Plus de seuil de révision pour les élèves en classes d'examen. Les candidats au baccalauréat doivent, désormais, préparer tous les cours inscrits dans le programme scolaire. L'annonce a été faite, hier, par la ministre de l'Education, Mme Nouria Benghebrit, qui a motivé la décision par le recul du niveau des élèves. "Il n'y aura plus de Attaba, nous refusons, honnêtement de grever l'avenir de nous enfants" a-t-elle déclaré sur les ondes de la radio Chaine 3. Pour la première responsable du secteur, les grèves qui causent ces retards n'ont jamais constitué une solution pour la résolution des problèmes. S'adressant au personnel de l'éducation, Benghebrit appelle à user des autres moyens de médiation. "Si pour chaque malentendu on provoque une grève, vous allez imposer une la Attaba, chose que ne cautionne pas", a-t-elle déclaré. Ainsi, Benghebrit réitère de nouveau son refus à la fixation du seuil des cours pour la session du bac 2015. La ministre de l'Education avertit dans ce contexte le corps enseignant et les étudiants. "Nous refusons de grever l'avenir de nos enfants et les épreuves et les sujets seront définis à partir de maintenant et chacun prend ses responsabilités" a-t-elle mis en garde. Pour elle, il n'y a pas de raison pour que les programmes ne soient pas terminés d'ici la fin de l'année. "Si pour n'importe quoi on doit recourir à la grève, vous allez imposer le seuil, chose que je ne cautionnerai pas, je vous le dis tout de suite", a-t-elle clairement spécifié. Nouria Benghebrit a refusé toute réflexion sur un baccalauréat basé sur la moitié ou le trois quart du programme établi pour cette classe d'examen. Dans ce contexte, elle a averti le corps enseignant et les étudiants qu'il n'y aura pas de seuil. "Nous avons fait le point en juin dernier, nous sommes au mois d'octobre, il est inconcevable que le programme ne soit pas achevé", a-t-elle encore souligné avant de s'interroger sur la valeur de ce diplôme dans le cas où elle autoriserait comme l'ont fait ses prédécesseurs un seuil pour la session de 2015. "Quelle va être la valeur de ce diplôme ? Le baccalauréat qui, pour nous, reste une référence. Nous devons veiller sur la crédibilité de ce diplôme", a-t-elle insisté. Pour ce faire, elle a suggéré l'application globale du programme tracé par la tutelle pour cette année scolaire.Ce qui devait être une exception en 2008, à cause d'une grève qui s'est étalée sur plusieurs semaines, a pris au fil des années une forme de droit réclamé et clamé haut et fort par les candidats au baccalauréat. Une situation que refuse de certifier la première responsable du secteur sous quelque prétexte que ce soit. Dès son installation à la tête du département de l'éducation, Benghebrit s'est montrée très ferme sur cette problématique. Dans un entretien accordé à un quotidien national au mois de mai dernier, la ministre avait expliqué que ce problème s'est installé dans le temps et s'imposer. Mieux encore, "dans certaines wilayas, on nous demande de faire au-delà du seuil : c'est-à-dire le seuil du seuil ! Ceci est grave. Là, on aura une Algérie à configuration multiple ; seuil 1, seuil 2, seuil 3", avait-elle déploré, imputant le taux d'échec en première année à l'université, qui se situe entre 70 et 80%, à ce seuil devenu presque un acquis scellé et non négociable. Pour endiguer définitivement ce phénomène qui constitue une véritable contrainte aux nouveaux bacheliers qui peinent à suivre leur cursus universitaire, la ministre compte avant tout sur la sensibilisation. "Il faut expliquer qu'aujourd'hui comparativement aux autres pays, l'Algérie est loin du peloton de tête en matière de semaine d'enseignement. Nous faisons 30 semaines d'enseignement et ailleurs, c'est entre 38 et 40. C'est la même chose en matière d'heures d'enseignement. En faisant cette comparaison et en nous mettant à niveau sur l'international, nous remettons les pendules à l'heure". Mais pour arriver à contenir ce dysfonctionnement, il est impératif de redonner du sens à la réforme du système éducatif comme le reconnait dans cet entretien Benghebrit. "La réforme a été mise en œuvre sans bénéficier, malheureusement, de toutes les conditions. Parmi ces dernières, une est importante : la stabilité". En réalité, la ministre compte beaucoup sur "le pacte de stabilité" avec les syndicats, puisqu'elle considère que "du moment que la majorité des revendications des travailleurs du secteur ont été satisfaites, il n'y aura pas de raison de prendre en otage les élèves". La nouvelle ministre est certainement consciente des rudes tâches qui l'attendent. Elle a hérité du secteur le plus sensible. Ce dernier baigne dans les perturbations. Dans ce cadre, elle a affirmé que le secteur de l'Education nationale est un secteur "stratégique et sensible, ce qui fait de notre mission une lourde responsabilité qui reste toutefois noble et motivante". D'énormes promesses ont été également faites par ceux qui ont succédé à ce secteur. Mais aucune d'elles n'a été respectée et engagée sur le terrain. Un énorme challenge attend Mme Benghebrit. Cette dernière est attendue concernant l'application de toutes les décisions qui ont été prises, notamment celles d'allégement du poids du cartable et l'installation des casiers dans les écoles. La ministre aura également l'occasion de rencontrer l'ensemble des syndicats de l'éducation. Dans ce contexte, va-t-elle réussir à unifier les rangs de ces derniers?