La Russie et la France ont des divergences sur les moyens de rétablir la paix en Syrie, pays ravagé depuis plus de deux ans par un conflit meurtrier, a déclaré, hier, à Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. "Nous n'avons pas de divergences en ce qui concerne l'objectif final qui consiste à mettre fin à l'effusion de sang, à rétablir la paix sur la base du respect de la souveraineté et de la laïcité. Moscou et Paris partagent cet objectif, mais nous avons cependant certaines divergences concernant les moyens de l'atteindre", a indiqué le chef de la diplomatie russe à l'issue d'entretiens avec son homologue français Laurent Fabius. Dans le même temps, la Russie et la France coïncident sur la nécessité de détruire les arsenaux chimiques détenus par le gouvernement de Damas, a indiqué M. Lavrov. "Nous remercions nos amis français pour le soutien qu'ils ont apporté à l'initiative russo-américaine", a-t-il poursuivi. Samedi 14 septembre, M. Lavrov et le secrétaire d'Etat américain John Kerry sont parvenus à un accord sur le dossier syrien. Les deux parties ont ainsi plaidé pour un règlement politique de la crise, la non-ingérence militaire dans le conflit et le retrait ou la destruction des armes chimiques détenues par Damas d'ici la mi-2014. Sur la base de l'accord russo-américain, le Conseil de sécurité de l'Onu devra formuler une résolution prévoyant un recours à la force militaire en cas de non-respect des exigences avancées à Damas.
L'Occident veut imposer sa volonté aux Syriens Les Etats-Unis ainsi que la France et la Grande-Bretagne veulent imposer leur volonté au peuple syrien en utilisant à ces fins l'opposition armée, a déclaré, hier, le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué. "La conférence de presse des chefs de la diplomatie américaine, britannique et française a révélé leur véritable objectif en Syrie et leur volonté d'imposer leur volonté au peuple syrien sans attendre les résultats du dialogue inter syrien", a indiqué le ministère. Et d'ajouter que ces trois pays occidentaux "défendaient les intérêts de ceux (l'opposition armée, ndlr) que les Etats-Unis et leurs alliés utilisent pour atteindre leurs objectifs et qui ne cessent d'inciter Washington à lancer une agression contre la Syrie". Les chefs de la diplomatie américaine, britannique et française se sont réunis lundi à Paris. Lors de cette rencontre le secrétaire d'Etat américain John Kerry a notamment annoncé que le gouvernement de Bachar el-Assad avait perdu toute légitimité. Sur fond de cette déclaration, la diplomatie syrienne a noté qu'il revenait au peuple syrien de juger de la légitimité de la politique et du régime constitutionnel de leur pays, les Etats-Unis et ses alliés n'ayant aucun droit d'imposer leur volonté aux Syriens.
Le rapport de l'Onu pointe la responsabilité de Damas Le rapport des enquêteurs de l'Onu confirme que l'attaque à l'arme chimique perpétrée le 21 août dans la banlieue de Damas a été menée par les forces gouvernementales syriennes, a estimé, avant-hier soir, Susan Rice, conseillère à la sécurité nationale du président américain Barack Obama dans un communiqué. "Bien que la mission consistant à établir les responsables ne fût pas du ressort des enquêteurs, les preuves techniques fournies, dont la haute qualité du sarin et un certain type de missiles, confirment nos estimations selon lesquelles l'attaque a été perpétrée par le régime syrien, car seules les autorités syriennes disposent de tels moyens", a affirmé Mme Rice. Selon elle, les négociations entre la Russie et les Etats-Unis de la semaine dernière ont permis de créer une base afin de détruire les armes chimiques syriennes. "Nous allons continuer à travailler avec la Russie, la Grande-Bretagne, la France, l'ONU, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques et d'autres. Et si les démarches diplomatiques n'aboutissent pas, les Etats-Unis restent prêts à agir", a ajouté la conseillère. Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon a déclaré quant à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie que le rapport des enquêteurs ne permettait pas de déterminer les responsables de l'attaque à l'arme chimique et qu'une nouvelle enquête était nécessaire pour établir les coupables. Selon les inspecteurs chargés d'enquêter sur le recours à l'arme chimique, les ogives retrouvées près de Damas pourraient avoir été fabriquées tant de façon industrielle qu'artisanale.