Les prix du pétrole ont terminé en nette baisse mardi à New York, dans le sillage de Wall Street et avant la diffusion des chiffres hebdomadaires sur les stocks de brut aux Etats-Unis, premier consommateur mondial d'or noir. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en septembre a cédé 1,26 dollar pour s'établir à 105,30 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a terminé à 108,18 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 52 cents par rapport à la clôture de lundi. "L'accès de faiblesse" sur le marché actions américain "encourage les investisseurs à se retirer du marché" pétrolier, a remarqué Tim Evans de Citi. Les principaux indices de la place financière new-yorkaise évoluent en effet dans le rouge depuis le début de la séance, minés notamment par de nouveaux commentaires de responsables de la banque centrale américaine. Dennis Lockhart, président de l'antenne locale de la Fed d'Atlanta, a d'une part indiqué que l'institution pourrait commencer à réduire ses injections de liquidités dans le circuit financier "dès septembre" si la croissance économique des Etats-Unis et les créations d'emplois s'accélèrent. Ces propos ont été confortés par des déclarations de son homologue de la Fed de Chicago, Charles Evans, pour qui l'institution va réduire son programme de soutien à l'économie "d'ici la fin de l'année", voire même dès septembre. Cette aide a entre autres effets de stimuler les investissements dans les actifs les plus risqués, comme les matières premières. Les cours du brut étaient aussi fragilisés par la perspective d'un marché pétrolier bien approvisionné, avec la reprise de la production en Libye et dans un important champ pétrolier de la mer du Nord. Le gouvernement libyen a en effet annoncé lundi un retour progressif à la normale dans les différents sites d'exploitation de l'ouest du pays, qui avaient été fermés en raison d'un mouvement de contestation. Parallèlement, "la production de pétrole du champ pétrolier de Buzzard en mer du Nord (d'une capacité de 200'000 barils par jour) a repris la nuit dernière après avoir été suspendu 5 jours pour maintenance", ont rapporté les analystes de Commerzbank. Autre facteur de nature à alléger la prime de risque géopolitique: le nouveau président iranien, Hassan Rohani, a déclaré mardi être prêt à des négociations "sans perte de temps" avec les grandes puissances pour résoudre la crise du nucléaire. Si les discussions reprenaient, cela permettrait de lever plus rapidement les sanctions économiques imposées par les pays occidentaux, dont un embargo sur les exportations de pétrole. Le marché a aussi pâti, selon Carl Larry de Oil Outlooks and Opinion, de la décision de l'administration américaine d'assouplir les normes sur les biocarburants à partir de l'an prochain. Cette annonce a eu pour effet de faire baisser les prix des crédits que les raffineries doivent acheter pour se mettre en conformité avec cette réglementation environnementale et, par ricochet, les prix de l'essence puis du brut. Du côté de la demande, les investisseurs anticipaient une réduction des stocks de pétrole américains, dont les niveaux officiels seront communiqués mercredi par le département américain à l'Energie (DoE). Selon les premières estimations, "ils pourraient tomber à leur plus bas en six mois", a remarqué Robert Yawger de Mizuho Securities USA. Une baisse des réserves américaines est généralement bien accueillie par les investisseurs, qui y voient un signe de vigueur de la demande énergétique du premier consommateur mondial d'or noir. En Asie, les cours du pétrole étaient mitigés dans les échanges matinaux, dans un marché attentiste avant la publication des chiffres sur les stocks hebdomadaires américains. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en septembre gagnait 6 cents à 105,36 dollars, tandis que le Brent de la mer du Nord à même échéance reculait de 10 cents à 108,08 dollars.