Le chômage a reculé en mars au Royaume-Uni, selon des chiffres officiels publiés, hier, meilleurs que prévu par les économistes, qui constituent une rare bonne nouvelle pour une économie britannique en récession. Le taux de chômage au Royaume-Uni a reculé à 8,2% en mars, après 8,3% le mois précédent, alors que les économistes tablaient en moyenne sur un taux de 8,4%. Le nombre de personnes à la recherche d'un emploi a diminué de 45 000 sur les trois mois achevés fin mars, pour atteindre 2,63 millions de personnes, a indiqué, hier, l'Office des statistiques nationales (ONS). Les chiffres de l'emploi sont remarquablement solides et ne collent pas vraiment avec le fait que le Royaume-Uni est supposé être en récession, a commenté James Knightley, analyste chez ING Bank. Le gouvernement, qui table sur une augmentation de l'emploi privé pour compenser les suppressions de postes de fonctionnaires dans le cadre de son plan d'austérité, a salué un pas dans la bonne direction. Le secrétaire général de la confédération syndicale TUC, Brendan Barber, a pour sa part jugé que les chiffres étaient mitigés, avec une baisse du chômage accompagnée d'une augmentation du travail à temps partiel et de la pression sur les salaires. Les observateurs restent du coup, prudents pour la suite, estimant que l'embellie ne devrait pas durer, alors que le pouvoir d'achat des ménages reste sous contrainte et que les perspectives économiques au Royaume-Uni comme dans la zone euro voisine sont pour le moins mitigées. Le marché de l'emploi ne vient toujours pas en soutien d'une reprise fondée sur la consommation, juge ainsi Vicky Redwood, économiste chez Capital Economics. Howard Archer, économiste du cabinet IHS Global Insight, table ainsi sur un pic du chômage à 2,82 millions de personnes au deuxième trimestre de 2013 avec un taux de 8,8%. Croissance à court terme revue en légère baisse La Banque d'Angleterre (BoE) estime que la croissance économique du Royaume-Uni à court terme sera "plus faible" qu'anticipé, a indiqué, hier, son gouverneur Mervyn King lors de la présentation du rapport trimestriel de l'institution sur l'économie. "La situation d'ensemble reste que nous naviguons dans des eaux turbulentes, avec un risque d'orage en provenance du continent", a résumé M. King devant la presse, en insistant à nouveau sur le fait que la crise dans la zone euro constituait "le plus grand danger" pour la reprise britannique. "Nous ne savons pas quand ces nuages vont se dissiper", a-t-il ajouté, en rappelant que la zone euro était de loin de premier partenaire commercial du Royaume-Uni. Dans son rapport trimestriel, la banque centrale britannique a revu à la baisse ses attentes à court terme, prévoyant une croissance annuelle sous le seuil de 1%, alors que dans ses précédentes estimations, en février, elle l'anticipait au dessus de cette barre symbolique. La BoE prévoit toujours que la croissance revienne au-dessus de 2% début 2013. Mais celle-ci devrait, elle aussi, être légèrement plus faible qu'anticipé auparavant: sous 3% en 2013 et 2014, contre une progression légèrement au-dessus de ce seuil prévue dans le rapport de février. Sur le plan de l'inflation, la BoE ne prévoit plus qu'elle repasse sous le niveau cible de 2% au cours du troisième trimestre 2012 mais qu'elle reste au-dessus de ce seuil jusqu'à mi-2013. M. King a d'ailleurs souligné que les choix du comité de politique monétaire de la BoE étaient "difficiles", entre soutien à l'économie par de nouvelles injections de liquidités et maîtrise de l'inflation qui, a-t-il reconnu, "ne ralentira pas aussi vite que nous avions pensé". Interrogé sur la crise grecque, M. King a signalé que des plans liés à un éventuel défaut de paiement de la Grèce et à sa sortie de l'Union monétaire "sont en cours de discussion et le sont depuis un certain temps", sans donner plus de détails.