La situation économique s'est fortement dégradée en Grèce depuis le début de l'année, avec la plupart des voyants au rouge (croissance, déficits, dette et inflation), selon les prévisions économiques de la Commission européenne publiées hier. La croissance grecque devrait s'élever à seulement 0,5% cette année, en net recul par rapport aux dernières prévisions de février, où la Commission européenne tablait sur +2,5%. Le gouvernement grec, dirigé depuis fin janvier par la gauche radicale du Premier ministre Alexis Tsipras, table sur une croissance de 2,9% cette année. Mais l'économie grecque, qui s'était redressée en milieu d'année dernière, s'est contractée de nouveau fin 2014. L'élan positif a été brisé par les incertitudes depuis l'annonce d'élections anticipées en décembre, souligne la Commission européenne, pour qui l'absence actuelle de clarté sur la politique du gouvernement vis-à-vis de ses créanciers (UE et FMI) fait empirer la situation. Si la croissance devrait être soutenue cette année par la consommation, le tourisme et l'industrie maritime, l'investissement est à la peine, dans un climat de dégradation de la confiance, détaille l'exécutif européen. La situation se dégrade aussi sur le front des finances publiques: la Commission européenne prévoit un déficit de 2,1% cette année, puis de 2,2% en 2016. Il y a à peine trois mois, elle tablait sur un excédent de 1,1%, puis de 1,6%. La dette grecque, déjà la plus élevée de la zone euro, devrait elle aussi exploser pour atteindre 180,2% cette année, avant de légèrement refluer à 173,5% en 2016. En février, la Commission européenne prévoyait une dette à 170,2% en 2015 et 159,2% l'an prochain.
Athènes demande un versement d'argent rapide à ses créanciers La veille, la Grèce a demandé avec insistance à ses créanciers de lui verser de l'argent en échange des récents progrès accomplis dans les négociations, assurant qu'il n'y a plus de liquidités dans l'économie grecque. Les progrès enregistrés doivent constituer un passeport pour l'assouplissement du financement de l'économie grecque, a estimé, lors d'un point de presse à Athènes, Gabriel Sakellaridis, le porte-parole du Premier ministre Alexis Tsipras. Selon M. Sakellaridis, Athènes souhaite arriver à un accord global (avec ses créanciers, UE, FMI, BCE) d'ici fin mai ou fin juin, un accord ayant la plus grande durée possible, et sans passer nécessairement par un accord intermédiaire. Interrogé sur le point de savoir si cet accord global comprendrait la renégociation de la dette, M. Sakellaridis a répondu : C'est le gouvernement qui décidera le moment opportun de poser cette question. Selon une source européenne, il n'est cependant pas question pour l'instant de discuter d'un troisième plan d'aide, au-delà de l'accord intermédiaire de financement: nous voulons conclure ce programme, c'est le découpage prévu. M. Sakellaridis a reconnu qu'il n'y a plus de liquidités dans l'économie grecque, et que, de toute façon, on ne peut pas procéder à des réformes efficaces dans un état d'asphyxie financière. Pour nous, il est très important qu'intervienne le plus vite possible la libération de liquidités, a-t-il insisté, citant même la date d'aujourd'hui comme désirable. Il a estimé qu'avec les propositions faites à ses créanciers, le gouvernement grec a couvert une distance importante et fait des concessions. Nous ne pouvons accepter les attaques disant que nous ne soumettons que des idées et aucune proposition concrète, a ajouté le porte-parole, selon lequel ce reproche est le fait de partenaires qui ne sont pas d'accord avec les idées du gouvernement de gauche radicale. M. Sakellaridis a suggéré qu'un accord pourrait intervenir sur tous les points pour lesquels il y a un terrain d'entente, quitte à ce que les questions qui divisent fassent l'objet d'un nouveau round de négociations. Une source européenne a cependant indiqué lundi qu'il n'était pas question à ce stade de scinder les réformes en plusieurs paquets. Après trois jours de pourparlers au sein du Groupe de Bruxelles, composé de représentants de la Grèce et de ses créanciers, qui se sont tenus à Bruxelles depuis jeudi, des rendez-vous sont encore prévus jusqu'à mercredi. Les trois jours de discussions entre experts du groupe de Bruxelles se sont déroulés dans une ambiance meilleure que d'habitude, ce qui semble tenir au remaniement par M. Tsipras de l'équipe de négociation politique grecque. Une autre source européenne a souligné lundi quelques progrès, des rapprochements sur certains points, moins sur d'autres dans des discussions marquées par davantage de bonne volonté, la présence de négociateurs plus compétents. Des points importants restent non réglés, portant sur le droit du travail ou le montant des retraites. Ces points constituent des lignes rouges infranchissables, a prévenu Athènes. Or le temps presse pour le déblocage des derniers 7,2 milliards d'euros promis par l'Union européenne au pays en cas d'accord. A en croire les officiels du gouvernement, les caisses sont vides alors qu'Athènes doit rembourser à ses créanciers un total d'environ un milliard d'euros en mai, à partir de mercredi.