Nestlé a inauguré officiellement à Orbe (VD) son Centre de technologie système (STC). La nouvelle entité regroupe sur un site les compétences en matière de produits, capsules et machines, à l'instar de ce qui se fait pour Nespresso. La Suisse et Orbe jouent un rôle "très important" pour Nestlé quand il est question d'innovation, facteur clé du développement du groupe, a déclaré Paul Bulcke, son directeur général (CEO). "Ce site est un exemple parfait de notre engagement constant en faveur de l'innovation, de la recherche et développement (R&D) et de la Suisse". Investissements en suisse Le centre regroupe 120 spécialistes issus de 25 pays. Le budget est qualifié de "très important", même si Nestlé n'a pas donné de chiffres. Le site se focalise sur les produits "en croissance", a souligné un responsable de Nestlé, qui parle de 30 à 40 collaborateurs engagés ces trois dernières années. Avec le Centre de technologie système d'Orbe, Nestlé veut se donner les moyens de conserver "son leadership mondial dans le développement de machines, de capsules et l'intégration des produits et des systèmes", a martelé Paul Bulcke. De 2003 à 2012, Nestlé a investi plus de 3,2 milliards de francs en Suisse. Durant la même période, la multinationale a généré 3 400 emplois sur sol helvétique, soit une augmentation de 52%. Pour Orbe, 650 emplois ont été créés en 10 ans, pour arriver au total actuel de 1 500. Paul Bulcke a mentionné également l'importance du "partenariat social" pour assurer les conditions favorables à l'investissement.
Le thé aussi convoité
Invités à la cérémonie, le syndic d'Orbe Claude Recordon et le conseiller d'Etat vaudois Philippe Leuba se sont félicités du partenariat entre Nestlé et la région. Tous deux ont espéré que l'entreprise continuerait à investir à Orbe et ont souligné qu'ils étaient prêts à trouver des solutions pour accueillir la production du système "Special T", équivalent de Nespresso mais pour le thé. La relation depuis 110 ans entre Orbe et Nestlé est "une fabuleuse aventure", a relevé Claude Recordon. Le syndic s'est réjoui qu'il soit possible à Orbe d'éviter "la pléthore de lois et de règlements" qui tuent le dynamisme économique, alors que les pays voisins sont pris "dans la glaise administrative et bureaucratique".
Implantations multiples Chef du département cantonale de l'économie, Philippe Leuba a relevé que le centre STC était la 6e entité agro-alimentaire sur le site d'Orbe. Il a souligné l'importance de l'implantation de la multinationale pour le tissu industriel vaudois et dit "la fierté et la reconnaissance" envers l'entreprise qui fait du canton "une vitrine de l'innovation".Les pouvoirs publics ont "une obsession de la compétitivité" pour assurer le développement du canton et garder son attrait concurrentiel, a déclaré Philippe Leuba. De son côté, Paul Bulcke s'est dit confiant que la Suisse "prendra les bonnes décisions pour préserver son attractivé". Court ou long terme ? Questionné sur l'impact de l'adoption de l'initiative Minder, Paul Bulcke a cependant noté qu'"il y avait un risque". Le texte donne davantage de pouvoirs aux actionnaires qui peuvent privilégier le court terme, alors qu'une entreprise a besoin d'une vision à long terme, selon lui. Le succès est "une position dangereuse", a remarqué le CEO. Nestlé doit passer en revue sa gamme de produits tous les 5 à 6 ans s'il veut rester numéro un sur le marché. Il a rappelé que Nestlé fêtait cette année les 75 ans du légendaire Nescafé, sans cesse revu et décliné sous différentes formes.
Pas de recours contre sa condamnation dans l'affaire Attac L'affaire Nestlé-Securitas-Attac est close. Les parties renoncent à recourir contre le jugement civil de la justice vaudoise. Les deux entreprises avaient été condamnées pour atteinte illicite à la personnalité après avoir infiltré l'organisation altermondialiste. "Nous ne ferons pas appel. Nous avons pris note de la motivation du tribunal et la respectons", a indiqué jeudi Melanie Kohli, porte-parole de Nestlé. "Nous souhaitons réitérer que l'incitation à l'infiltration est contraire aux principes de conduite des affaires de Nestlé". "Les personnes mentionnées dans cette affaire ne travaillent plus chez Nestlé", a ajouté la porte-parole. Securitas a indiqué de son côté qu'elle ne recourrait pas non plus et n'a pas fait de commentaire. Attac, qui aurait pu faire appel puisqu'elle n'a pas tout obtenu lors du verdict, en restera là. L'organisation est "entièrement satisfaite sur l'essentiel", a déclaré l'avocat Jean-Michel Dolivo. "Les considérants sont clairs. Le premier juge civil n'a pas mâché ses mots", a relevé Me Dolivo en parlant du comportement "inadmissible" des deux sociétés. Pour rappel, le 25 janvier, le Tribunal civil de Lausanne a condamné Nestlé et Securitas. La cour a estimé que l'acquisition d'informations par infiltration dans la sphère privée constituait une atteinte illicite à la personnalité. Une employée de Securitas se faisant appeler Sara Meylan avait notamment intégré le groupe et récolté des données sur les militants d'Attac et leurs activités. "Un procédé déloyal, une forme de traîtrise", selon le juge. Les deux sociétés doivent payer 3 000 francs suisse par personne pour réparation morale. Un non-lieu pénal avait été prononcé en 2009.