% en 2000, selon l'AIE. Le marché spot de GNL enregistre depuis 2009 une baisse importante des prix en raison de la hausse inattendue de la production gazière aux Etats-Unis, grand consommateur de cette énergie, favorisée par de nouvelles techniques d'extraction. En décembre, le secrétaire général du forum, le Russe Leonid Bokhanovski, avait démenti que l'organisation allait se transformer en cartel sur le modèle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Les principaux pays exportateurs de gaz s'étaient dotés, en décembre 2008, d'une organisation officielle, alors que les pays consommateurs redoutent qu'une telle structure n'influe sur les prix. Mais la donne semble changer. Notons que le Fpeg réunit 11 pays membres, dont la Russie, premier producteur mondial de gaz, l'Iran et le Qatar qui à eux trois totalisent environ 60% des réserves mondiales. Trois autres pays ont le statut d'observateurs, dont le Kazakhstan et la Norvège.