Les prix des métaux de base au London Metal Exchange (LME) ont décroché cette semaine, dans un marché hanté par la crainte de voir la Réserve fédérale américaine (Fed) renoncer prématurément à ses mesures de soutien et miné par les doutes persistants sur la demande chinoise. Les analystes s'attendaient à voir les cours des métaux industriels rebondir cette semaine, avec le retour des opérateurs chinois après une semaine d'absence pour les congés du Nouvel an lunaire. Peine perdue : à l'unisson des marchés boursiers, les prix au LME ont dégringolé. Cuivre, aluminium, zinc et plomb ont ainsi cédé jusqu'à 5% sur la semaine, l'étain lâchant jusqu'à près de 8% tandis que le nickel enregistrait un repli de plus de 9% en l'espace de quatre jours. "Le retour des courtiers chinois n'est pas parvenu à donner une impulsion au marché (...) mais cela prend toujours plusieurs semaines avant que la reprise de la demande chinoise ne soit reflétée dans les cours", ont observé les analystes de Commerzbank, ajoutant que pour le moment, "l'offre est abondante". De fait, les stocks de cuivre dans les entrepôts du marché londonien des métaux sont grimpés cette semaine au-dessus de 400.000 tonnes, pour la première fois depuis quinze mois. Mais c'est surtout un regain de nervosité quant aux perspectives de la demande de métaux qui a tiré les prix vers le bas, "et les craintes sur la politique monétaire de la banque centrale américaine n'ont pas été le moindre facteur à peser", a souligné Gayle Berry, analyste de la banque Barclays. Les minutes de la dernière réunion de la Fed, publiées mercredi soir, ont en effet été un électrochoc pour le marché, en montrant que plusieurs de ses responsables se montraient très réticents à l'idée d'une prolongation des mesures d'assouplissement monétaire de l'institution. Or, ces injections de liquidités de la Fed, destinées à soutenir une économie américaine à la peine, contribuent également à stimuler les investissements dans les matières premières et à diluer la valeur du dollar -- ce qui rend d'autant plus attractifs les achats de métaux libellés dans la monnaie américaine pour les détenteurs d'autres devises. Toutefois, "c'est la Chine (premier pays consommateur de métaux de la planète, ndlr) qui reste au cœur des préoccupations du marché" et "une réunion gouvernementale sur le secteur immobilier a alimenté le pessimisme du marché", a insisté Mme Berry. Le gouvernement chinois a en effet invité les villes qui ne l'avaient pas encore fait à imposer des restrictions à l'achat dans l'immobilier afin d'enrayer l'envolée des prix des logements. De quoi refroidir l'activité dans le secteur de la construction, qui représente selon Barclays 21% de la demande de cuivre raffiné du pays et 38% de celle d'aluminium. Le CUIVRE a glissé vendredi à 7.802 dollars la tonne, au plus bas depuis fin décembre, pénalisé par l'importance des stocks mondiaux de métal rouge. Selon des chiffres du Groupe international d'études sur le cuivre (ICSG), le marché mondial du cuivre raffiné a enregistré en novembre un excédent de production de 30.000 tonnes. Les stocks de cuivre des Bourses des métaux de Londres, Shanghai (SHFE) et New York (COMEX) ont bondi de 10% au cours du mois de janvier, pour atteindre au total 648.352 tonnes, a ajouté l'organisation. Le NICKEL a glissé jeudi à 16.600 dollars la tonne, au plus bas depuis fin novembre, lui aussi miné par une offre mondiale abondante. Selon le Groupe international d'études sur le nickel (INSG), un fort excédent de production de 87.000 tonnes (le plus important depuis 2007) a été enregistré en 2012. La production mondiale d'ALUMINIUM n'a que légèrement reculé en janvier, à 3,92 millions de tonnes, restant tout près du record enregistré le mois précédent, selon l'Institut international de l'aluminium (IAI). Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 7.808 dollars vendredi vers 16H00 GMT contre 8.214 dollars une semaine plus tôt à la même heure. L'aluminium valait 2.049 dollars la tonne contre 2.162 dollars. Le plomb valait 2.316 dollars la tonne contre 2.412 dollars. L'étain valait 23.190 dollars la tonne contre 24.825 dollars. Le nickel valait 16.734 dollars la tonne contre 18.342 dollars. Le zinc valait 2.088 dollars la tonne contre 2.175 dollars.