Le secrétaire d'Etat chargé de la Statistique, Ali Boukrami, a fait un tour d'horizon sur la situation de l'économie mondiale et ses répercussions sur l'économie nationale. Expert en la matière, il estime d'emblée que la crise économique actuelle est " multiforme ". S'appuyant sur des données chiffrées, il a relevé que la croissance aux Etats-Unis qui n'est que de 1% ne favorise pas la reprise, du moins pour le moment. Ce qui est encore plus grave ce sont les solutions apportées depuis 2007 et qui se sont avérées " insuffisantes ". Pour Ali Boukrami, invité hier de la chaîne III de la Radio nationale, il faut " lutter contre la cupidité et répondre aux besoins et ne pas cumuler les richesses d'autant qu'il y a actuellement beaucoup d'incertitude sur l'économie mondiale ". Il s'agit en fait, dit-il, de la " crise de la pensée et des experts ont déjà prévenu l'effondrement de l'économie mondiale il y a quelques années ". Les Etats-Unis, touchés de plein fouet par cette crise, ont dû renoncer à la solution de la planche à billets et la première puissance mondiale a été mise en garde par la Chine et l'Inde pour ne pas dépenser au-dessus de ses moyens. Et pour illustrer cette situation pour le moins difficile, il a précisé que des titres de banques ont été remis sur le marché ce qui n'est pas réglementaire et les primes d'assurance prises par certains ont été de l'ordre de " 700 000 milliards de dollars ". Du coup " au lieu de créer de la richesse on se rue vers la spéculation engendrant une crise de société ", a-t-il expliqué. Notre société justement est réticente aux réformes économiques ". Ali Boukrami a estimé qu'il y a une " résistance aux réformes ". Il dit respecter le ministre des Finances en rapport à ce qu'il a déclaré sur les répercussions de la crise sur notre économie mais s'interroge quelle est l'alternative ? Le choix de l'Algérie à prendre des bons de Trésor est certes critiquée et le secrétaire d'Etat d'affirmer que " tout le monde critique cette démarche mais tout le monde prend des bons de Trésor américains ". En tout cas, Ali Boukrami n'est pas de ceux qui prédisent la chute des cours du pétrole. Bien au contraire, il affirme que le monde est dans la période de " pétrole rare et les cours du baril augmenteront dans les années à venir ". Pour lui, l'Algérie a fait des résultats importants en matière de payement de sa dette mais la question se pose aujourd'hui autour du fonctionnement des entreprises estimant qu'il faut des " réformes et de la rigueur ". Les économistes aujourd'hui doivent prendre en compte la nature de toute société. " Il faut connaître notre société en profondeur et malheureusement nous ne la connaissons pas suffisamment pour avoir le modèle économique adéquat ", a-t-il souligné, ajoutant que dès qu'il y a une volonté de transparence elle est suivie par des réactions négatives. Autre grief soulevé par l'invité de la radio concerne le travail d'évaluation nécessaire pour le bon fonctionnement mais qui est " refusé par tout le monde ". Ali Boukrami juge que l'informel c'est le réel et c'est justement la société qui s'impose. Abordant le recensement économique dont il a la charge de réaliser, il rappellera que l'objectif principal est de " rapprocher l'administration, qui travaille pour elle, des opérateurs ". Dans l'ensemble, il estime que l'opération a donné des satisfactions sauf dans certaines régions comme Alger, Béjaïa et Tizi Ouzou, où des difficultés ont été constatées.