La liste des réformes envoyée par la Grèce à l'UE est un point de départ valide pour qu'Athènes et ses créanciers s'entendent sur la poursuite du financement au pays jusqu'à fin juin, a estimé hier la Commission européenne. La liste est suffisamment complète pour constituer un point de départ valide en vue d'une conclusion réussie de la revue du programme grec de redressement, qui doit permettre d'ici au mois d'avril la reprise des versements à la Grèce de l'assistance financière européenne, a précisé cette source. Nous sommes notamment encouragés par le ferme engagement à combattre l'évasion fiscale et la corruption, a ajouté la source de l'exécutif bruxellois. La Grèce doit désormais spécifier davantage les réformes, pour qu'elles soient convenues avec ses créanciers avant fin avril, conformément à la décision de l'Eurogroupe vendredi, a-t-elle ajouté. Les deux autres institutions créancières de la Grèce, la BCE et le FMI, doivent également donner leur avis sur cette liste de réformes et il doit être positif, a rappelé une autre source européenne. Si les trois institutions jugent les avancées positives, les 18 partenaires de la Grèce au sein de la zone euro seront appelés à se prononcer sur cette liste de réformes, lors d'une conférence téléphonique prévue mardi après-midi. Cette liste est une première étape, ce n'est pas un nouveau mémorandum, a affirmé le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, devant des parlementaires européens à Bruxelles. C'est une indication du type de réformes que les autorités grecques souhaitent favoriser, remplacer ou poursuivre, a-t-il ajouté, soulignant qu'il va falloir du temps pour aller dans les détails et mettre sur pied un nouveau contrat avec la Grèce. Le gouvernement grec est très sérieux dans sa volonté de réformes, a-t-il estimé, même s'il s'agit juste d'un premier pas. La finalisation des réformes présentées par la Grèce devra être faite en coopération étroite avec ses créanciers, cela prendra du temps, a-t-il souligné. Les autorités grecques auront ensuite jusqu'à fin avril pour finaliser leur liste de réformes, dont dépend le versement de l'aide financière restant dans le programme en cours, soit plus de 3,5 milliards d'euros côté européen. Cette liste est arrivée dans les ministères des Finances de la zone euro lundi 23 février à 22H32 GMT, elle est maintenant à l'examen de la Commission, de la BCE et du FMI et sera l'objet d'une discussion de l'Eurogroupe au niveau des ministres, a indiqué une source gouvernementale allemande. Elle a été reçue dans les temps, a uniquement indiqué le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas. La présentation de cette liste était la première des conditions fixées par la zone euro à la prolongation de quatre mois de l'assistance financière à la Grèce.
Des mesures sociales Parmi les mesures annoncées figurent toutes les annonces électorales de mesures sociales d'urgence pour aider les plus vulnérables, précise la même source sans en chiffrer le coût. Il est notamment question de livraison d'électricité gratuite à 300'000 familles dans le besoin. S'y ajoutent l'accès gratuit aux services de soins, la distribution de coupons d'aides alimentaires et transport pour les plus modestes, ainsi qu'un soutien financier spécifique aux retraités touchant de faibles pensions. D'autres propositions, citées par cette source, pourraient provoquer le débat avec les créanciers internationaux. Parmi elles figurent le blocage des saisies de la résidence principale et des mesures incitatives au paiement des arriérés d'impôts et d'emprunts bancaires passant par un effacement d'une partie des sommes dues. Le volet structurel est plus consensuel avec un système fiscal "juste", la lutte contre l'évasion fiscale, la corruption et la contrebande d'essence et de cigarettes. Une mesure qui devrait rapporter 2,3 milliards d'euros par an (quelque 2,47 milliards de francs). Une "réorganisation de la fonction publique" est prévue pour diminuer la bureaucratie.
Critiques internes Le porte-parole du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, Martin Jäger, a dit lundi ne voir aucune raison que la prolongation de l'aide ne soit pas validée cette semaine par le Bundestag si Athènes présentait une liste cohérente et plausible de réformes. La chambre basse du parlement allemand doit, comme d'autres parlements nationaux dans l'UE, valider cette prolongation. La liste publiée lundi soir ne mentionne pas l'élévation graduelle du salaire minimum de 580 à 750 euros prévue par Syriza, mal vue à Bruxelles. Si Athènes passe à l'acte, il y aura six pays en Europe qui auront un salaire minimum inférieur, entre autres la Slovaquie et l'Espagne, tout en devant continuer à soutenir Athènes financièrement, a fait remarquer dans une interview lundi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Cependant le gouvernement d'Alexis Tsipras doit aussi se garder sur sa gauche. Ainsi le vétéran de Syriza et eurodéputé Manolis Glezos, 92 ans, a vertement critiqué les concessions faites à la zone euro. Il s'est excusé auprès du peuple grec d'avoir participé à cette illusion. Pour M. Tsipras, la marge de manœuvre est très étroite car il s'est engagé à ne pas faire déraper les finances publiques. C'est logique qu'il y ait des mesures dans la philosophie ce de que souhaite Syriza, mais ils doivent tenir compte aussi de l'équilibre budgétaire, a résumé le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. Outre l'examen de passage mardi, la mise en œuvre des réformes fera l'objet d'une évaluation en avril et la zone euro ne devrait pas, d'ici là, débourser 7,2 milliards d'euros restant dans le programme d'aide, alors qu'Athènes doit faire face à des échéances vis-à-vis de ses créanciers dès mars. L'incertitude entourant la suite des événements risque en outre de peser sur l'activité économique, selon les analystes d'IHS Global Insight. Ils anticipent un déclin du Produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre, c'est-à-dire un retour en récession alors que la Grèce venait de sortir la tête hors de l'eau en 2014 après six années de dépression.