Jamais auparavant le sujet n'aura été évoqué avec autant d'insistance. Les énergies renouvelables ont capté le débat sur l'avenir énergétique du pays. C'est à un véritable matraquage médiatique que se sont livrés, ces dernières semaines, les responsables du secteur de l'énergie. Même si l'enjeu reste important, puisqu'il s'agit du devenir du secteur voire même de celui d'une nation, un tel engouement, aussi subit, laisse planer certaines interrogations. Or, si l'on regarde de plus près le bilan énergétique national, on se rend vite compte qu'il y a de quoi s'inquiéter. Passé inaperçu, le bilan énergétique pour l'année 2009 fait ressortir une évolution en dents de scie des grands agrégats du secteur. Entre baisse de la production et des exportations d'un côté et une hausse accélérée de la consommation interne, certains semblent déjà craindre de voir l'Algérie passer du statut d'exportateur à celui d'importateur. D'ailleurs, les prévisions de la Commission de régulation de l'électricité et du gaz incluses dans le cadre du Programme indicatif d'approvisionnement du marché national du gaz (2010-2019), donnaient le ton. La hausse de la consommation interne en gaz s'accélère, et atteindra un taux moyen annuel de 9 % selon le scénario moyen. Tendance que confirme d'ailleurs le bilan énergétique nation pour 2009. Ainsi, selon le document publié pour le département de Youcef Yousfi, la consommation nationale d'énergie (y compris les pertes), somme de la consommation finale, des consommations non-énergétiques et de celles des industries énergétiques, est passée de 40,0 MTEP en 2008 à 41,9 MTEP en 2009, soit une augmentation de 4,7%. La structure de la consommation nationale d'énergie reste dominée par le gaz naturel (35,3%), les produits pétroliers (29,4%) et l'électricité (27,7%). La consommation de gaz naturel, des produits pétroliers et d'électricité a cru respectivement de 4,2%, 7,7% et 4,1% comparée à ceux de l'année 2008. Néanmoins, cette hausse de la consommation ne s'est pas accompagnée d'une hausse de la production, bien au contraire. Ainsi, l'année 2009 a enregistré une baisse de la production d'énergie primaire qui passe de 175 MTEP en 2008 à 164 MTEP en 2009. Aussi et selon les chiffres de la Sonatrach, le gaz naturel occupe 64% des parts dans la production globale, contre 26%, pour le pétrole, 6% pour le condensât et 4% pour le GPL. Selon le ministère de l'Energie et des Mines, cette baisse est due pratiquement à la baisse de la production des hydrocarbures, à savoir le pétrole brut (-7,3%), le condensât (-10,8%), le gaz naturel (-4,8%) et celle du GPL aux champs (-3,3%). Chose qui incite, d'ailleurs, les responsables du secteur à investir en masse dans l'exploration afin de combler le manque à gagner induit par le déclin de certains puits de pétrole et des gisements de gaz. Dans ce registre, il est prévu plus de forage cette année, "+ 40% en 2011 par rapport à 2010", a déclaré récemment le ministre de l'Energie et des Mines. Il est même prévu d'explorer les opportunités d'exploitation d'hydrocarbures non conventionnels comme le pétrole offshore et le gaz de schiste. Dans ce sens, M. Youcef Yousfi a estimé que le potentiel en offshore existe et des équipes sont au stade de l'évaluation. Pour ce qui est des capacités de gaz de schiste relevées, celles-ci varient entre 2400 et 3000 milliards de m3. En attendant, nos exportations en hydrocarbures sont sérieusement touchées. Ainsi, et selon le bilan énergétique national pour 2009, les exportations d'énergie primaire ont atteint 89,5 MTEP, soit une baisse de 13,1% par rapport aux niveaux de l'année 2008, due à la régression des exportations de pétrole brut (-11,4%), de gaz naturel (- 13,9%), du condensât (-18,9%) et GPL aux champs (9,1). Les exportations d'énergie dérivée ont aussi connu une légère baisse de 1,8% en 2009 comparées à celles de 2008. Quant aux importations d'énergie dérivée, elles ont enregistré une forte hausse (78,3%), tirées par une hausse de tous les produits dérivés, essentiellement ceux des produits pétroliers (86,2%). Il est utile de rappeler dans ce sens que l'Algérie importe du gasoil en masse. Dans ce sens, Nordine Cherouati, P-DG de la Sonatrach, a indiqué que l'Algérie importera du gasoil en 2011 et 2012 pour faire face à la demande du marché local. L'Algérie qui, auparavant, a eu recours à deux importations d'une quantité totale de 500 000 tonnes de fuel, aura encore à faire face au flux tendu qui lui impose de procéder à l'importation de gasoil d'ici à 2013. Notons, néanmoins, que le document du ministère de l'Energie et des Mines fait ressortir une légère croissance de l'activité de raffinage à 6,0%, tandis que la transformation du gaz naturel a été plus au moins stable du fait d'un volume pratiquement inchangé des quantités transformées dans les unités GNL et dans les centrales. La quantité totale d'énergie primaire transformée a atteint 59,1 MTEP, soit une hausse de 2,4% par rapport au volume transformé durant l'exercice de l'année écoulée, qui a atteint 57,7 MTEP. Le bilan énergétique national de l'année 2009 fait enfin ressortir que l'énergie disponible, somme de la production nationale, des importations et des stocks a atteint 166 MTEP en 2009 contre 177 MTEP en 2008, soit une baisse de -6,1 %.