L'Iowa, première étape des primaires dans la course à la Maison Blanche, a livré son verdict. Donald Trump roi des sondages, a trébuché face à Ted Cruz, tandis que Hillary Clinton était quasiment à égalité avec Bernie Sanders. La soirée est sombre pour le magnat de l'immobilier Donald Trump, 69 ans, pourfendeur du "politiquement correct", au discours résolument populiste et provocateur. Beaucoup d'électeurs évangéliques (63% des votants dans l'Iowa) lui ont préféré le sénateur du Texas Ted Cruz, qui, selon les projections des télévisions américaines, a remporté 28% des voix dans cet Etat rural. Créature du Tea Party, détesté au Congrès pour son obstruction permanente, le vainqueur du jour a fait campagne contre le "cartel" de Washington. "Ce soir est une victoire pour les millions d'Américains qui ont eu à supporter le fardeau de sept années de compromis totalement hors de contrôle à Washington", a-t-il lancé à l'annonce de sa victoire devant ses partisans. Donald Trump, qui a suscité la polémique par ses propos anti-immigrés et anti-musulmans, a adopté un ton inhabituellement humble. Il a remercié Ted Cruz, reconnu qu'il n'était que second et lancé: "je suis honoré, je suis honoré". Au coude à coude avec Marco Rubio (environ 23% des voix), le milliardaire de 69 ans (quelque 24%), qui disposait pourtant d'une longue avance dans les sondages, sait qu'il va devoir s'adapter. "Demain nous serons dans le New Hampshire et nous nous battrons pour obtenir la nomination républicaine", a-t-il souligné dans un discours au ton inhabituellement posé et conciliant. Bon score pour Rubio Le très bon score de Marco Rubio, solide troisième chez les républicains selon des résultats partiels, devait lui faire pousser un "ouf" de soulagement aux ténors du "Grand Old Party". Ces derniers sont en effet en quête d'un candidat plus consensuel pour l'élection du 8 novembre qui désignera le successeur de Barack Obama. "Pendant des mois, on nous a dit que je n'avais aucune chance car je portais un message optimiste ou que mes cheveux n'étaient pas gris", a immédiatement réagi, tout sourire, le sénateur de Floride au visage de premier de classe. Appelés à choisir entre 12 républicains d'un côté et trois démocrates de l'autre, les électeurs des deux partis se sont rendus en nombre dans les bureaux de vote (écoles, bibliothèques, gymnases, etc.) de ce petit Etat agricole du Midwest. Lors de ces "caucus" (réunions) au format singulier, les républicains votent à bulletin secret, les démocrates forment des groupes par candidat afin de répartir des délégués. Les primaires du New Hampshire suivront la semaine prochaine, puis les autres Etats jusqu'en juin. Les candidats des deux partis seront désignés en juillet.
Le soupir de Clinton Hillary Clinton, avec 49,8%, et Bernie Sanders (49,6%) étaient pratiquement à égalité à l'issue du caucus démocrate de l'Iowa, sur la base de 95% des résultats connus. Le sénateur du Vermont de 74 ans, clairement ancré à gauche, s'est réjoui de ce suspense. "Nous n'avions pourtant pas d'organisation politique, pas d'argent, pas de nom, on ne nous connaissait pas", s'est-il étonné. Première à s'exprimer après le caucus démocrate, Hillary Clinton a déclaré elle que les démocrates devaient faire montre d'unité face à la vision de la société prônée par les républicains. Elle a dit pousser un soupir de soulagement à l'issue de cette première étape des "primaires". Bernie Sanders éreinte sans relâche l'ex-secrétaire d'Etat sur ses liens avec Wall Street et promet à l'Amérique une véritable "révolution politique". L'affaire de la messagerie personnelle de Clinton, par laquelle ont transité des informations classées secrètes a posteriori, continue d'empoisonner la campagne de l'ancienne First Lady, dont le mari Bill a fait campagne à ses côtés.