Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a appelé, à l'occasion de la présentation de l'étude sur les flux migratoires "Vers, à partir et à travers l'Algérie", à prendre une "position ferme" par rapport au Maroc, préconisant "la rupture" des relations diplomatiques suite à la dernière "provocation" dont il s'est rendu coupable à l'encontre de l'Algérie. “Le Makhzen (l'Etat marocain et ses institutions) s'est rendu coupable d'une énième provocation à l'encontre de l'Algérie. Ces agissements sont ceux d'un pays ennemi et non pas d'un pays frère. Par conséquent, l'Algérie doit prendre une position ferme pour mettre définitivement fin à ces provocations. A mon sens, il faut rompre les relations diplomatiques", a soutenu Me Ksentini, lors d'une conférence de presse à Alger. Le président de la CNCPPDH réagissait aux allégations du Maroc au sujet de prétendues expulsions par les autorités algériennes de ressortissants syriens vers le territoire marocain. La partie marocaine "doit comprendre que l'Algérie est un pays respectable" et, pour cela, il importe de tenir avec le Maroc "le langage qu'il comprend", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse consacrée à la présentation d'une étude sur les flux migratoires "vers, à partir et à travers l'Algérie". "C'est une provocation de trop et une provocation délibérée. Je considère que le Maroc n'est pas un pays voisin, mais un pays ennemi. Il faut tirer les conséquences de ces récurrentes provocations", a-t-il ajouté. "Je considère les dernières allégations comme une provocation méprisable rien de plus", a martelé le président de la CNCPPDH, précisant que l'affaire de prétendues expulsions de réfugiés syriens est "préfabriquée" par le Maroc pour "provoquer l'Algérie". Il a encore précisé qu'il était du "devoir de l'Algérie" d'accueillir les réfugiés syriens et "elle fait ce qu'elle peut pour leur assurer un bon accueil dans les différents sites", relevant, toutefois, qu'"il faudrait peut-être augmenté le nombre des centres d'accueil". L'Algérie avait fermement réagi aux allégations du Maroc dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères et exprimé sa "forte réprobation" de cette nouvelle provocation "politiquement motivée" des autorités marocaines, à l'ambassadeur marocain à Alger, lors de sa convocation mercredi au MAE. Il a été également signifié au diplomate marocain que l'Algérie "n'avait certainement pas besoin de donneurs de leçons lorsqu'il s'agit de manifester concrètement sa sollicitude et son attention soutenue à l'égard des ressortissants syriens qui se trouvent temporairement sur son territoire en tant qu'invités du peuple algérien qui les a accueillis spontanément avec sa générosité et son hospitalité coutumières".
Les incidents survenus à Ghardaïa ne relèvent pas des droits de l'Homme Sur un autre registre, et s'agissant des évènements qu'a connus la wilaya de Ghardaïa, M. Ksentin, a indiqué que ces évènements n'avaient aucun lien avec les droits de l'Homme. Le président a affirmé que les tensions que Ghardaïa a connues "ne sont pas d'origine religieuse ni idéologique et n'ont aucun lien avec les droits de l'Homme". "Il s'agit de simples heurts entre voisins", a soutenu M. Ksentini, soulignant toutefois la nécessité d'endiguer un tel phénomène. "Certes il faut punir les auteurs de dépassements, si dépassements il y a, dans le cadre de la justice", a encore considéré le président de la CNCPPDH qui a émis le vœu que cette wilaya retrouve la stabilité. "Chaque citoyen a le droit de vivre dans la cohésion et la sécurité", a insisté l'avocat et défenseur des droits de l'homme.
Le phénomène du flux migratoire en Algérie est maîtrisé Concernant le phénomène du flux migratoire, l'avocat et défenseur des droits de l'homme a indiqué que celui-ci existe, bel et bien, en Algérie, mais la situation est maîtrisée. "La situation des flux migratoires en Algérie est bien maîtrisée. Le phénomène n'a pas pris des proportions alarmantes. Il appartient au législateur d'appréhender le phénomène car il vaut mieux prévenir que guérir", a souligné Me Ksentini. Ce document se veut, a-t-il dit, une "base de travail pour une approche régionale du phénomène". "Il importera aux institutions algériennes de prendre des dispositions législatives dans l'ensemble", afin, a-t-il expliqué, "d'améliorer les conditions d'accueil et les relations avec ces réfugiés qui arrivent chez nous fragilisés", a noté Me Ksentini. "La situation est maîtrisée mais elle le sera encore plus si nous mettons en œuvre les conclusions de cette étude qui a pris trois années de réflexion", a précisé le président du CNCPPDH. Selon lui, l'étude intitulée "Contribution à la connaissance des flux migratoires mixtes, vers, à partir et à travers l'Algérie" consiste à mettre à la disposition des législateurs des propositions concrètes afin d'endiguer le phénomène mais aussi pour "humaniser davantage" son traitement et mieux le gérer.