Le très attendu Délice Paloma de Nadir Moknèche, sera demain à l'affiche de la salle El Mougar après une avant-première à l'Institut du Monde arabe à Paris, le 11 juillet dernier. Ce film qui n'est pas allé à Cannes au grand dam de toute l'équipe, notamment la Biyouna nationale qui a difficilement digéré cette déconfiture, aura en tout et pour tout mis un peu moins d'une année pour naître. C'est là le troisième long métrage que signe ce cinéaste après son premier, L e Harem de Madame Hosman et Viva l'Algérie avec sa comédienne fétiche, Biyouna. Nadir Moknéche, le jeune réalisateur qui vit à Paris depuis une vingtaine d'années, nous a habitués aux films glauques qui respirent la perversion. Il va au-delà de ces récits révolutionnaires qui ont été à un moment donné la trame essentielle de toute la cinématographie nationale, pour puiser davantage dans le vivier des êtres anti-conventionnels, du monde de la nuit et des dépravations. Certains journalistes, iront même jusqu'à traîner dans la boue ce cinéaste jugé amoral et immoral. Il aurait sans doute fallu à Moknèche de montrer la Casbah d'Alger avec les vieux fumant du thé et des femmes en haïk, de préférence campées par Farida Saboundji, pour que " ces frileux " des nouvelles tendances se sentent à leur aise dans une salle obscure. "Je n'ai à aucun moment de ma vie filmé quelque chose que je n'ai pas vu" reconnaît le cinéaste, accro des films d'Almodovar. D'ailleurs, dans ces deux productions, le réalisateur réinvente ces atmosphères rubicondes, où l'odeur de la chair, du sang et du… est très forte. Les femmes et les hommes sont beaux, mais la Biyouna est toujours en proie aux incertitudes du passé ou alors d'un présent qu'elle vit mal avec sa propre progéniture. Thèmes des rapports conflictuels mère, fille, homosexualité, drogue, alcool, luxure… tout cela nourrit le cinéma d'Almodovar tout comme les films de Nadir Moknèche. Dans Délice Paloma, le nom italien d'une glace, le cinéaste raconte les aventures ou mésaventures de madame Aljeria, une mère maquerelle, bidouilleuse, mafieuse, manipulatrice, mais profondément humaine , sensible et attachante. L'œuvre est aussi un regard sur un pays, Aljeria, fait de paradoxes, d'incertitude et de soleil. Délicieuse Paloma... Jeune femme gracile, alliant la grâce d'une Natalie Portman à la candeur d'une Vanessa Paradis à ses débuts. Cassant un nombre conséquent de tabous, posant la problématique de la femme au cœur de la société, desservie par une très jolie musique - véritable écho à l'histoire. Paloma, fera une entrée fracassante et cassante dans le rôle d'une femme fatale ayant particulièrement d'effet sur Ryad, le rejeton de Madame l'Aljerie. Le rachat des Thermes de Caracalla, le rêve qui devait permettre au clan d'Aldjéria de changer de vie, sera l'affaire de trop.