Nouveaux rebondissements dans l'affaire dite de "dilapidation" des fonds de la Banque nationale d'Algérie, jugée en appel par la Cour de Tizi-Ouzou. En effet, le ministère public a requis, avant hier, une "aggravation des peines" rendues en première instance à l'encontre de l'ensemble des accusés. Il faut souligner que deux cadres de la police de la sûreté de wilaya d'Alger, en l'occurrence Z. Messaoud, chef de service de la police judiciaire et son adjoint O. Yacine, tous deux en détention, sont poursuivis dans cette affaire pour "corruption et abus d'influence", au même titre que trois autres policiers, dont un chauffeur de la même sûreté de wilaya d'Alger. Les deux premiers accusés avaient été condamnés par le tribunal d'Azazga, en date du 28 mars dernier, à 12 années de prison chacun, alors que l'homme d'affaires,Achour Abderrahmane, impliqué pour corruption et octroi d'avantages, avait écopé de 7 ans de réclusion criminelle. Jugés dans cette même affaire, trois autres policiers, dont un chauffeur, ont été condamnés, pour leur part, à deux années de prison ferme chacun. Selon l'arrêt de renvoi, l'accusé Achour Abderrahmane a "consenti des cadeaux, dont des voitures et des appartements, au profit des officiers Z. Messaoud et O. Yacine, chargés de l'enquête sur l'affaire de dilapidation de deniers publics de la BNA, en échange d'un rapport de complaisance le disculpant''. Ce procès, reporté le 26 avril dernier à la demande de la défense des accusés, s'est déroulé en présence des avocats des accusés, dont Mes Farouk Ksentini, Ait Larbi Mokrane et Laceb Ouali. Selon Me Laceb Ouali, avocat de l'homme d'affaires, Achour Abderrahmane, la défense a demandé à la Cour, à l'ouverture de ce procès, de "se déclarer incompétente dans cette affaire et de dire nulles les poursuites engagées à l'encontre de son mandant". Ce magistrat a motivé cette demande par "l'application de l'article 43 de la convention d'extradition algéro-marocaine-Achour Abderrahmane ayant été extradé de ce pays en 2006- stipulant que l'inculpation ne peut intervenir que sur la base d'une charge nouvelle introduite dans le réquisitoire supplétif, sachant que le réquisitoire introductif de cette affaire ne comportait aucune charge nouvelle au moment de l'extradition, par rapport à une autre affaire qualifiée d' "escroquerie et émission de chèques sans provisions, pour laquelle le prévenu fut condamné en 2006 à 18 ans de prison ferme". A la barre, l'homme d'affaires niera en bloc les faits retenus contre lui. Il réfutera avoir soudoyé des officiers de la police en contrepartie de l'établissement d'un rapport le disculpant, tout en soutenant qu'il n'avait offert que des cadeaux à des amis et ce, antérieurement à l'interdiction introduite par la loi en 2006. Achour Abderrahmane a indiqué, pour sa défense, qu'il a été victime d'une machination fomentée par des entrepreneurs, pour cause de jalousie et de concurrence. Il expliquera qu'il a été inculpé suite à une dénonciation par lettre anonyme. De son côté, l'ex-responsable du service de la police judiciaire de la sûreté, d'Alger, Z .Messaoud, a nié avoir reçu un quelconque cadeau de la part de l'homme d'affaires en question qu'il dit n'avoir "rencontré qu'une ou deux fois par le biais de son collègue O. Yacine. "Je suis victime d'un règlement de comptes, dont les auteurs sont des policiers que j'ai révoqués de leurs postes ", a-t-il argumenté pour sa défense, tout en expliquant que ces policiers révoqués se sont vengés de moi en- influençant en prison Achour Abderrahmane pour qu'il me colle des accusations de corruption. Soulignons enfin que le verdict, dans cette affaire, sera rendu dans une semaine.