Le constructeur d'automobiles japonais Toyota a annoncé son intention de monter à 100%, contre 51% actuellement, dans sa filiale de mini-véhicules Daihatsu, bien implantée en Asie du sud-est, une opération qui vise à étendre son implantation dans cette région. Il va procéder via un échange d'actions qui devrait prendre effet début août, quelques jours après le retrait de l'action Daihatsu de la Bourse de Tokyo. Les termes de l'offre sont les suivants: le numéro un mondial propose de remettre 1 action Toyota pour environ 4 actions Daihatsu apportées. Toyota contrôle déjà 51,19% de Daihatsu avec qui il avait noué un partenariat en 1967 et dont il avait pris la majorité en 1998. L'acquisition de la part restante correspond à un montant évalué à environ 389 milliards de yens (2,9 milliards d'euros), selon les calculs de l'agence Bloomberg. Daihatsu revendique une part de 32% sur le marché nippon des véhicules de petit gabarit (cylindrée de moins de 660 cm3). Il occupe aussi une place de choix en Malaisie et en Indonésie. Cet accord vise à "adopter une stratégie unifiée sur le segment des mini-voitures", expliquent les deux groupes dans un communiqué commun. "Nous allons confier notre activité de mini-voitures à Daihatsu", a expliqué le P-DG de Toyota, Akio Toyoda, lors d'une conférence de presse dans la soirée, aux côtés de son homologue, Masanori Mitsui. Ce dernier "a été surpris au début quand nous lui avons dit que nous voulions renforcer nos relations, mais il a ensuite reconnu que les ressources limitées de sa société ne lui permettraient pas de progresser" autant que souhaité, a-t-il raconté. M. Mitsui a confirmé avoir accepté de s'allier à Toyota pour "franchir une nouvelle étape dans la croissance" du groupe. "La marque Daihatsu ne disparaîtra jamais", a assuré M. Toyoda, disant son ambition d'en faire une marque mondiale "à l'image des Mini du constructeur allemand BMW". Les deux partenaires veulent aussi axer leur collaboration sur les technologies (environnement, sécurité...) et les marchés émergents, où ils vont mettre en commun leurs sites de production.
Cap sur l'Asie Pour le groupe Toyota, qui a conservé le titre de premier constructeur mondial en 2015 avec plus de 10 millions de véhicules toutes marques confondues (Toyota, voitures de luxe Lexus, mini-véhicules Daihatsu, poids lourds Hino), c'est un moyen de renforcer encore son hégémonie, principalement en Asie du sud-est. Parallèlement, Toyota réfléchirait, selon des informations de presse, à une alliance avec un autre spécialiste des petites voitures, Suzuki, qui domine avec son partenaire local le secteur en Inde, où il revendique environ 40% de parts de marché. Daihatsu, qui compte 12 500 salariés et vend 794 000 véhicules par an, pourrait de son côté bénéficier de la force de frappe de Toyota, en plus de ses technologies hybrides ou à pile à combustible ainsi que de ses fonctionnalités de sécurité avancées. Très prisées dans l'archipel, les mini-voitures ont cependant vu leurs ventes chuter de 16,6% en 2015 sur fond de morosité économique et de vieillissement de la population. Cette contre-performance s'explique en outre par une moindre attractivité fiscale du fait d'une revalorisation en avril 2015 de la taxe annuelle à payer. Daihatsu, compagnie née à Osaka en 1907, "avait besoin d'être soutenu", a commenté pour l'agence Bloomberg Koji Endo, analyste chez Advanced Research Japan, soulignant "la rude compétition" que lui livre Suzuki. A l'étranger par ailleurs, "le marché indonésien ne se porte pas aussi bien qu'attendu, en particulier au cours des deux dernières années", a-t-il ajouté. Signe de l'enthousiasme des investisseurs, les rumeurs avaient fait bondir mercredi le titre Daihatsu de plus de 16%. Il a encore gagné 3,50% vendredi.