L'Italie a signé une entrée en matière remarquable en s'offrant la Belgique (2-0). Avec une qualité défensive qui n'a pas grand-chose de surprenant avec la formation d'Antonio Conte. Sa capacité à faire mal en attaque l'est davantage. Et cela l'autorise à revoir ses ambitions à la hausse. L'Italie, quelle maîtrise ! Ce n'était pas très difficile d'imaginer que le point fort des Italiens soit la défense. C'était particulièrement criant face à une Belgique dotée d'un formidable potentiel en attaque. Durant la première période, les Diables Rouges, incapables de se sortir de la toile tissée par les Transalpins, sont restés totalement inoffensifs. Et la Squadra Azzurra, aussi précise dans son placement défensif que dans sa capacité à faire mal sur le plan offensif, leur a asséné un premier coup de poignard. La réaction belge a été très nette en seconde période. Plus incisifs, plus volontaires, les Belges ont imposé une forte pression et forcé les Italiens à reculer. Ils ont eu les opportunités pour égaliser. Ils ne les ont pas concrétisées. Et sur un dernier contre rondement mené, Antonio Candreva a illustré toute la lucidité italienne en adressant une merveille de ballon à Graziano Pellè pour le but du break. Le meilleur symbole de la maîtrise des Transalpins.
Bonucci, l'efficacité incarnée Leonardo Bonucci est l'un des meilleurs défenseurs du monde, et il l'a confirmé face à la Belgique. En ajoutant une remarquable contribution offensive avec une ouverture millimétrée pour Emanuele Giaccherini. Avec lui, Giorgio Chiellini et Andrea Barzagli ont incarné la solidité du système défensif italien, au sein duquel Antonio Candreva a accompli un travail remarquable sur son côté droit. Tout en brillant lui aussi en attaque avec une passe décisive. Emanuele Giaccherini a été justement récompensé de son activité par son but, et Ciro Immobile a signé une belle entrée. Du côté des Belges, ce sont plutôt les déceptions qui prédominent. Malgré une bonne réaction en seconde période, Kevin De Bruyne et Eden Hazard n'ont pas eu l'impact attendu. Radja Nainggolan et Axel Witsel ont laissé trop d'espaces dans leur dos au milieu, et la défense dans son ensemble a affiché ses lacunes, même si Jan Vertonghen a relativement fait bonne figure à un poste qui n'est pas le sien en club. Thibaut Courtois a en revanche fait ce qu'il a pu dans le but, mais en vain.
Lukaku, pour quelques centimètres 53e minute de jeu : Comme un paradoxe, c'est sur un contre que la Belgique se crée sa plus belle occasion. Eden Hazard trouve enfin Kevin de Bruyne, qui adresse instantanément un ballon parfait à Romelu Lukaku. L'avant-centre des Diables Rouges se présente seul face à Gianluigi Buffon et tente de trouver la lucarne opposée, mais le ballon fuit le cadre pour quelques centimètres. Le symbole de ces petits détails qui font encore défaut aux ambitieux Belges.
L'Italie peut-elle refaire le coup de 2012 ? L'Italie arrivait un peu sur la pointe des pieds dans cet Euro. Sans star en attaque, démunie au milieu avec les forfaits de Claudio Marchisio et Marco Verratti, l'équipe d'Antonio Conte n'était pas dans les meilleures conditions pour faire bonne figure dans le groupe "de la mort". Surtout après le fiasco du Mondial 2014, où elle avait été sortie dès le premier tour. Comme à la Coupe du monde 2010. Deux ans plus tard, elle avait su se ressaisir pour atteindre la finale de l'Euro 2012. Et si elle réussissait le même coup en 2016 ?
L'Espagne a tout pour être de retour Agréable à voir jouer, illuminée par Iniesta, l'Espagne a affiché les qualités qu'on lui connait contre une République tchèque très réductrice dans ses intentions. Après le naufrage du Mondial 2014, le double tenant du titre confirme qu'il faudra compter avec lui. Même s'il subsiste des questions que seul un adversaire d'un calibre supérieur pourra réellement mettre sur la table.
Les Tchèques étaient vraiment trop minimalistes 67% de possession de balle, 601 passes (dont 89% réussies) contre 160 à son adversaire, 17 tirs à 7... L'Espagne, bien campée dans son 4-3-3, a joué… à l'espagnole. Le match a ressemblé de très près à ce que l'on pouvait escompter. L'équipe de Del Bosque a totalement dominé les débats, face à des Tchèques qui avaient semble-t-il renoncé à briguer autre chose qu'un 0-0. A l'exception d'un petit flottement de 10 minutes autour de l'heure de jeu, la maîtrise a toujours été du côté de la Roja. Cette dernière a en revanche péché par efficacité. Son jeu est aussi souvent apparu trop latéral, mais face à un adversaire si regroupé, l'affaire n'était pas simple. En situation défensive, soit 90% de leur match, les Tchèques ont évolué avec deux rideaux de quatre joueurs superposés dans leurs 30 derniers mètres, avec le seul Tomas Necid devant. Un jeu minimaliste, suffisant pour enquiquiner les espagnols et retarder l'échéance, mais pas pour éviter une défaite somme toute logique.
Iniesta royal, Cech presque parfait Gareth Bale, Luka Modric, Andres Iniesta… les grandes figures de la Liga sont bel et bien là dans ce début d'Euro. Le créateur catalan a été tout simplement formidable au Stadium de Toulouse. Son extraordinaire qualité de passes, que ce soit dans le jeu court ou dans la profondeur, a constamment éclairé le jeu espagnol. Il n'y a quasiment pas une situation dangereuse qui ne soit pas passée par ses pieds. Peu sollicitée, la défense ibérique a pu peser à l'autre extrémité du terrain, à l'image du but de Piqué mais aussi des latéraux Jordi Alba et Juanfran, qui ont beaucoup apporté offensivement. A l'inverse, Cesc Fabregas n'est jamais apparu à l'aise au milieu et Morata a trop peu pesé. L'avant-centre de la Juve est il est vrai tombé sur une charnière centrale Sivok-Hubnik coriace dans les duels. L'arrière-garde tchèque dans son ensemble a d'ailleurs sorti un gros match et Petr Cech a été presque parfait.
Ce qui aurait pu tout changer : Si Fabregas n'avait pas sorti son sauvetage… A la sortie de cette action, la plus chaude du match sur le but de De Gea, plusieurs coéquipiers de Cesc Fabregas sont venus sur lui pour le féliciter. Médiocre dans le jeu, le milieu de terrain de Chelsea a paradoxalement trouvé le moyen de se montrer décisif. A la 65e minute, sur une remise de Gebre Selassie, il y a eu le feu devant le but espagnol. Fabregas s'est alors jeté devant sa ligne pour écarter le danger de façon acrobatique. Il n'a quasiment rien fait d'autre du match, mais cette intervention-là valait cher. Elle a peut-être privé les Tchèques d'un potentiel hold-up parfait.
à-t-on définitivement retrouvé l'Espagne ? Il y a deux ans, arrivée en reine d'Europe et du monde au Brésil, l'Espagne avait brutalement trébuché d'entrée face aux Pays-Bas, qui avaient cruellement exposé au grand jour ses carences. Cette élimination d'entrée avait mis un terme à son règne. Lundi, à Toulouse, on l'a retrouvée telle qu'en elle-même, avec son formidable jeu de passes et certaines inspirations qui n'appartiennent qu'à elles. La clairvoyance d'un Iniesta n'a que peu d'égal. Tant que son maitre à jouer évoluera à ce niveau, il faudra compter avec l'Espagne. Au final, son succès apparait certes étriqué, mais ce 1-0, après tout, a été la marque de fabrique de l'équipe de Del Bosque lors de son sacre mondial. Alors... Mais il faudra sans doute attendre une autre opposition pour en avoir le cœur net. Pour savoir si cette courte victoire en dit davantage sur l'Espagne elle-même ou sur la nature de son adversaire du jour. Son milieu parait manquer de complémentarité et offensivement, si David Silva est indiscutable, Morata et Nolito n'ont pas apporté toutes les garanties. Par séquences, il aurait aussi pu y avoir des coups à jouer en contre, mais la République tchèque n'avait pas les armes pour capitaliser dessus. D'autres auront sans doute ces armes. Les matches contre la Turquie, et plus encore celui face à la Croatie, pour ce qui pourrait constituer la véritable finale de ce groupe D, permettront probablement de mesurer ce que la Roja version 2016 a réellement dans le ventre.
Un but contre son camp provoqué, c'est quand même maigre pour Zlatan La première de Zlatan Ibrahimovic et de la Suède ne s'est pas déroulée comme espéré par l'ancien buteur du PSG, lundi à Saint-Denis. S'il a fini par provoquer l'égalisation suédoise, le capitaine de la sélection n'a pas réussi une grande partie face à l'Irlande (1-1). La France l'avait quitté en bleu et rouge au Stade de France un soir de victoire. Elle l'a retrouvé dans cette même enceinte. Cette fois en jaune. Et plus en difficulté que face à l'OM. Si la Suède n'a pas perdu, elle n'a pas gagné non plus et Zlatan Ibrahimovic a passé tout sauf une soirée mémorable. C'est le moins que l'on puisse dire. Quatre tirs, aucun cadré… Au moins a-t-il provoqué l'égalisation suédoise. Pour le reste, ce ne fut pas du grand Zlatan. "First never follows" peut-on lire sur les panneaux publicitaires entourant les rectangles verts de l'Euro. Ce slogan d'un célèbre équipementier allemand colle bien à l'ancien Parisien qui est sorti le premier à l'échauffement. Sa détermination au moment de jaillir du tunnel a été bruyamment saluée par l'armée jaune massée dans le virage sud de l'enceinte dionysienne. Une immense clameur qui en a précédé une autre, monumentale celle-là, lorsque Zlatan Ibrahimovic a été présenté par le speaker. Après ça, les occasions de ressortir l'entêtant refrain "Zla-tan Ibra-hi-mo-vic" entonné tout au long de l'après-midi dans les rues de Saint-Denis par les bonshommes venus du nord ont été bien plus rares.
Le bleu de chauffe plus que les habits de lumière Aligné aux côtés de Marcus Berg, le géant suédois a passé plus de temps en bleu de chauffe qu'en habit de lumière. En première période, il y a bien eu cette roulette zidanienne réalisée à quarante mètres de son but. Ce fut sa seule inspiration brillante. Le reste du temps, Zlatan est redescendu au milieu donner un petit coup de main au quatuor censé l'approvisionner. Il a aussi repoussé deux patates chaudes devant le but d'Andreas Isaksson. Son bilan offensif lors des quarante-cinq minutes initiales ? Une - difficile -reprise du gauche non-cadrée. C'est tout. S'il a évolué plus haut sur le terrain en seconde période, c'est parce que l'Eire avait ouvert le score au retour des vestiaires. Un but de Wes Hoolahan dont il n'a été qu'un lointain témoin. Et qui a eu un mérite : redonner un peu de vie aux Suédois, forcés d'aller de l'avant. Mécaniquement, Zlatan a alors passé un peu plus de temps dans la surface de Darren Randolph. Il s'y est régulièrement fait bouger. Mais il a fini par être décisif. Une inspiration bienvenue de John Guidetti, qu'il a bonifiée d'un centre du gauche qui a poussé Ciaran Clark à la faute (71e). Pas de quoi rugir de plaisir. Mais respirer un grand coup. C'est peu. Mais au terme d'une soirée comme celle-là, c'est déjà beaucoup.