Les prix du pétrole continuaient de grimper, avant-hier, en fin d'échanges européens, touchant de nouveaux plus hauts en sept semaines à Londres comme à New York, dans un marché toujours soutenu par les violences en Syrie et un attentat contre des touristes israéliens en Bulgarie. Peu avant la clôture, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre, échangé sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, valait 107,86 dollars, en hausse de 2,70 dollars par rapport à la clôture de la veille. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août gagnait pour sa part 2,52 dollars à 92,39 dollars. Vers la mi-journée, les cours du baril se sont hissés à 107,89 dollars à Londres et 92,48 dollars à New York, des sommets depuis fin mai. Après avoir enchaîné sept séances de hausse et gagné quelque 25% à Londres depuis début juillet, "les cours du baril ont désormais effacé leur fort recul du mois de juin", observait David Morrison, analyste du courtier GFT Markets. La nette accélération de la hausse des cours du baril depuis la veille "fait suite à une sévère escalade des tensions géopolitiques au Moyen-Orient", poursuivait-il. Damas a ainsi été touchée la veille par un attentat qui a porté un coup à l'appareil sécuritaire de Syrie en tuant plusieurs responsables de premier plan, et les combats s'intensifiaient, avant-hier, dans la capitale syrienne. "La Syrie a une capacité de production de pétrole de seulement 400 000 barils par jour (soit deux fois moins que le Royaume-Uni, ndlr), mais quand un attentat dans le pays tue des alliés proches du (président syrien) Bachar al-Assad, il est inévitable de voir les prix du brut monter" car cela attise les tensions dans la région, soulignait Tamas Varga, analyste du courtier PVM. Par ailleurs, le marché était soutenu par l'attentat survenu la veille en Bulgarie contre un bus de touristes israéliens. Cet attentat à l'aéroport bulgare de Bourgas, sur la Mer Noire, qui a tué au moins cinq Israéliens, a été imputé par Israël à l'Iran. "Dans le contexte des sanctions internationales contre Téhéran, des menaces iraniennes de fermer le détroit d'Ormuz (par lequel transite un tiers du trafic pétrolier maritime mondial, ndlr), et de l'accroissement des forces militaires américaines dans le Golfe, ce qui s'est passé la veille en Syrie et en Bulgarie n'est pas susceptible de faire baisser les cours" du brut, indiquait Olivier Jakob, analyste du cabinet suisse Petromatrix. Dopé par une "prime de risque géopolitique", le marché "s'inquiète davantage des évènements (en Syrie et en Bulgarie) que des dernières statistiques du Département américain de l'Energie (DoE)" publiées la veille, estimait M. Jakob. Le DoE avait fait état d'une baisse de 800 000 barils des réserves de brut aux Etats-Unis lors de la semaine achevée le 13 juillet, un recul un peu moins fort qu'attendu par les analystes mais qui poursuivait le repli amorcé début juillet après avoir atteint leur plus haut niveau en 22 ans. Par ailleurs, la forte hausse des prix, avant-hier "se réalisait malgré des indicateurs économiques médiocres", dont une forte hausse des nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis lors de la semaine achevée le 14 juillet, mais qui ont été ignorés par les investisseurs, notait M. Morrison. En Asie, avant-hier matin, les cours du pétrole étaient en hausse, portés par un bon indicateur économique aux Etats-Unis, le rebond des Bourses et la baisse des stocks américains hebdomadaires de pétrole. Lors des échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août, gagnait 5 cents à 89,92 dollars, et le baril de Brent de la mer du Nord échéance septembre s'appréciait de 26 cents à 105,42 dollars. "Le marché réagit aux stocks américains hebdomadaires publiés la veille, qui montrent une baisse des réserves de brut et d'essence", a déclaré Victor Shum, analyste au cabinet de consultants Purvin and Gertz à Singapour.