La campagne électorale a besoin d'argent pour couvrir les frais de transport, d'affichage, de restauration et d'hôtellerie, quant bien même les salles qui abritent les meetings sont cédées gratuitement par les autorités locales. Comment s'y prennent alors les partis politiques, ou les candidats tout court, pour faire face à ces dépenses électorales qui s'étalent sur trois semaines ? Le FLN puise dans la cagnotte des contributions de ses militants, si l'on en croit son chargé de communication, M. Saïd Bouhadja. "On nous considère riches à cause du nombre important de nos militants", dit-il. A raison de 400 DA (200 DA pour les chômeurs et les étudiants ) pour chacun des 400 000 adhérents , les caisses ne peuvent qu'être désespérément vides. Pour M. Bouhadja, tête de liste dans la ville de Skikda, les "campagnes électorales nécessitent beaucoup de frais et des dépenses, dont on ressent les difficultés même au FLN ". Mais une marge de manœuvre est laissée aux listes. Les candidats peuvent contribuer, dans les limites de ce qu'ils peuvent, à la cotisation. On apprendra que la direction du parti a offert 25 millions de centimes à chaque wilaya. D'une manière générale, les partis algériens évitent de parler dans le détail de leurs comptes financiers. Le RCD semble éprouver des difficultés financières qui l'ont poussé à recourir à la solidarité des citoyens sous forme de bons de souscription remis aux militants, lesquels distribuent aux sympathisants. Mais une partie des ressources provient des cotisations des membres du secrétariat national qui réservent 10% de leurs salaires au parti. Les sénateurs, par exemple, au nombre de deux, reversent 20 000 DA de leur rémunération dans les caisses du parti. Il semble qu'un parti qui a des élus au sein des assemblées a moins de problèmes. Les pouvoirs publics versent, en effet, 20 millions de centimes pour chaque élu au Parlement. "C'est de là que provient une partie essentielle de notre financement" affirme Miloud Chorfi du RND. Le Parti des travailleurs compte beaucoup sur les siens pour rentrer dans ses frais. Selon un cadre du parti, tous les députés reversent intégralement leurs salaires et indemnités au parti. Le PT offre ensuite un salaire de 57 000 DA. Il y a aussi le montant des cotisations mensuelles, les recettes de la publication, et les sommes engrangées lors des campagnes permanentes de souscription. Les sommes versées par l'Etat pour les députés du PT servent à alimenter, selon notre source, un fonds ouvrier de solidarité qui vient au secours des défenseurs des travailleurs en difficultés en Algérie ou ailleurs. Au MSP, le chargé de la communication, M. Abou Serradj, indique que "les cotisations des militants et des sympathisants permettent au parti de faire face aux dépenses pour lesquelles le MSP a dégagé un budget spécial" Le compter sur soi est le leitmotiv de tous les partis qui cherchent ainsi à renforcer leur image d'entité indépendante et crédible La loi organique de 1997 portant sur le régime électoral a tranché cette question financière. Les dispositions de l'article 185 de ladite loi ne laissent place à aucune confusion. "Les campagnes électorales sont financées aux moyens provenant de la contribution des partis politiques, de l'aide éventuelle de l'Etat accordée équitablement et des revenus des candidats", dispose-t-elle expressément en la matière. Cette loi précise que les partis qui doivent justifier les sources du financement de la campagne sont tenus de s'interdire tout recours au financement occulte ou provenant des Etats étrangers, selon les dispositions de l'article 186. "Il est interdit à tout candidat pour une élection à un mandat national ou local, de recevoir, d'une manière directe ou indirecte, des dons en espèce, en nature ou toute autre contribution quelle qu'en soit la forme émanant d'un Etat étranger ou d'une personne physique ou morale de nationalité étrangère." prévoit cette disposition de loi. Il est d'ailleurs prévu, selon l'article 189, le plafonnement financier de la campagne électorale qui ne doit pas dépasser le seuil de 150 000 DA (15 millions de centimes) par candidat aux élections législatives.