La traduction en Algérie ? La question a été, à maintes fois, soulevée, et le constat a été, à chaque fois, le même : La traduction n'a ni statut, ni avenir immédiat. La plupart des professionnels de la littérature ont, lors de colloques, expliqué, que le problème de la traduction n'est pas seulement lié à des considérations techniques ou littéraires, mais plutôt politiques voir idéologiques. Parlons chiffres. Selon les résultats d'une enquête onusienne, datée de 2003, les 22 pays arabes, qui existent sur la planète, auraient traduit trois fois moins d'ouvrages que la seule Grèce ! Un autre détail, cette fois-ci, de taille, la population grecque est trente fois inférieure à celle arabe ! A partir de ces données, tout le monde peut se faire une idée de la place qu'occupe actuellement la traduction dans notre pays. Bien que centrée sur la traduction entre l'arabe et le français, la problématique de la traduction a, toujours, débordé sur d'autres questions ayant trait à l'attente et aux “passages à double sens entre les cultures les plus différentes”. Partis de ce constat aussi inquiétant qu'amer, les professionnels proposent d'ores et déjà, d'établir, en urgence, un inventaire des créations littéraires d'expression française pour les transmettre aux lecteurs arabes. D'autres privilégient, plutôt, la formation de bons traducteurs, de bons enseignants, de cadres qualifiés et même, plus généralement, de bons... lecteurs plutôt que le nombre de traducteurs, d'enseignants, de cadres... et de lecteurs ! La remarque est d'autant plus judicieuse que, longtemps, le discours public n'a été axé que sur l'aspect quantitatif, négligeant la qualité de la formation et de l'enseignement, une exigence autrement plus déterminante sur le long terme. Toujours dans cet esprit d'orienter le débat sur la formation de qualité d'abord, les experts ont, de tout temps, proposé la création des ateliers et des centres professionnels de traduction qui feront connaître l'œuvre à travers un véritable travail de traduction, prenant en compte l'aspect théorique et thématique. Car la connaissance d'une langue ou plus, ne signifie pas forcément la maîtrise de la traduction d'une œuvre. Ca, généralement, la problématique de la philologie et des axes syntagmatiques peuvent, de manière sensible, participer à se rapprocher du texte de base. Si ces centres de formation ne sont pas mis en place, dans l'immédiat, l'Algérie sera confrontée à un risque majeur de “savoir et de connaissance”, celui de voir les pays voisins envahir le marché de la traduction en arabe, d'œuvres algériennes et universelles. L'Algérie sera, de facto, obligée d'importer ces ouvrages à des prix excessifs alors que ces traductions auraient pu être faites dans notre pays à des prix beaucoup plus raisonnables. Pourtant, la traduction comme transfert de civilisation et de savoir, doit, en principe, faire partie intégrante de nos mondes où se côtoient des commerçants et toutes sortes de communautés de langues différentes. Elle est un outil d'aide à la lecture, que ce soit pour l'écolier ou le lecteur, d'autant plus qu'elle est la clef qui explore les civilisations et les cultures d'autres communautés. Sa revalorisation, son existence doivent, absolument, faire partie de l'univers littéraire de notre pays, au risque de nous voir encore fermés, refermés sur nous mêmes.