Le camp du président sortant ivoirien Laurent Gbagbo a accusé dimanche les pays occidentaux qui soutiennent Alassane Ouattara de chercher à semer la division au sein de l'armée afin de déstabiliser le pays. Se targuant de la décision du Conseil constitutionnel ivoirien, que son camp contrôle et qui l'a déclaré vainqueur du second tour de la présidentielle, le 28 novembre dernier, Laurent Gbagbo a prêté serment il y a huit jours. Mais Ouattara, désigné président-élu par la Commission électorale indépendante (CEI) avec plus de 54% des voix, est considéré comme le nouveau chef de l'Etat par les Nations unies, l'Union africaine, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, les Etats-Unis ou bien encore la France. "Depuis plusieurs jours, des membres des services diplomatiques civils et militaires occidentaux à Abidjan essaient de prendre contact discrètement avec des officiers de l'armée nationale", a déclaré à la télévision le ministre de l'Intérieur du gouvernement Gbagbo, Emile Guirieoulou. "L'objectif est de trouver des soldats et des policiers, de les inciter à déclarer leur soutien à Alassane Ouattara (...) et de les embarquer dans un projet de déstabilisation et de fragmentation de la paix et de la cohésion sociale", a-t-il dit. Laurent Gbagbo contrôle le palais présidentiel et les bâtiments gouvernementaux tandis qu'Alassane Ouattara a établi son administration parallèle dans l'hôtel du Golf, dans le quartier de la Riviera à Abidjan, protégé par des casques bleus. De son côté, le camp d'Alassane Ouattara a annoncé samedi que les discussions avec Laurent Gbagbo ne pourront débuter qu'une fois que son rival aura clairement admis qu'il a été battu lors du second tour de la présidentielle en Côte d'Ivoire. Le chef de l'Etat sortant avait suggéré vendredi l'idée de possibles négociations afin de trouver une issue à l'impasse née du scrutin du 28 novembre qui a vu les deux candidats en lice revendiquer la victoire. Les propos de Gbagbo, publiés dans le quotidien gouvernemental Fraternité Matin, visaient à désamorcer la tension entre les deux camps et à écarter le danger d'une nouvelle guerre civile dans le pays Cette proposition avait été relayée par Guillaume Soro, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo qui a pris la tête du gouvernement constitué par Ouattara. L'espoir a paru s'évanouir samedi. "Nous n'avons jamais été contre le dialogue mais il faut commencer par la reconnaissance d'Alassane Ouattara comme président", a déclaré Patrick Achi, porte-parole du gouvernement Soro installé dans l'Hôtel du Golf, situé dans le quartier de la Riviera et protégé par des casques bleus de l'Onu. "Si cette condition n'est pas remplie, il ne pourra rien se passer", a-t-il ajouté. La Commission électorale indépendante (CEI) a désigné Alassane Ouattara vainqueur de l'élection avec un peu plus de 54% des suffrages, proclamation soutenue par la mission locale des Nations unies qui disposait de sa propre copie des résultats. Le Conseil constitutionnel a invalidé la décision de la CEI et a annoncé un résultat totalement opposé donnant la victoire à Gbagbo avec 51% des voix. Plusieurs chefs d'Etat et plusieurs organisations régionales, comme la Cedeao et l'Union africaine, ont ensuite reconnu Ouattara comme le nouveau président de la Côte d'Ivoire.