Baghdad a enterré dimanche les 60 victimes du triple attentat à la voiture piégée qui a frappé la veille un quartier chiite, au moment où les responsables américains cherchent à définir une nouvelle stratégie pour un pays sombrant chaque jour davantage dans le chaos. La violence s'est poursuivie dimanche matin en Irak, où trois policiers ont été tués dans un attentat suicide au passage d'une patrouille, près de la ville pétrolière de Kirkouk, dans le nord du pays. A Bagdad, les proches des victimes du triple attentat à la voiture piégée ont commencé à enterrer leurs morts. Soixante personnes ont été tuées dans cette attaque visant une patrouille de l'armée irakienne, dans un quartier commerçant à majorité chiite de Rusafa, dans le centre de la capitale, sur la rive est du Tigre, selon un nouveau bilan de source médicale. Pour sa part, l'armée américaine a annoncé avoir tué six "terroristes" dans la nuit de samedi à dimanche dans une ville située à la sortie ouest de Bagdad, dans une fusillade et une frappe aérienne au cours de laquelle deux femmes et un enfant ont également péri. Les soldats de la Coalition tentent toujours de diminuer les risques de blesser des civils au cours de la lutte contre les terroristes. Les terroristes n'hésitent cependant pas à placer délibérément des femmes et des enfants en danger, a assuré l'armée. Il s'agit du troisième incident de ce type dévoilé par l'armée américaine en une semaine: le 28 novembre, cinq fillettes avaient été tuées par les tirs d'un char d'assaut visant un immeuble où s'était réfugiés des insurgés à Ramadi, à l'ouest de Bagdad. Le lendemain, une frappe aérienne avait tué 8 "terroristes" et deux femmes au nord de Bagdad. Devant la recrudescence des attaques en Irak, où plus de 13.000 civils ont été tués en quatre mois, entre juillet et octobre, selon un rapport des Nations unies, alors que les violences confessionnelles ont mené le pays au bord de l'explosion, les responsables américains cherchent à formuler une nouvelle stratégie. Le Pentagone a confirmé dimanche l'authenticité d'une note de service rédigée par le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, obtenue par le quotidien américain New York Times, recommandant un "ajustement majeur" en Irak et une importante réduction des opérations de combat. Quelque 140.000 soldats américains sont aujourd'hui déployés en Irak, où plus de 2.880 d'entre eux sont morts depuis l'invasion du pays en mars 2003. Cette note avait été écrite deux jours avant la démission de M. Rumsfeld, survenue après la défaite électorale du parti républicain, qui a perdu au profit des démocrates le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants. "Ce que font actuellement les forces américaines en Irak ne fonctionne pas assez bien ou assez rapidement", a écrit Donald Rumsfeld, l'un des initiateurs de l'invasion de l'Irak. Le secrétaire à la Défense recommande un redéploiement massif des forces américaines en Irak, une accélération de l'entraînement des forces de sécurité irakiennes et le soutien des chefs de guerre irakiens par le versement d'argent américain, "comme le faisait Saddam Hussein". Le nombre de bases américaines disséminées à travers le pays devrait, selon lui, passer de 55 à seulement 5 en juillet 2007. Sur le plan tactique, il s'agit de "retirer les forces américaines des positions vulnérables", comme les villes, pour en faire des forces de réaction rapide intervenant quand les forces de sécurité irakiennes ont besoin d'assistance. Sur le terrain, des avions de combat américains ont détruit deux repaires d'activistes étrangers samedi soir à l'ouest de Bagdad, tuant cinq insurgés, deux femmes et un enfant, annonce l'armée américaine dimanche. Des habitants ont avancé un bilan beaucoup plus lourd, estimant qu'au moins 24 personnes avaient été tuées au village d'al-Lihaib, près de la ville de Garma. Ces chiffres n'ont pu être confirmés de source indépendante. "Selon des renseignements récents, le bâtiment visé servait à héberger des combattants étrangers. Des informations confirmaient aussi la présence de plusieurs hommes dans ce bâtiment au moment du raid", dit un communiqué de l'armée. "Après la destruction du bâtiment dans le raid aérien, les forces de la coalition ont pu déterminer que cinq terroristes, ainsi que deux femmes et un enfant, avaient été tués." Un sixième insurgé a été tué et trois autres ont été capturés par des soldats, indique l'armée.