Emirates a changé de fournisseur pour motoriser ses nouveaux Airbus A380 et commandé vendredi au Britannique Rolls-Royce des moteurs pour 50 de ses très gros porteurs, un contrat historique de 9,2 milliards de dollars. La compagnie aérienne de Dubaï, qui avait jusqu'à présent confié la motorisation de ses A380 à l'américain Engine Alliance (General Electric et Pratt & Whitney), commande ainsi au moins 200 moteurs à Rolls-Royce, qui s'occupera également de leur entretien. Changer de motoriste est une pratique plutôt inhabituelle pour les compagnies aériennes, qui préfèrent en général un seul fournisseur pour optimiser les coûts. "Cette commande représente le plus gros contrat hors défense pour une société d'ingénierie britannique", a souligné Tim Clark, le président d'Emirates, lors d'une conférence de presse à Londres. Les moteurs Trent 900 équiperont les Airbus A380 qui avaient été commandés au salon aérien de Dubaï en 2013 et qui seront livrés à partir de l'an prochain. Emirates est le plus important client du très gros porteur d'Airbus avec 140 exemplaires commandés à ce jour. La compagnie se développe à grande vitesse en attirant les passagers avec ses avions récents, son service de qualité et sa plate-forme de correspondance de Dubaï. L'aéroport du petit émirat a récemment surclassé Londres Heathrow pour devenir le numéro un mondial par le nombre de passagers internationaux. Cette commande représente une très bonne nouvelle pour Rolls-Royce, qui a connu ces derniers temps une mauvaise passe financière et annoncé l'an dernier la suppression de 2 600 emplois dans le monde. "Nous sommes ravis qu'Emirates ait une nouvelle fois fait confiance à notre technologie avec le plus gros contrat de notre histoire", a commenté Josh Rishton, le directeur général du motoriste, qui équipe déjà d'autres types d'appareils de la compagnie. Ce contrat permettra de soutenir "des milliers d'emplois chez Rolls-Royce et nos sous-traitants au Royaume-Uni et dans nos opérations à travers le monde", a-t-il souligné. A la Bourse de Londres, l'action Rolls-Royce était proche de l'équilibre à la mi-journée, dans un marché très nettement orienté à la baisse.
Emirates espère un A380 neo En passant cette commande, Emirates a de nouveau indiqué espérer d'Airbus une nouvelle version remotorisée de l'A380 dans le futur, dite neo ("new engine option"), ce qui permettrait de réduire encore la consommation en kérosène de l'appareil. "Nous attendons le résultat des délibérations à Toulouse", mais "nous sommes très intéressés par le neo", a répété Tim Clark, qui a déjà multiplié les appels du pied à l'avionneur européen. "Mais je ne veux pas suggérer que l'avion actuel n'est pas une très bonne machine", a-t-il nuancé. La commande attribuée à Rolls-Royce a été interprétée par certains analystes comme un pari sur une nouvelle motorisation, avec l'espoir que Rolls-Royce soit plus enclin que son concurrent Engine Alliance à développer un nouveau moteur. "C'est une victoire stratégique pour RR d'un côté... mais nous pensons aussi que cela augmente la probabilité d'un programme A380 neo", jugent ainsi les analystes de Barclays. Une interprétation toutefois rejetée par le président d'Airbus Fabrice Brégier. "N'y voyez pas là une marque évidente pour le futur. Ce n'est à ma connaissance pas le cas. J'imagine qu'Emirates a considéré que pour son intérêt, pour sa flotte, avoir deux moteurs c'était la meilleure stratégie à avoir", a-t-il réagi vendredi lors d'une conférence à Paris.