Les prix du pétrole ont vivement rebondi vendredi, achevant une semaine agitée sur une note d'optimisme après la parution d'un rapport jugé encourageant de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Le prix du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en février a monté de 2,44 dollars, à 48,69 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour mars, désormais le plus échangé, a clôturé à 50,17 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 2,50 dollars par rapport à la clôture de jeudi. On profite d'un rapport publié aujourd'hui par l'AIE, qui a réduit de 350 000 barils par jour sa prévision sur la production pour les pays non-membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en 2015 et annoncé une hausse des prix lors de la seconde moitié de l'année, a rapporté Bob Yawger, de Mizuho Securities. Hors Opep, l'AIE prévoit désormais une production en hausse de 950 000 barils par jour, pour une offre totale de 57,5 millions de baril par jour (mbj) sur l'année. L'AIE prévoit que les producteurs dont le pétrole est plus cher à extraire, comme le pétrole de schiste américain, devraient être les premiers à jeter l'éponge, car beaucoup ont déjà réduit leurs dépenses d'investissements a noté Jasper Lawler, de CMC Markets. La production des pays de l'Opep devrait également légèrement baisser selon l'agence, atteignant 29,8 mbj en 2015 soit un peu moins que le plafond fixé par le cartel à 30 mbj. Sur la demande, l'AIE a maintenu en l'état ses prévisions et prévenu que la chute des cours ne serait pas suffisante pour relancer la consommation dans un contexte économique peu dynamique. On ne peut pas douter que le marché finira par se rééquilibrer, mais on continue à se demander à quel rythme, a estimé Tim Evans de Citi.
Volatilité importante Les prix du brut ont aussi bénéficié vendredi d'une corrélation avec la Bourse de New York, où le Dow Jones prenait un peu plus de 0,5% après une série de séances de baisse, a jugé Bob Yawger. Les analystes restent prudents quant à l'explication à donner de l'évolution récente des cours du pétrole, qui évoluent toujours sur des montagnes russes, comme l'ont souligné les experts de Commerzbank, au lendemain d'une baisse de plus de deux dollars. Les cours se remettent en effet d'une chute en début de semaine à leur plus bas niveau en près de six ans, près de 45 dollars le baril, et, depuis plusieurs séances, changent régulièrement de tendance en cours de journée. Ils ont finalement peu évolué sur la semaine, gagnant 33 cents. La semaine a été très volatile: tout le monde tente de trouver un prix plancher, a commenté John Kilduff d'Again Capital. Les échanges sont assez fluctuants à l'approche de la fin du contrat pour février (mardi), avec des prises de positions et des paris à court terme. D'un côté, le marché a l'air prêt à se lancer dans un mouvement de reprise après la chute considérable des prix observée dans les dernières semaines, ont ajouté les experts de Commerzbank. De l'autre, les fondamentaux du marché continuent de suggérer une baisse des prix. Il est donc difficile de trouver un plancher durable, et on peut donc s'attendre à ce que ces fluctuations importantes continuent. Le pétrolier russe Loukoïl a ainsi estimé que le cours du baril de pétrole pourrait tomber jusqu'à 25 dollars, tandis que le franco-américain Schlumberger a annoncé la suppression de 9 000 emplois. Sur le plan international, le ministère vénézuélien du Pétrole a annoncé que le baril produit dans le pays avait chuté sous la barre des 40 dollars pour terminer la semaine à 39,19 dollars le baril. En Asie, les prix du pétrole rebondissaient légèrement dans les échanges matinaux en raison d'achats d'opportunité, après la forte correction de la veille due à des déclarations inquiétantes de l'Opep dans une conjoncture déjà morose. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en février prenait 31 cents, à 46,56 dollars tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, dont c'était le premier jour de cotation à cette échéance, s'adjugeait 20 cents, à 48,47 dollars.
L'AIE maintient sa prévision de demande 2015 La chute actuelle des prix du pétrole n'est pas suffisante pour relancer la consommation d'or noir dans un contexte économique peu dynamique, a estimé vendredi l'Agence internationale de l'énergie (AIE) qui a maintenu sa prévision de croissance de la demande pétrolière mondiale pour 2015. La consommation de pétrole devrait croître de 0,9 million de barils par jour l'an prochain pour atteindre 93,3 mbj, détaille l'AIE dans son rapport mensuel de janvier, maintenant ainsi les prévisions de son précédent rapport. En décembre, l'Agence basée à Paris avait révisé à la baisse sa prévision de croissance de la demande pour 2015, auparavant estimée à 1,1 mbj. "A de rares exceptions près comme aux Etats-Unis, le bas niveau des prix ne semble pas avoir stimulé la demande jusqu'ici. Les habituels bénéfices des prix bas, comme l'augmentation du pouvoir d'achat des ménages et la baisse des coûts dans l'industrie, ont été largement neutralisés par la faiblesse des conditions économiques, elle-même la cause majeure ayant conduit à cette dégringolade des prix", explique-t-elle. A cela s'ajoute également la dépréciation de certaines monnaies dans les pays consommateurs, la suppression des subventions publiques aux produits pétroliers, la baisse des dépenses dans les pays producteurs ou encore les craintes d'une déflation dans certains pays. Le prix du baril de pétrole s'est échangé jeudi à 46,25 dollars à New York, perdant plus de 50% depuis juin. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février, dont c'était le dernier jour de cotation, valait 48,35 dollars. L'AIE, qui défend les intérêts des pays consommateurs, estime qu'"une reprise des prix, sauf évènement majeur, n'est pas imminente", même si "des signes laissent penser que le vent va tourner", notamment sur le front de l'évolution de l'offre dans les pays non membres de l'Opep. L'Agence a réduit de 350 000 barils par jour sa prévision de croissance de la production dans ces pays pour 2015 par rapport à son précédent rapport. Elle s'établit désormais à 950 000 barils par jour, pour une production totale de 57,5 mbj sur l'année. La production des pays de l'Opep devrait quant à elle atteindre 29,8 mbj en 2015 selon le rapport, soit un tout petit peu moins que la prévision de 30 mbj annoncée par l'organisation. Au total, 94,2 mbj ont été produits le mois dernier, soit 155 000 barils de plus que le mois précédent, principalement en raison de l'augmentation de la production en Irak, à son plus haut niveau depuis 35 ans et qui a compensé les fortes perturbations en Libye. L'offre a ainsi augmenté de 2,1 mbj en 2014 par rapport à 2013, soutenue par la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis, ce qui a permis aux pays non membres de l'Opep d'enregistrer une croissance record de 1,9 mbj l'an dernier.
Le pétrole vénézuélien chute sous les 40 dollars Le baril de pétrole brut vénézuélien, et ses dérivés, a chuté sous la barre des 40 dollars pour terminer la semaine à 39,19 dollars le baril, a annoncé vendredi le ministère du Pétrole à Caracas. Le baril de pétrole vénézuélien a terminé à 39,19 dollars entre les 12 et 16 janvier 2015, a indiqué le ministère sur son compte Twitter. Depuis juin 2014, le brut vénézuélien a perdu 61% de sa valeur. Ce niveau est le plus bas enregistré depuis la crise financière mondiale de 2008. Le pétrole vénézuélien avait terminé l'année 2014 à un cours moyen de 88,42 dollars, grâce aux cours élevés enregistrés au premier semestre. En 2013, le prix moyen du baril local s'était établi à 98,08 dollars. Assis sur les plus importantes réserves de pétrole au monde, le Venezuela tire 96% de ses devises des exportations pétrolières, malgré une production inférieure à trois millions de barils par jour. Les analystes estiment que le pays a besoin d'un baril à 100 dollars pour tenir son budget. En raison de l'effondrement des cours ces derniers mois, le président Nicolas Maduro effectue depuis une dizaine de jours une tournée internationale en Chine, en Iran, en Arabie saoudite, au Qatar, en Algérie ou encore en Russie, pour tenter de trouver une parade à la baisse des prix ainsi que des financements pour donner de l'oxygène à son économie déjà en récession. Le Venezuela avait échoué en novembre à convaincre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), notamment l'Arabie saoudite, plus gros producteur mondial, a réduire sa production pour soutenir les cours.