Un week-end hautement pluvieux en France. Des pluies orageuses bénéfiques aux cultures d'été mais, jugées tardives pour les céréales d'hiver, frappées par la sécheresse. En panique, les éleveurs en appellent à la solidarité nationale. Réponse immédiate en Camargue les riziculteurs se sont montrés solidaires et promettent de fournir leur paille de riz, "normalement broyée et qui ne sert à rien", selon André Boulard, président de la Chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône. Cela servira de litière et permettra de réserver le foin à l'alimentation. Les spécialistes, quant à eux, tirent la sonnette d'alarme et voient le danger frapper devant leur porte. Pour Nadine Brisson, chercheur à l'Institut national de recherche agronomique(Inra), la sécheresse de 2011 s'annonce plus grave qu'en 1976. Cette situation défavorable réservée par Dame nature devrait, selon lui, entraîner une diminution significative des rendements agricoles, en particulier pour le blé et le fourrage. Ce coup affectera, à coup sûr, la France, connue pourtant comme l'un des colosses dans l'exportation des céréales, notamment du blé dur. L'Hexagone devrait exporter 11 millions de tonnes lors de la campagne 2010/2011, un chiffre dopé par le retrait de la Russie sur le marché. La concurrence avec les Etats-Unis, premier exportateur mondial, s'intensifie. D'après l'Office public FranceAgrimer, la France devrait exporter un record absolu de 11 millions de tonnes (Mt) dans le monde, bien plus que les 9,8 millions de 2009. “On aurait pu faire un scénario à 12 millions avec plus d'import, moins d'autoconsommation et moins de stock de report. Les prévisions peuvent encore évoluer”, avait souligné Xavier Rousselin, chef de l'unité des grandes cultures. Mais, ces exportations record risquent de se répercuter sur les prix, déjà élevés, du blé français. En effet, dans le même temps, l'autoconsommation et les stocks à la ferme sont attendus en hausse à 4,2 Mt en France. Une situation qui conduira à une diminution de 15,5% des utilisations nationales dans l'alimentation animale, au profit de l'orge et du maïs, jugés moins onéreux. Le spectre de la sécheresse qu'a connue la France en juillet 1976 n'est pas si loin. Aucune région du territoire français n'est épargnée. En Lozère, certains agriculteurs risquent de perdre "80 à 90% de la récolte de fourrage", a mis en garde Franck Bouniol, coprésident des Jeunes Agriculteurs. Les éleveurs, à se fier à ses dires, "pour arriver à garder leurs bêtes jusqu'à avril 2012, vont devoir acheter entre huit et neuf mois de stock de fourrage, sinon on les abat ou on dépose". La sentence est prononcée. Les autres régions connaissent un sort identique. L'agriculture est en réel danger. " Entre 50 et 80% de pertes des récoltes de fourrage en Rhône-Alpes, jusqu'à 70% en Auvergne, un tiers des récoltes en Dordogne ", ont précisé des responsables agricoles. Les efforts doivent être conjugués. L'affaire est celle de tous les Français, pas uniquement du département de l'Agriculture. Les syndicats d'agriculteurs du Pas-de-Calais, ont établi des listings pour mettre éleveurs et céréaliers locaux en relation (...) et répondre aux demandes des autres départements. Dans ce même ordre d'idées, il convient de préciser que la sécheresse, qui est arrivée en mars avec deux mois d'avance, selon la ministre de l'Ecologie, a été aggravée par plusieurs semaines sans précipitations et des températures élevées pour la saison.