La réunion du comité d'association entre l'Algérie et l'UE se tiendra en novembre prochain afin d'évaluer l'accord d'association et ce, après la tenue des différentes réunions des sept comités d'évaluation. D'ailleurs, trois comités vont se réunir à la fin du mois prochain, notamment celui de l'agriculture et de la pêche, de la coopération douanière, du commerce et de l'industrie et des services et bien entendu le comité de la libre circulation des personnes. C'est du moins, ce qui a été annoncé, hier, par M. Belaïd Hedjam, président de la Commission nationale de suivi de l'accord d'association, à l'occasion de la conférence-débat tenue au siège de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci) et organisée par la Chambre de commerce algéro-allemande. Celle-ci a, d'ailleurs, été l'occasion de débattre de l'accord d'association avec l'UE à travers les réformes internes pour un développement durable et l'augmentation des exportations algériennes hors hydrocarbures. Près de deux années après la mise en œuvre de cet accord d'association, le constat établit par la partie algérienne est accablant. "Il y a un déséquilibre dans la balance commerciale, il n' y a pas eu d'impact sur les exportations algériennes" ont indiqué MM. Mohamed Bennini, directeur général de l'Algex et M. Said Djellab directeur au ministère du Commerce. Côté européen, M. Klaus Bungur, ex-ministre délégué au ministère allemand de l'Economie a appelé l'Algérie à des réformes internes institutionnelles dans le cadre de l'accord d'association, notamment dans la lutte contre la corruption, la mise en place d'une administration efficace, la facilitation de l'accès aux financements bancaires et aux crédits, l'accélération des réformes bancaires et des privatisations, l'arrêt des subventions agricoles et au secteur de l'énergie. Celui-ci n'ira d'ailleurs pas par trente-six chemins pour qualifier la situation économique de l'Algérie d'alarmante, se basant dans son argumentaire sur des statistiques fournies par la Banque mondiale et le FMI. Pour l'ex ministre, cette situation a réduit l'attractivité de l'Algérie envers les investisseurs étrangers, ajoutant qu'en matière d'IDE, l'Algérie est très en retard par rapport à ses voisins et que les entreprises algériennes sont obligées de s'adapter aux nouvelles règles du marché si elles veulent faire face à la concurrence. Pour ce qui est de la réduction de niveau d'échange à hauteur de 55% entre l'Algérie et l'UE, il a estimé que c'est un résultat normal, puisqu'on est seulement à l'application de la libéralisation des échanges inscrits à la 1re liste établie par l'accord. M. Belaid Hedjam a tenu à répondre au responsable allemand, en affirmant que le schéma dressé par les institutions de Bretton Woods sur l'économie algérienne est "subjectif" et qu'il vient des organisations anglo-saxonnes qui détiennent généralement leurs informations de la presse française "connue pour sa lecture en ce qui concerne l'Algérie". Il a ajouté dans ce cadre que l'Algérie a demandé, lors de la réunion tenue mercredi dernier avec la Banque mondiale, d'ouvrir des enquêtes sur ce schéma ajoutant que l'Algérie est en train de préparer une évaluation pour son économie. Revenant sur la question des subventions, il a souligné que l'Europe est la première, notamment l'Allemagne, à pratiquer le protectionnisme sur les produits agricoles et alimentaires avant de souligner que notre pays n'arrive pas à exporter les 5 000 tonnes de pommes de terre inscrites au quota. Dans ce contexte, il a noté qu'il y a nécessité de renégocier les quotas agricoles d'ici 3 ans. Le président de la Commission nationale de suivi de l'accord d'association a affirmé que le problème se situe dans la protection de la production nationale par l'Etat, mais il s'agit de l'accompagnement de l'UE, notamment l'Allemagne, dans la mise en œuvres des réformes engagées et la participation à l'investissement direct dans les différents projets, dont la mise à niveau de l'industrie. M. Said Djellab, directeur au ministère du Commerce, a affirmé pour sa part qu'il y a une faiblesse persistante des exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'Europe, et cela en raison des conditions contraignantes à l'accès au marché européen, notamment les normes imposées par l'UE, l'existence d'une grande compétitivité dans le marché européen avec la présence des produits des pays tiers, les directives au sein de l'UE portant sur une politique de protectionnisme, surtout pour ce qui est des produits agricoles et alimentaires. Le représentant du ministère du Commerce estime qu'il faut que le produit algérien soit intégré dans un réseau international, ce qui nécessite, selon lui, l'aide de l'Allemagne. Côté chiffres, M. Djellab a indiqué qu'au premier trimestre de 2007, il y a eu une réduction de la balance commerciale, et l'accord d'association a permis d'un coté à l'UE de consolider sa place dans le marché algérien en accaparant 55% des échanges. En matière d'importations, il a été enregistré une augmentation de 19%, dont, + 25.0% des produits industriels, +32% des produits agricoles, - 39% des produits de la pêche, et enfin l'agroalimentaire avec + de 29%. Pour ce qui est de l'augmentation des exportations, 259 millions de dollars ont été enregistrés cette année, dont +21% des produits alimentaires , +25% des produits industriels, au lieu de 222 millions de dollars en 2006. Réagissant au problème de subvention des produits agricoles soulevé par la partie européenne et également l'OMC, il a rappelé que l'accord d'association se base sur le démantèlement tarifaire des produits répartis en trois listes, et qu'actuellement on en est à la 1re liste, soulignant que le chapitre 24 de l'accord parle d'une libéralisation progressive, avant d'ajouter que les produits agricoles viennent dans la 3e liste. Il a ajouté que l'article 24 du Gatt est totalement respecté par l'Algérie. Enfin, M. a estimé que l'accord d'association n'a pas eu d'impact sur les exportations et pourtant l'Algérie a un potentiel important en matière d'agriculture qui mérite un accompagnement de l'UE pour le développer avant de conclure que les assises sur la nouvelle stratégie industrielle tenues récemment permettront de définir les secteurs à développer pour sortir de la dépendance du pétrole. M. Hamiani, président du FCE qui a participé au débat a évoqué, quant à lui, les problèmes auxquels font face les entreprises algériennes pour garder leurs parts de marché interne, notamment avec l'informel et l'invasion des produits asiatiques.