Le traditionnel festival national de la musique chaâbie se déroulera du 17 au 23 août prochain, soit en plein mois de Ramadhan, au Théâtre national algérien (TNA) Mahieddine Bachtarzi. L'annonce de ce calendrier a été faite cette semaine par Abdelkader Bendamèche, commissaire de ce festival, lors d'un rencontre avec les étudiants en journalisme, à qui il a livré carrément un cours autour de ce genre musical hérité de la musique arabo-andalouse.Il faut savoir que ce rendez-vous lyrique est toujours précédé par des sélections au niveau national de certaines voix prometteuses, et que ce travail en amont " est bien avancé ", soutenait Abdelkader Bendamèche qui s'est prêté avec les étudiants au jeu de questions et réponses. " Il existe un espace installé par nos autorités culturelles, en vue de donner un essor positif et efficace à la préservation et au développement de la musique chaâbie. Il s'agit du festival annuel consacré à ce genre musical. Son apport est considérable pour la promotion du chaâbi. " Dit-il encore. Selon lui, grâce à ce festival, il y a la découverte de véritables talents dans tous les coins d'Algérie. "Nous projetons d'organiser régulièrement des rencontres de ce genre sur les différents thèmes culturels pour nos étudiants et pour le public", déclare M. Khaled Lalaoui, chef de département à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information et de la communication de Ben Aknoun. Il faut savoir que chaâbi signifie littéralement populaire. Il est considéré donc comme le genre le plus populaire en Algérie. Populaire ne veut pas dire apprécié par un très large public mais plutôt en opposition à la musique savante qui était l'Andalou, un lyrisme destiné spécialement à l'élite. "En tant qu'auteur et compositeur, j'attache une grande importance à la teneur des textes. Le chaâbi reste une vraie musique populaire qui doit toujours être à l'écoute de ce que vivent les gens aujourd'hui, notamment à travers le quotidien", avait déclaré le chanteur Kamel El-Harrachi, le rejeton du grand Dahmane. Dans un entretien accordé, il y a quelque temps, au journal marocain, "Le Soir-échos", Kamel El-Harrachi a souligné qu'il "poursuivait le chemin de son père en proposant sa propre expression". Digne héritier de son père le célèbre Dahmane El-Harrachi, auteur du planétaire morceau "Ya Rayah", le chanteur a ajouté "je tente d'apporter un nouveau souffle au chaâbi, même si je reste dans le même style en y introduisant d'autres instruments comme le piano, la contrebasse, les congas ou les banjos", avant de préciser que "tout spectacle chaâbi est marqué par sa couleur et sa tonalité". Le chanteur n'a pas manqué de faire remarquer que depuis son enfance, il a été baigné dans l'univers musical et a toujours été entouré de musiciens au sein de sa famille. "J'ai tout appris aux côtés de mon père", a-t-il dit lors d'un festival où participaient des chanteurs et musiciens venus de divers horizons tels que la chanteuse palestinienne Rym Banna, l'espagnole Paloma Povedano, le joueur tunisien de Qanoun Dali Triki, l'italienne Franca Masu ainsi que des groupes de jazz et de Flamenco. Le journal a constaté que Kamel El-Harrachi était "incontestablement la star avec son orchestre". A l'occasion de cette manifestation culturelle, Kamel El-Harrachi a interprété son premier album "Ghana Fennou". Le Chaâbi, la voix du peuple Le chaâbi mêle les instruments orientaux du classique arabo-andalou à d'autres venus de la musique classique occidentale. On y trouve la derbouka (percussion) et le tambourin (Tar), mais aussi le mandole (sorte de grosse mandoline aux sonorités de guitare, munie de quatre cordes doubles en métal), le violon et le banjo, sans oublier le quanoun. Les violonistes de la musique arabo-andalouse et du chaâbi utilisent toujours leur violon à la verticale. Quant au mandole, il a remplacé l'oûd, le luth moyen-oriental. Il n'est pas rare d'entendre aussi le piano. En revanche, aucun instrument électrique n'est admis, hormis parfois le clavier (pour les quarts de ton). Les chants du chaâbi, portés par l'idiome algérois, se nourrissent de poésie ancienne mais aussi de textes originaux issus de thèmes actuels. Avec, toujours en toile de fond, l'écho du patrimoine, la plainte ancestrale, la nostalgie du pays.