Ennemi intime, le film sur la guerre d'Algérie du français Florent-Emilio Siri, sort le 03 octobre prochain en France. Ce film événement est inspiré non seulement de faits réels mais aussi du remarquable documentaire éponyme de Patrick Rotman. Après une première diffusion en mars 2002, France3 a reprogrammé cette œuvre en deux parties, en marge du 50e anniversaire du déclenchement de la guerre d'Algérie. La première diffusion, en trois parties, avait été suivie de l'émission Cultures et dépendances de Franz-Olivier Giesbert, consacrée aux méthodes employées durant la guerre d'Algérie. Outre Patrick Rotman (L'Ennemi intime, Le Seuil), l'animateur avait également reçu Gisèle Halimi (Avocate irrespectueuse, Plon) et l'historien Mohamed Harbi (Une vie debout, La Découverte). Le scénario d' Ennemi intime est co-signé Florent Emilio Siri, et Patrick Rotman. Résumé du film. Nous sommes en 1959, en plein guerre d'Algérie. “ Les opérations militaires s'intensifient. Dans les hautes montagnes kabyles, Terrien, un lieutenant idéaliste, prend le commandement d'une section de l'armée française. Il y rencontre le sergent Dougnac, un militaire désabusé. Leurs différences et la dure réalité du terrain vont vite mettre à l'épreuve les deux hommes. Perdus dans une guerre qui ne dit pas son nom, ils vont découvrir qu'ils n'ont comme pire ennemi qu'eux-mêmes.” Avec L'ennemi intime, Patrick Rotman dit avoir voulu “comprendre comment un jeune homme ordinaire, qui n'aurait pas dans une situation normale fait de mal à une mouche, devient, lorsque s'estompent les repères humains et s'effondrent les barrières culturelles, un bourreau ordinaire. Cette exploration des ténèbres de l'âme, ajoute le réalisateur, de ces contrées vertigineuses qui se refusent à l'humanité, reste, là encore, est-il utile de le souligner, d'une tragique et désespérante pertinence. ” Il s'agit dans Ennemi intime de raconter les procédés de l'armée française qui tentait à chaque fois de contenir la violente guérilla menée par le FLN visant à gagner l'indépendance de la nation algérienne. Tout est double : les versions officielles et officieuses, les discours politiques, les engagements, les sentiments. Une seule chose demeure universelle pourtant : la douleur d'une population meurtrie d'une part, et celle des milliers de jeunes recrues de métropole, parachutées, un fusil à la main, au milieu des montagnes kabyles. Une douleur si violente qu'elle demeure pugnace près de 50 ans plus tard, au point que, malgré les années, le tabou – la honte – elle reste vivace. Trop vivace. Si les Etats-Unis ont, assez rapidement et énergiquement critiqué le conflit vietnamien, le cinéma français n'a jamais vraiment réussi à s'affranchir de la chape de plomb tombée sur ses douloureux conflits d'indépendance (Indochine ou Algérie), au point que très peu de films osent les évoquer et encore moins les analyser ou les dénoncer. Pourquoi une telle frilosité ? Certainement par peur de tomber dans l'extrémisme ou le révisionnisme. Sûrement aussi parce qu'encore beaucoup de protagonistes (bourreaux ou victimes) sont parmi nous. Sans doute enfin parce que l'Histoire n'aime pas toujours qu'on la réduise à une froide succession de faits. Alors, un film de guerre français sur le conflit franco-algérien ? Il faut le voir !