Derrière l'assassinat, le 29 juin 1992 du regretté Mohamed Boudiaf, président du HCE, beaucoup de questions n'ont pas encore trouvé de réponses. En ce jour, à Annaba alors qu'il prononçait un discours à la nation à la Maison de la culture qui porte aujourd'hui son nom, il a été abattu par un sous-lieutenant qui lance une grenade et tire au pistolet-mitrailleur sur le dos de Boudiaf qui rendit l'âme sur les lieux du crime alors que son exécutant est arrêté sur-le-champ.
De là, l'assassin part pour toujours emportant avec lui tous les secrets de son acte criminel et qui ne dit pas son nom jusqu'ici. Le peuple algérien retiendra l'annonce officielle de cet assassinat du président du HCE " un acte isolé ". Argument peu convaincant à ce jour. Sans doute l'inquiétude de certains milieux avec le retour de Boudiaf, le 16 janvier 1992 vient-elle de là. D'où l'hypothèse avancée par la famille, ses proches collaborateurs et par un très grand nombre d'analyses quant à l'existence d'une volonté occulte de se débarrasser de ce moudjahid gênant, Tayeb El-Watani et à son projet de redressement du pays. Si l'on compte le temps passé à la tête du HCE par Mohamed Boudiaf, on s'aperçoit qu'il a consacré sa mission, voire son devoir à s'occuper de dossiers très sensibles et qu'il a pris le courage d'un " militant révolutionnaire " pour les élucider en toute transparence et surtout de les communiquer au peuple afin qu'il sache la vérité sur le régime qui l'avait dirigé jusqu'ici. Malgré qu'il se savait menacé par ce qu'il a appelé la " mafia politico-financière", le militant à qui la première carte du FLN historique a été attribuée, était décidé à aller jusqu'au bout de sa mission et de sortir le pays avec l'aide et la collaboration du peuple de ce chaos, de préserver la légalité républicaine de la nation et le retour à la souveraineté populaire. Il avait tracé dans son agenda un " cahier d'ordre " où sont portées les tâches à entreprendre, les enquêtes à mener et les individus à épingler par la justice : la lutte contre les islamistes radicaux, le terrorisme et la corruption omniprésente dans l'administration, en particulier. C'était d'ailleurs les principaux thèmes qu'il allait aborder dans son discours à Annaba. Très certainement ceux se sentaient dans son collimateur étaient avisés… La suite on la connaît. Silence total sur son assassinat. Il n'a pas eu le temps d'aller jusqu'au bout de son discours et de ses vérités au peuple. Boumaarafi l'assassin, on ne sait plus par quelle grâce garde toujours le silence sur ses motivations et sur ses éventuels commanditaires. Vingt-quatre ans après la disparition de Tayeb El-Watani, il est inconvenant de prétendre encore à " l'acte isolé " ou de se taire sur le silence de l'assassin. L'opinion publique nationale ne demande-t-elle pas la réouverture de ce dossier et de laisser la justice faire son travail de vérité et de transparence. En effet, il ne faut pas oublier que ce qui a pu distendre un peu plus le climat politique en Algérie, c'est justement cet assassinat. Et il semble que les milieux populaires reprochent aux décideurs de l'époque d'avoir influencé sur l'enquête de cet acte criminel perpétré en direct à partir de la Maison de la culture d'Annaba surtout que les versions sont loin d'être identiques.