L'Algérie doit assurer un rythme de croissance annuel de 7.5%, d'ici 2020, afin d'assurer la continuité du soutien des investissements publics et du financement des budgets sociaux, a déclaré le professeur de l'économie à l'Université de Séoul, Myung Ho Park, qui a participé à une étude, élaborée par des experts économiques algériens avec l'aide de leurs homologues sud-coréens, sur les perspectives du développement socioéconomique en Algérie, à l'horizon 2030. Les résultats préliminaires de cette étude prospective, qui sera finalisée vers la fin de l'année 2012, on été rendus publics, lundi dernier, à la résidence d'Etat Djenane EL Mitaq à Alger. Selon les experts participant à cette étude, l'Algérie en est très loin de ce taux de croissance élevé, vu qu'en dépit de ses immenses investissements publics, elle peine à garder un taux annuel de 2%. Selon le Pr. Myung Ho Park, atteindre un tel objectif exige une augmentation de l'épargne des ménages et plus d'investissements directs étrangers, tandis que l'économiste-statisticien, Hassane Rafik Bouklia, déduit, à travers son exposé, que plusieurs secteurs économiques, tels que l'industrie manufacturière, le bâtiment et travaux publics, l'agriculture.., doivent dépasser 20% de croissance annuels pour espérer 7.5% de croissance globale annuellement, il a également mis le point sur la nécessité de l'investissement privé qui doit atteindre 11% à 20% du PIB d'ici 2030. Le capital reproductible, fondé sur le savoir-faire, ne représente que 7% de la richesse, le reste étant assuré par la rente pétrolière non reproductible, souligne les experts participants à la réalisation de cette étude. Selon ces derniers l'Algérie fait partie des dix premiers pays qui ont réalisé un important développement humain grâce à l'intervention massive de l'Etat pour apaiser les tensions sociales qui est la principale raison de ce développement, alors que le problème réside en ce modèle qui n'est nullement durable. Dans le même cadre, Hassane Rafik Bouklia a prévenu que les impôts issus des recettes des hydrocarbures représentent 80% de la fiscalité, et si l'Etat maintient la politique de subvention sociale actuelle, elle ne pourra plus se payer cette politique d'ici à 2020. Il en est de même pour les investissements publics dans l'économie face au déclin relatif des hydrocarbures ce qui consiste l'intégration en urgence du pays dans le système financier international. D'après le scénario étudié par les experts, dés 2015 un problème de balance commerciale négative se posera à l'Algérie qui sera dans l'obligation de trouver de nouvelles formes pour financer l'investissement et la diversification de l'économie, a encore noté Hassane Rafik Bouklia, en préconisant d'aller vers un développement financier pour mobiliser toutes les capacités de financement locales et l'intégration du système financier international, avec toutes les précautions nécessaires pour bénéficier de l'épargne internationale. De son coté, le ministre de la Prospective et des statistiques, Abdelhamid Temmar, a noté que d'après les résultats de l'étude conjointe algéro-sud-coréenne l'Algérie a perdu trop de temps pour mettre en place certains mécanisme nécessaires afin d'éviter une catastrophe économique annoncée. " Il fallait reconsidérer et refaire l'économie nationale et assurer la cohésion sociale mais maintenant, il faut aller vers une croissance accélérée. Pour cela, il faut qu'on sache comment nous orienter" a déclaré le ministre qui voit que l'instauration d'un marché libre est l'une des conditions de l'accélération du développement économique. Dans cette optique, Abdelhamid Temmar a indiqué que l'Etat ne peut pas allouer des ressources d'une manière centralisée, car il ne peut pas remplacer les milliards de décisions qui sont prises en une seule journée par les opérateurs économiques. Il a précisé, enfin, que le marché libre profite au plus fort et cela ne peut être accepté sur le plan politique, ce qui explique la nécessité de l'intervention régulatrice de l'Etat dans le marché.