Profitant d'un regain d'optimisme sur la croissance et des anticipations d'inflation mondiale, le brut est au plus haut depuis octobre 2008. Les cours du pétrole n'ont plus atteint les 100 dollars le baril depuis plus de deux ans (2 octobre 2008), mais depuis quelques jours, ils se sont nettement appréciés à la faveur d'indicateurs macroéconomiques laissant entrevoir un regain de croissance aux Etats-Unis, premier consommateur mondial d'énergie. Les prix du pétrole ont gagné plus de 11 dollars depuis le début de l'année à New York et plus de 15 dollars à Londres, soutenus par le rétablissement de l'économie mondiale et l'accroissement de la demande des matières premières en Chine, deuxième économie mondiale. Les cours du pétrole s'échangeaient à la hausse hier à Londres, en raison de la chute des températures à des niveaux jamais vus en Europe et au nord-est des Etats-Unis, qui fait craindre une hausse de la demande des produits pétroliers comme le fioul domestique. La place londonienne était fermée à l'instar de tous les marchés financiers du pays à cause du long week-end de la fête de Noël. Seuls les échanges électroniques donnaient des indications sur les cours. Vers 11H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 93,72 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 26 cents par rapport à la clôture de vendredi dernier. "Le marché évolue désormais en fonction des fondamentaux", indiquent les analystes de la maison de courtage Commodity Broking Services. "Le mauvais temps en Europe et maintenant sur la cote-est des Etats-Unis fait dire aux investisseurs que la demande de produits pétroliers comme le fioul domestique va augmenter", poursuivent-ils. L'Europe est traversée par un grand froid depuis quelques jours avec des chutes des températures généralisées dans les pays à forte consommation d'énergie comme la France. Aux Etats-Unis, entre 22 et 38 cm de neige étaient attendus à New York et 22 cm à Boston en raison d'une tempête de neige qui touche le nord de la côte est, de la Caroline du Nord à la Nouvelle Angleterre, et se déplace vers le nord, a indiqué la météo américaine (NWS). Or, un peu plus de la moitié du fioul domestique aux Etats-Unis est consommée dans le nord-est du pays. En fin de semaine dernière, les cours du pétrole ont atteint leur plus haut niveau depuis plus de deux ans. Après avoir touché en séance son plus haut niveau depuis le 2 octobre 2008, à 94,74 dollars le baril, le cours du Brent pour livraison février a finalement abandonné une partie de ses gains vendredi. Le Brent a lui clôturé en baisse de 48 cents, à 93,77 dollars, soit un gain de 2,3 % sur la semaine. Sur le Nymex new-yorkais, fermé vendredi en raison des fêtes, le baril de WTI avait clôturé la veille sur un gain hebdomadaire de 3,7 % à 91,51 dollars, après avoir atteint en séance 91,63 dollars, un niveau qui n'avait plus été observé depuis le 7 octobre 2008. Ce phénomène n'est pas lié à une dépréciation du dollar, resté relativement stable cette semaine face aux grandes monnaies mondiales. Ressortie en hausse jeudi à son plus haut niveau depuis juin, la confiance des consommateurs américains a donné un second souffle à la hausse des prix du pétrole, nourrie par les perspectives inflationnistes mondiales. Les derniers chiffres de l'inflation chinoise publiés en décembre ont ainsi fait ressortir une progression des prix de 5,1 % en novembre. Egalement de la partie, la vague de froid qui sévit en Europe a incité les intervenants à miser sur une croissance sensible de la demande de fioul domestique. Depuis le début de l'année, les cours du pétrole ont bondi de 20 % à Londres et de 15 % à New-York. Cette dynamique devrait se poursuivre étant donné le statu quo de sa production, annoncé le 11 décembre dernier à Quito par l'OPEP (Organisation des pays producteurs de pétrole), qui représente 40 % de la production mondiale. La prochaine réunion de l'OPEP doit se tenir en juin 2011. Le ministre irakien du Pétrole, Abdoul Karim Louaibi, a toutefois laissé entendre qu'une réunion extraordinaire pourrait avoir lieu d'ici là si les " conditions de marché " venaient à être modifiées.