Lors de sa visite de deux jours achevée mardi en Tunisie, le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé les Libyens à s'unir face à "la montée en puissance" du groupe terroriste autoproclamée "Etat islamique" (Daech/EI) en Libye, ont rapporté mardi des médias. "Nous sommes très sérieusement alarmés et préoccupés par l'expansion de Daech en Libye. Nous devons l'enrayer", a déclaré Ban Ki-moon dans une interview exclusive à l'agence de presse TAP. Exhortant les responsables libyens à transcender leurs divergences et à être "unis", il a importé au gouvernement d'union nationale d'être formé le plus tôt possible "si nous voulons faire face au terrorisme et empêcher l'expansion de Daech". "Ils (Les libyens) doivent régler ces questions avec un seul gouvernement, une seule voix et un sens de l'unité", a-t-il martelé, indiquant avoir rencontré, lundi à Tunis, Martin Kobler, chef de la Mission d'appui des Nations unies en Libye, provisoirement établie à Tunis. Revenant sur les options à envisager en cas de persistance du blocage de la situation politique en Libye, M. Ban a répondu qu'il y avait plusieurs questions en examen au niveau du Conseil de sécurité et du Secrétariat des Nations unies", a-t-il dit, sans donner plus de précisions. Le président du Conseil présidentiel, Faiez Sarraj, qui avait proposé au parlement, pour adoption, un nouveau staff gouvernemental, a déclaré vendredi que l'exécutif s'installera à Tripoli "dans les prochains jours". Mais en parallèle, le gouvernement de Tripoli (non reconnue par la communauté internationale) a décrété "l'état d'urgence maximale" et bloqué l'accès à l'aéroport de la ville. Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Libye, Martin Kobler, avait, pour sa part, déclaré avoir été "empêché de se rendre à la capitale libyenne". La visite du Secrétaire général des Nations Unies en Tunisie, la troisième du genre depuis la chute du régime de Ben Ali, s'inscrit dans le cadre de la troisième et dernière étape d'une tournée régionale conjointe avec le président du Groupe de la Banque Mondiale au Liban et en Jordanie. D'une autre part Ban Ki-moon a plaidé mardi pour l'installation du gouvernement libyen d'union nationale à Tripoli, appelant le Parlement libyen "à assumer ses responsabilités" en ce sens, après un nouveau report mardi d'une séance consacrée au vote sur ce gouvernement. "Je me joins aux appels en Libye et dans la région pour que le Conseil présidentiel s'installe à Tripoli, si la sécurité le permet, et prenne toutes les mesures indispensables à un transfert du pouvoir pacifié et ordonné au gouvernement d'union", a-t-il déclaré M. Ban. "J'appelle la Chambre des représentants (le Parlement reconnu internationalement, ndlr) à assumer ses responsabilités en mettant en œuvre toutes les dispositions de l'accord politique" conclu en décembre au Maroc sous parrainage de l'ONU, a-t-il ajouté. Les quelque 200 membres de ce Parlement ont jusque-là échoué à procéder au vote d'investiture du gouvernement d'union issu du processus onusien, faute de quorum. En février, une centaine d'entre eux avaient toutefois proclamé dans un communiqué leur soutien au gouvernement d'union. A défaut de vote du Parlement, c'est en se basant sur ce communiqué de soutien que le Conseil présidentiel avait proclamé le 12 mars l'entrée en fonction de ce gouvernement d'union. Depuis, il a été rejeté par les deux gouvernements rivaux qui se disputent le pouvoir, l'un basé à Tripoli et l'autre dans l'est du pays. Et le gouvernement dit de Tripoli s'oppose fermement à son installation dans la capitale. "Le peuple libyen mérite la paix, la sécurité et la prospérité sous un gouvernement fort et unifié", a encore fait valoir Ban Ki-moon à Tunis, assurant qu'il allait "parler avec les principaux responsables de la région, à tous ceux qui ont une influence, pour qu'ils l'exercent". Le patron de l'ONU s'est entretenu avec Moussa El Kony, un responsable du conseil présidentiel, organe composé de membres de factions rivales et créé par l'accord conclu en décembre sous l'égide de l'ONU. "La situation sécuritaire en Libye a d'importantes implications régionales", a noté M. Ban. La Tunisie est confrontées à la montée d'une mouvance terroriste, et exprime régulièrement ses inquiétudes vis-à-vis du chaos en Libye voisine. La Libye est déchirée par des violences depuis la chute du régime de Mâammar El Gueddafi en 2011. L'EI a profité de cette instabilité pour s'y implanter en 2014 puis accroître son influence jusqu'à prendre le contrôle de la ville côtière de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli.