Les cours du pétrole rebondissaient hier matin en Asie sous l'effet d'achats à bon compte après leur chute à leur plus bas niveau depuis des mois, lestés par l'enchérissement du dollar et de médiocres perspectives de la consommation en Chine et en Europe. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre prenait 39 cents, à 93,27 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance s'adjugeait 37 cents, à 100,71 dollars. Assommé par la flambée du dollar qui rend les actifs libellés dans la monnaie américaine, comme le brut, moins intéressants pour les investisseurs munis d'autres devises, "le marché du brut se ressaisit", a relevé David Lennox, analyste chez Fat Prophets. Peu rassérénés par la solidité des statistiques américaines publiées mardi, les investisseurs attendaient désormais la diffusion jeudi du rapport des autorités américaines sur les stocks de produits pétroliers aux Etats-Unis pour se faire une meilleure idée de la vigueur de la demande dans le pays. Outre la cherté du dollar, le pétrole a dévissé mardi en raison de l'activité économique poussive en Europe et du ralentissement de la croissance en Chine. La veille, les cours du pétrole coté à New York et à Londres sont tombés à des niveaux plus vus depuis plusieurs mois, victimes de la perspective d'une demande peu vigoureuse en Europe et en Chine et de la robustesse du dollar. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre a perdu 3,08 dollars par rapport à la clôture de vendredi, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour s'établir à 92,88 dollars, son plus bas niveau depuis janvier. Les marchés financiers américains étaient fermés lundi en raison d'un jour férié aux Etats-Unis. Le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a terminé à 100,34 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,45 dollars par rapport à la clôture de lundi. Il s'agit de son plus bas niveau en clôture depuis le 1er mai 2013. "Le mouvement de reprise observé la semaine dernière est bel et bien terminé", a souligné Gene McGillian de Tradition Energy. Les craintes des investisseurs, qui s'étaient préparés à d'éventuelles montées des violences dans le monde, notamment en Ukraine, avant le long week-end, ne se sont pas concrétisées. Aussi les acteurs du marché se sont de nouveau concentrés "sur la faiblesse de l'activité économique en Europe et de son ralentissement en Chine" après des chiffres montrant des signes d'essoufflement de la production manufacturière en août dans ces deux zones, a avancé M. McGillian. Des indicateurs qui ravivent les inquiétudes sur l'appétit mondial d'or noir. La solidité des statistiques américaines du jour - une hausse surprise de l'activité manufacturière en août et un rebond des dépenses de construction en juillet - n'a pas suffi à rasséréner les investisseurs. Ces derniers attendent la diffusion jeudi, avec un jour de retard sur le calendrier habituel en raison de la fermeture des marchés lundi, du rapport des autorités américaines sur les stocks de produits pétroliers aux Etats-Unis pour se faire une meilleure idée de la vigueur de la demande dans le pays. Les cours du pétrole continuaient par ailleurs d'être gênés par l'abondance de l'offre sur le marché pétrolier. "En Libye, par exemple, la production pétrolière continue de se normaliser graduellement malgré les combats persistants et le chaos politique croissant", ont indiqué les économistes de Commerzbank. "Selon le ministre libyen du Pétrole, le volume de production devrait atteindre 800 000 barils par jour fin septembre (contre 700 000 barils par jour actuellement) - et un total de 1 million de barils par jour d'ici la fin de l'année", ont-ils ajouté. Parallèlement la crise ukrainienne ne semble pas avoir eu d'effet majeur sur la production de la Russie, qui "a augmenté de 1,2% en août à une moyenne de 10,5 millions de barils par jour", a rapporté Tim Evans en citant des chiffres du ministère russe de l'Energie. La forte augmentation du billet vert face aux autres grandes devises mondiales, notamment face à l'euro qui évoluait à des niveaux plus vus depuis un an, "augmente encore la pression sur l'ensemble du marché des matières premières", a noté John Kilduff d'Again Capital. Un dollar plus fort rend les actifs libellés dans la monnaie américaine, comme le brut, moins intéressants pour les investisseurs munis d'autres devises.