Les prix du pétrole ont fini proches de l'équilibre, avant-hier, à New York et à Londres, aidés par un rebond technique à l'approche d'un long week-end aux Etats-Unis, qui a revigoré un marché plombé à l'ouverture par un mauvais indicateur manufacturier chinois. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juillet a lâché 3 cents à 94,25 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après être descendu en cours d'échanges jusqu'à 92,21 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a fini à 102,44 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 16 cents par rapport à la clôture de la veille. Les cours du brut ont ainsi mis un terme à leur fort mouvement de baisse entamé la veille. Le WTI est parvenu à se redresser en deuxième partie de séance après avoir flirté avec le seuil des 92 dollars dans la matinée, sous lequel il n'est pas descendu depuis début mai. Les courtiers, qui ont pu engranger de bons bénéfices depuis le début de la semaine, se sont mis à la recherche d'opportunités d'achats, et ont voulu se débarrasser de leurs paris à la baisse avant le week-end (férié dit) de Memorial Day aux Etats-Unis, a expliqué Rich Illczyszyn, de iiTrader.com. En effet, les opérateurs anticipaient une forte demande en essence au cours d'un week-end qui lance traditionnellement la saison des grands départs estivaux en voiture aux Etats-Unis. Personne ne veut prendre le risque d'être trop pessimiste, a ajouté M. Illczyszyn. La remontée des cours a par ailleurs été accompagnée par un rebond des indices boursiers à Wall Street et par une baisse du billet vert sur le marché des changes, un mouvement qui a tendance à favoriser les achats de brut. Libellé en dollars, l'or noir devient en effet plus intéressant pour les acheteurs munis d'autres devises en cas de recul de la monnaie américaine. Les cours du pétrole ont aussi bénéficié d'une bonne nouvelle sur le front de l'emploi aux Etats-Unis avec un recul plus fort que prévu des inscriptions au chômage la semaine dernière. Dans la matinée, les cours du brut avaient pâti d'une vague d'anxiété qui s'était propagée sur les marchés financiers mondiaux à la suite de l'annonce d'une contraction de la production manufacturière en Chine, la deuxième économie mondiale et le deuxième consommateur de brut de la planète. Perçue par les experts comme un signal que la croissance du géant asiatique pourrait continuer à ralentir, cette nouvelle avait notamment fait chuter l'indice Nikkei à la Bourse de Tokyo de plus de 7%. Des statistiques du Département de l'Energie américain (DoE) publiées la veille, qui ont montré que les réserves de brut restaient proches de leur plus haut en au moins 31 ans atteint début mai, continuaient par ailleurs à peser sur les cours, en alimentant les inquiétudes sur la demande du premier consommateur mondial d'or noir. En Asie, les cours du pétrole accentuaient leur recul dans les échanges matinaux, en raison du renforcement du dollar, un phénomène qui pèse sur les prix du brut. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet perdait 58 cents à 93,70 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison à même échéance, reculait de 47 cents à 102,13 dollars. "Les cours du pétrole se maintiennent à la baisse dans le sillage de la remontée du dollar américain, après que Bernanke a indiqué que la politique monétaire ultra-accommodante de la Fed ne finira pas dans l'immédiat ", a déclaré Ric Spooner, analyste chez CMC Markets à Sydney. Baisse moins forte que prévu des stocks de brut au 17/05 Les stocks de pétrole brut ont reculé la semaine dernière aux Etats-Unis mais deux fois moins que ne le prévoyaient les analystes, selon les chiffres hebdomadaires du département américain de l'Energie (DoE) publiés la veille. Les réserves de brut ont baissé de 300 000 barils lors de la semaine achevée le 17 mai pour s'établir à 394,6 millions de barils. Les experts interrogés par l'agence Dow Jones Newswires prévoyaient un recul deux fois plus important. Ces réserves avaient baissé de 600 000 barils la semaine précédente après s'être hissées à leur plus haut niveau depuis 1982, année à laquelle a débuté la publication de ces données hebdomadaires. Elles se maintiennent au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette période de l'année et sont en hausse de 3,15% par rapport à leur niveau d'il y a un an, a précisé le DoE. Les réserves de produits distillés ont de leur côté baissé de 1,1 million de barils à 118,8 millions de barils, surprenant les analystes qui tablaient à l'inverse sur une hausse de 700 000 barils. Ces stocks sont en baisse de 0,6% sur un an mais se maintiennent dans la partie basse de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les réserves d'essence, très surveillées alors que débutait bientôt la saison estivale des grands déplacements en voiture, ont bondi de 3,0 millions de barils à 220,70 millions de barils, contredisant largement les anticipations des experts qui avaient misé sur un repli, de 100 000 barils. Elles sont proches de la partie supérieure de la fourchette moyenne en cette période de l'année et sont en hausse de 9,8% par rapport à leur niveau de l'an dernier, a précisé le ministère. Regardées de près par les courtiers, les réserves de brut à Cushing (Oklahoma), où le pétrole qui sert de référence au WTI s'est accumulé ces derniers mois, ont encore gonflé de 500.000 barils, à 50,2 millions de barils. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont bondi de 4,2 millions de barils. Côté demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 18,6 millions de barils de produits pétroliers par jour, soit 0,6% de moins qu'à la même période de l'année dernière. La demande de produits distillés s'est appréciée de 2,5% par rapport à la même période en 2012, mais celle d'essence a accusé un recul de 3,3%. Les raffineries américaines ont légèrement ralenti la cadence, fonctionnant à 87,3% de leur capacité contre 88,0% la semaine précédente.