Après l'Afrique du Sud pour le Mondial-2010, le Maroc est maintenant accusé d'avoir versé des pots-de-vin pour tenter d'obtenir l'organisation de la Coupe du monde 1998, attribuée à la France, selon des documents publiés mercredi 3 juin au soir par la justice américaine. Ancien homme fort du football sur le continent américain pendant deux décennies, Chuck Blazer a affirmé en 2013 à la justice américaine avoir été témoin d'un accord passé entre le comité de candidature marocain et une personne, "complice N.1", décrite comme détenant des postes élevés au sein de la FIFA et de la Concacaf. Blazer était alors le secrétaire général de la Concacaf (Confédération d'Amérique du nord, Amérique centrale et Caraïbes). Les deux hommes avaient été invités au Maroc "quelques mois avant la désignation" du pays-hôte de la Coupe du monde 1998. "Blazer était présent lorsqu'un représentant du comité de candidature marocain a offert un pot-de-vin au complice N.1 en échange de sa voix pour le Maroc dans le scrutin pour le pays-hôte de la Coupe du monde 1998 et le conspirateur N.1 a accepté le pot-de-vin", précise le document qui inculpe Blazer de racket et corruption et qui a été déclassifié mercredi. "Après leur voyage, le complice N.1 a demandé à Blazer de contacter les représentants de la candidature marocaine pour déterminer quand le versement serait effectué. Blazer s'est entretenu au téléphone avec eux à plusieurs reprises, y compris depuis les bureaux de la Concacaf (alors basés, NDLR) à New York", poursuit le document. "Bien que le paiement ait été effectué, le comité exécutif de la FIFA a préféré le 2 juillet 1992 la candidature de la France à celle du Maroc", conclut le texte. Le montant de la somme versée n'est pas précisé. En 1992, la France, seule concurrente du Maroc, avait remporté le scrutin par douze voix contre sept. La semaine dernière, la justice américaine avait indiqué qu'elle soupçonnait le Trinidadien Jack Warner, ancien président de la Concacaf, d'avoir empoché 10 millions de dollars en échange de trois voix en faveur de l'Afrique du Sud lors du vote pour l'attribution du Mondial-2010. L'Afrique du Sud, organisatrice de la première Coupe du monde sur le continent africain, a depuis reconnu que 10 millions de dollars ont été versés au football caribéen, par fraternité panafricaine, mais a balayé toute idée de corruption. La FIFA a acheté le silence de l'Irlande Chaque jour apporte son lot de révélations sur la FIFA, et après les pratiques de corruption, voici celles du clientélisme. Nul doute que cela n'est pas encore fini et que plusieurs têtes vont encore tomber. La FIFA a versé cinq millions d'euros à la fédération irlandaise de football (FAI) pour la dissuader d'engager des poursuites judiciaires après la qualification litigieuse de la France face à l'Irlande en match de barrage à la Coupe du monde 2010, a déclaré le directeur exécutif de la FAI, jeudi 4 juin. La France avait décroché le 18 novembre 2009 son billet pour le Mondial 2010 en Afrique du Sud au terme d'un match retour conclu sur le score de 1-1 grâce une égalisation au cours de laquelle Thierry Henry avait contrôlé le ballon de la main avant d'adresser une passe décisive au défenseur William Gallas lors de la prolongation. Les Français avaient remporté le match aller 1-0 à Dublin. Interrogé sur la radio-télévision publique irlandaise RTE, John Delaney a déclaré : " Il s'agissait d'un paiement fait à la fédération pour qu'elle n'entame pas de poursuites ". Face au tollé provoqué par les conditions dans lesquelles la France s'était qualifiée, l'Irlande avait demandé au président de la FIFA, Sepp Blatter, d'être invitée comme 33e nation participant à la phase finale en Afrique du Sud. John Delaney avait, à l'époque, critiqué la manière dont le patron du football mondial avait géré cette affaire et lui avait reproché de s'être montré " irrespectueux ". " Nous estimions que nous avions un véritable contentieux juridique avec la FIFA en raison de la manière dont les choses avaient tourné à cause de la main de Thierry Henry, mais également en raison de la manière dont (Sepp) Blatter s'était comporté, si vous vous en souvenez, sur scène en ricanant et se moquant de nous ", a expliqué John Delaney. Peu avant le tirage au sort de la phase finale de la Coupe du monde 2010 à Johannesburg, Sepp Blatter avait évoqué sur scène la requête de l'Irlande d'être invitée et avait déclenché l'hilarité dans la salle. " Ce jour-là, lorsque je suis allé lui dire ce que je pensais de lui, des allusions ont été faites et nous sommes parvenus à un accord ", a poursuivi le patron de la FAI." Cela se passait le jeudi et le lundi l'accord était signé et scellé. C'était un très bon accord pour la FAI, un accord tout à fait légitime ", a-t-il ajouté. John Delaney n'a pas fourni le montant de la compensation offerte par la FIFA mais a simplement dit à son interlocuteur de la RTE : " Je suis soumis au devoir de confidentialité mais vous avez avancé un chiffre tout à l'heure et je vous dis bravo ". A l'époque, plusieurs voix s'étaient élevées pour demander que le match retour soit rejoué. Thierry Henry avait lui-même estimé que cela serait " la solution la plus équitable ".