Le conglomérat chinois Fosun revient dans la course pour Club Méditerranée en surenchérissant à 23,50 euros par action avec un nouvel allié, le Brésilien Nelson Tanure, qui prendra une part importante dans le dispositif, ont indiqué avant-hier des sources concordantes. La nouvelle offre, désormais principalement sino-brésilienne, qui valorise Club Med à environ 890 millions d'euros, a été déposée lundi auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Une annonce officielle était attendue dans l'après-midi. L'homme d'affaires Nelson Tanure, qui dirige le conglomérat Docas Investimentos, partenaire du Club Med au Brésil, "prendra jusqu'à 20% de Gaillon Invest II", véhicule financier principal de l'offre. Il pourrait détenir in fine plus de 15% du capital du Club Med, en fonction de l'apport de titres qui sera réalisé. M. Tanure s'était dit en novembre prêt à injecter 90 millions de dollars (72 millions d'euros) dans le spécialiste français des villages de vacances, via sa société d'investissement immobilier Costa do Pero. Le Français Ardian conserve une part symbolique dans la nouvelle offre, qui est soutenue par le P-DG du Club Méditerranée Henri Giscard d'Estaing et d'autres manageurs du groupe. Les autres alliés restent la compagnie d'assurance portugaise Fidelidade, contrôlée par Fosun et le Chinois U-Tour, l'une des principales agences de voyage en Chine, qui distribue des séjours Club Med et est cotée à la Bourse de Shenzhen.
Bataille interminable Le camp Fosun surenchérit ainsi de 0,50 euro sur les 23 euros par action proposés par l'Italien Andrea Bonomi et ses partenaires. Parmi ceux-ci figure là aussi un groupe brésilien, le spécialiste de l'hôtellerie GP Investments, ainsi que le fonds américain KKR et l'homme d'affaires sud-africain Sol Kerzner. Le relèvement de l'offre Fosun est modeste, il excède tout juste les 2% supplémentaires requis. Le marché, gourmand depuis des semaines à la perspective d'une nouvelle surenchère, semblait attendre davantage: le titre Club Med cotait autour de 24 euros lundi matin, à quelques heures de l'expiration du délai fixé au camp Fosun pour une éventuelle contre-attaque. Mais l'interminable bataille d'OPA sur Club Med a déjà fait monter le prix à un niveau élevé, relève un expert du dossier. "Les montants atteints impliqueront d'être patient pour voir la couleur de l'argent", dit-il en évoquant la question du retour sur investissement. Les syndicats du groupe s'inquiètent des efforts qui pourraient ensuite être demandés au groupe. Du côté de Fosun, on rappelle que le conglomérat s'inscrit dans la perspective d'un engagement de long terme dans Club Med. Fosun cible notamment le développement du marché chinois, où le Club Med tisse un réseau de villages en misant sur la forte croissance attendue des voyages et des loisirs dans un pays qui produit chaque jour son lot de nouveaux riches. Ses nouveaux clients, Club Med les a glanés en 2013 uniquement auprès des pays émergents: 25 000 au total, selon les résultats annuels contrastés du groupe dévoilés vendredi, dont 20 000 Chinois et... 5 000 Brésiliens. Le Brésilien Nelson Tanure, engagé avec Club Med dans le projet du village de Buzios au Brésil, table sur plusieurs autres développements au Brésil avec Club Med. Il veut voir les affaires avancer. Or elles ont pris du retard à mesure que l'OPA s'étirait en longueur. Buzios est désormais renvoyé à 2017. Ouvert il y a plus de 18 mois, le dossier Club Med est le plus long de l'histoire des OPA à la Bourse de Paris. La première OPA amicale annoncée fin mai 2013 par les actionnaires Fosun et Ardian avec la direction de Club Med offrait 17 euros par action et valorisait le groupe à 540 millions d'euros. Fosun et ses alliés avaient jusqu'à 18h00 pour surenchérir. L'AMF avait fixé cette date-butoir le 13 novembre, en recourant pour la première fois à une procédure qui permet de raccourcir les délais dans les OPA.