L'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (CETA) n'est pas mort, ont affirmé mardi des chefs de file de groupes politiques au Parlement européen, malgré le blocage persistant de sa signature par la Belgique. Lui aussi encore confiant dans une issue positive, le président du Parlement européen Martin Schulz a appelé à repousser la date d'un sommet prévu jeudi à Bruxelles pour signer le CETA, afin de disposer de davantage de temps. Le CETA n'est pas mort, il n'est pas moribond, a estimé devant la presse le chef de file du groupe PPE (droite) au Parlement européen, Manfred Weber, appelant à un dialogue constructif avec la Wallonie, la région belge francophone qui met pour l'instant son veto à une signature du traité par la Belgique. Le CETA n'est pas mort, a renchéri le chef du groupe libéral du Parlement (ALDE), Guy Verhofstadt, estimant que la chose la plus importante était de faire les pas nécessaires pour approuver l'accord d'ici le mois de novembre entre Etats de l'UE avant une signature en décembre. C'est beaucoup plus important que la question de savoir si nous aurons ou pas un sommet le 27 octobre, a observé M. Verhofstadt, alors que le président du Conseil européen, Donald Tusk, et le Premier ministre canadien Justin Trudeau, ont jugé lundi toujours possible la tenue de ce sommet. Le chef de file des socialistes au Parlement européen, Gianni Pittella, s'est également dit convaincu qu'à l'issue des deux-trois semaines qui viennent, on pourra avoir un accord entre Européens, réfutant l'idée que la position wallone serait idéologique. Pour M. Pittella, nous devons prendre très au sérieux les demandes de la Wallonie, qui souhaite notamment des garanties supplémentaires que le CETA ne mettra pas en cause les normes sociales et environnementales ou encore la protection des services publics. Les Wallons connaissent beaucoup mieux le CETA que beaucoup d'entre nous, a argué l'eurodéputé belge Philippe Lamberts, co-président du groupe des Verts, fustigeant l'intimidation que constitue selon lui la pression pour arriver à un accord avec les Wallons d'ici jeudi. Ceux qui soutiennent le CETA se sont obsédés de manière maniaque à y ajouter des choses ne relevant pas du commerce, a accusé M. Lamberts, prenant la défense de la décision des Wallons de ne pas autoriser la Belgique à signer l'accord de libre-échange. Nous devons décaler le sommet UE-Canada de jeudi, a préconisé de son côté le président du Parlement européen Martin Schulz, refusant de prendre acte de l'échec du traité avec le Canada, dans un entretien avec la radio Deutschlandfunk. Je ne crois pas que nous parviendrons à une solution cette semaine. Cela me semble très difficile, a-t-il admis, considérant que si on a besoin de 14 jours supplémentaires, (alors) on décale un sommet d'une telle importance. Paul Magnette refuse de céder à la pression Le chef du gouvernement wallon, Paul Magnette, a affirmé mardi que personne ne pouvait "forcer" son parlement "à céder sous la pression" sur l'accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et le Canada (Ceta). La signature du traité est toujours prévue jeudi. "On ne peut pas nous forcer à céder sous la pression", a déclaré Paul Magnette. Ce dernier a menacé de "cesser les négociations", à son arrivée à une réunion entre entités fédérées (francophones, néerlandophones et germanophone ainsi que le gouvernement fédéral) à Bruxelles, convoquée à l'initiative du ministre des affaires étrangères, Didier Reynders. Un bras de fer s'est engagé entre le gouvernement wallon, devenu de facto le chef de file de l'opposition au Ceta, la Belgique, dont le gouvernement central est favorable à l'accord, et l'UE, qui espérait pouvoir signer l'accord jeudi à Bruxelles lors d'un sommet avec le Canada, en présence du premier ministre, Justin Trudeau. Seul opposé au traité La Belgique est le dernier des 28 pays membres à ne pas avoir donné son feu vert, en raison du non de la Wallonie, de la région de Bruxelles-capitale et de la communauté linguistique francophone qui refusent de délivrer leur autorisation, requise selon l'organisation constitutionnelle du royaume. Les discussions pour tenter de débloquer la situation se poursuivent alors que le président du Conseil européen, Donald Tusk, et Justin Trudeau croient "toujours possible" pour l'instant la tenue du sommet de signature prévu jeudi. "On va voir comment répondre aux préoccupations de chacun", a déclaré de son côté le ministre belge Didier Reynders. "Des textes consolidés" ont été préparés après un travail côté wallon, d'une part, et côté Commission d'autre part, a-t-il précisé. "On est vraiment sur le dernier élément de discussion, j'espère qu'on va pouvoir en sortir. Mais comme vous le savez, c'est la dernière virgule, le dernier mot, qui sera probablement le plus important", a encore observé M. Reynders, qui "espère pouvoir conclure". Le président du parlement européen, Martin Schulz, a, de son côté, estimé mardi, sur une radio allemande, que le sommet prévu jeudi à Bruxelles pour signer l'accord de libre-échange devait être repoussé. "Je ne crois pas que nous parviendrons à une solution cette semaine. Cela me semble très très difficile", a estimé Martin Schulz, interrogé sur la radio Deutschlandfunk. "Nous devons décaler" le sommet, a-t-il ajouté, refusant toutefois fermement de considérer que l'accord avait échoué. Les contacts se poursuivent Les contacts se poursuivent tous azimuts entre Belges et Européens afin de trouver une solution pour permettre la signature du traité de libre-échange entre l'UE et le Canada (CETA), a annoncé mardi une source proche du gouvernement fédéral. Rien de visible n'est prévu aujourd'hui (...) Mais des contacts sont entretenus tous azimuts par le gouvernement fédéral avec tous les niveaux de pouvoir impliqués, dont la Wallonie et les instances européennes, a confié cette source qui a requis l'anonymat. Une réunion des différentes entités fédérées de Belgique est prévue pour 16H00 (14H00 GMT) à l'invitation du ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders. Le chef du gouvernement wallon Paul Magnette y sera présent, a confirmé son porte-parole. On avance millimètre par millimètre. On essaie de mettre les bonnes volontés autour d'une table pour voir s'il est possible de progresser, a souligné la source proche du gouvernement fédéral. En outre, une nouvelle réunion du comité de concertation, formation officielle qui regroupe toutes les entités fédérées de Belgique (francophones, néerlandophones et germanophone, ainsi que le gouvernement fédéral) est programmée pour mercredi à Bruxelles. Le sort du sommet entre l'Union et le Canada prévu pour jeudi est toujours en suspens. La décision de Tusk est assez surprenante puisqu'il avait donné jusqu'à lundi pour prendre une décision, a observé la source proche du gouvernement belge. Mais on comprend car on pense que la pression du Canada sur l'UE doit être énorme, a-t-elle concédé. Mardi, la Commission européenne a prôné une nouvelle fois la patience, refusant de se prononcer sur le sommet de jeudi. La Commission continue de travailler pour (atteindre) un résultat positif aux discussions qui permettrait à l'UE et au Canada de signer, a expliqué Alexander Winterstein, porte-parole de l'exécutif européen, au cours d'un point presse à Bruxelles. La Belgique est encore en train d'établir sa position (...) nous le respectons. , a-t-il noté. Ce qu'il faut maintenant, c'est de la patience, a répété le porte-parole, martelant qu'il n'y a pas de délai. Le président de la Commission européenne a eu des contacts avec plusieurs dirigeants, dont le Premier ministre fédéral belge Charles Michel, le chef du gouvernement wallon Paul Magnette, M. Tusk et la chancelière allemande Angela Merkel. La Belgique reste le seul Etat membre à ne pas avoir donné son feu vert à la signature du CETA.