L'accord entre pouvoir malien et rebelles touareg occupant Kidal (nord-est du Mali) signé, avant-hier, à Ouagadougou a été généralement bien accueilli par les Maliens à Bamako, des responsables politiques parlant d'espoir de paix et de pas important pour le Mali. “C'est un véritable espoir de paix. Nous allons dans le bon sens, a déclaré Boubacar Touré, un responsable de l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), un des principaux partis de ce pays. Il est important que les différentes parties respectent cet accord. Nous attendons avec émotion le jour où le drapeau malien flottera sur Kidal. Nous attendons avec émotion le jour où l'armée malienne mettra les pieds à Kidal”, a ajouté M. Touré. L'accord a aussi été salué par Amadou Koïta, président du Parti socialiste et membre du Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR), coalition de formations politiques opposées au coup d'Etat militaire du 22 mars 2012 au Mali. “Il signifie la libération totale du Mali, la libération de nos populations. (Il) signifie aussi que nous amorçons un important processus de paix. Nous demandons au MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad, rébellion touareg) de respecter cet accord”, a dit M. Koïta. Le document signé officiellement par les représentants du gouvernement malien, du MNLA et d'un autre groupe touareg, le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), prévoit un cessez-le-feu, un retour de l'armée malienne à Kidal, avec un déploiement progressif, et un cantonnement des combattants touareg sur des sites de regroupement. Il doit permettre le déroulement de l'élection présidentielle dont le premier tour est prévu pour le 28 juillet. Ce scrutin est jugé crucial par la communauté internationale en vue d'aider le Mali à sortir de la plus grave crise de son histoire ouverte en 2012 par la prise du nord de ce pays par des groupes djihadistes, un temps alliés au MNLA et délogés début 2013 par l'armée française. Pour Mme Fatoumata Siré Diakité, responsable d'un réseau d'organisations féminines maliennes, l'accord va dans le bon sens. L'armée malienne sera bientôt à Kidal pour montrer que cette localité est une localité malienne, a-t-elle dit. Mamoutou Diabaté, président du Forum des organisations de la société civile du Mali (FOSCM, coalition d'ONG), faisait partie, avant-hier soir, des rares personnes à critiquer le texte. “Nous sommes contre cet accord. C'est sans conditions que l'armée malienne doit aller à Kidal, et les rebelles (groupes armés touareg) doivent désarmer immédiatement et sans conditions”, a-t-il affirmé. M. Diabaté et 20 autres membres du FOSCM ont été interpellés la veille par la police à Bamako pour avoir tenté de manifester (en dépit de l'état d'urgence qui interdit les manifestations dans les rues) contre les discussions alors en cours à Ouagadougou, estimant qu'elles faisaient la part belle aux groupes touareg. Tous ont été relâchés mardi sans charges retenues contre eux. Ce responsable d'ONG a cependant indiqué que son mouvement allait poursuivre son action de protestation : “Notre lutte continue”.