L'or a creusé ses pertes cette semaine alors que le dollar se renforce encore, diminuant l'appétit des investisseurs pour la valeur refuge. Vendredi, l'once d'or a atteint son plus bas niveau en dix mois, à 1.171,06 dollars. "Les données positives sur l'économie américaine ainsi que le compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine (Fed) renforcent encore les attentes d'un relèvement de ses taux directeurs lors de la prochaine réunion, en décembre", a expliqué Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. La hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis renforcerait le dollar, ce qui ôterait de l'intérêt à l'or, considéré comme une valeur refuge, et rendrait les achats de métal jaune plus onéreux pour les investisseurs munis d'autres devises. "Des rumeurs sur une interdiction des exportations d'or vers l'Inde ont également poussé certains à la vente, car le pays a importé 100 tonnes d'or a lui tout seul en octobre", ont également noté les analystes de Commerzbank. La Chine a importé 61,1 tonnes d'or depuis Hong Kong en octobre, ce qui représente une hausse de 16% par rapport à octobre 2015. Dans le sillage de l'or, l'argent a reculé jusqu'à atteindre 16,17 dollars l'once mercredi, son plus bas niveau depuis cinq mois avant de rebondir en fin de semaine. "La force du dollar pourrait empêcher tout rebond de durer", a prévenu Lukman Otunuga. Le platine est également emporté par le manque d'enthousiasme pour les métaux rares, et est tombé vendredi à 905,55 dollars l'once, à son plus bas niveau depuis près de dix mois. En revanche, le palladium a grimpé à 749,77 dollars l'once mardi, à son plus haut niveau depuis près d'un an et demi. "Le soutien des prix vient clairement d'investisseurs spéculatifs. Cette hausse a permis de réduire l'écart entre palladium et platine à son plus bas niveau depuis 2002", ont prévenu les analystes de Commerzbank. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1.187,70 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1.211 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 16,46 dollars, contre 16,51 dollars il y a sept jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 906 dollars, contre 923 dollars sept jours plus tôt. L'once de palladium a terminé pour sa part à 729 dollars, contre 718 dollars à la fin de la semaine précédente. Au plus bas depuis février Le prix de l'or a chuté mercredi à un plus bas depuis février, après la publication de données conjoncturelles américaines mitigées et à quelques semaines d'un éventuel relèvement des taux directeurs par la Réserve fédérale (Fed). Les commandes de biens durables aux Etats-Unis ont fait un bond inattendu en octobre surtout grâce au secteur des transports, selon les données publiées mercredi par le département du Commerce. Les inscriptions hebdomadaires au chômage outre-Atlantique ont par contre augmenté plus fortement que prévu, après être tombées au plus bas depuis 43 ans la semaine précédente. Les solides données conjoncturelles américaines soutiennent les attentes d'un relèvement des taux par la Fed lors de sa réunion de politique monétaire les 13 et 14 décembre. La majorité des économistes tablent sur un relèvement de 0,25 point, une première depuis décembre 2015. Une hausse des taux rendrait les placements dans l'or moins attractifs. Les métaux industriels continuent de grimper Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont poursuivi leur hausse cette semaine, les analystes saluant un retour de l'appétit pour le risque sur les marchés. "La prudence des investisseurs ces derniers mois n'était pas justifiée, puisque plusieurs facteurs se sont additionnés pour changer l'opinion des marchés de manière brusque, mais positive", ont rappelé les analystes de UniCredit. Le cuivre a poursuivi son envol, et les autres métaux de base, à savoir l'aluminium, le plomb, le nickel, l'étain, et le zinc, se sont également inscrits en nette hausse. "De nombreuses données macroéconomiques positives ont été publiées à travers le monde la semaine dernière, mais le moteur principal de la hausse des prix reste l'élection américaine", a estimé Ben Orhan, analyste chez IHS Global Insight. "La hausse récente des prix a pour conséquence une augmentation de l'offre. Selon des groupes d'études dédiés à chaque métaux, la production de nickel, de zinc et de plomb a augmenté en septembre", ont résumé les analystes de Commerzbank. Le plomb a atteint vendredi 2.320,50 dollars la tonne à son plus haut niveau depuis plus de trois ans et demi. Le cuivre en hausse avec Trump et la Chine Les cours du cuivre ont gagné un peu plus de 16% depuis l'élection de Donald Trump. "Le futur président des Etats-Unis, Donald Trump, compte investir 50 milliards de dollars dans les infrastructures, ce qui a entraîné une forte hausse du prix du cuivre, qui devrait désormais refléter ces plans de façon correcte", a estimé Jochen Hitzfeld, analyste chez UniCredit. Mais l'analyste a également souligné un risque de baisse. "Depuis les élections américaines, les spéculateurs ont acheté 1,8 million de tonnes de cuivre sous la forme de produits dérivés. Si Donald Trump devait retarder ou revoir à la baisse son programme d'infrastructure, il pourrait y avoir une importante correction sur les prix", a-t-il prévenu. La hausse était également soutenue par l'activité en Chine. La hausse record du zinc inquiète Le zinc a atteint 2.791 dollars la tonne vendredi, son plus haut niveau depuis huit ans et demi, ce qui représente une hausse de près de 93% depuis son plus bas de l'année, atteint en janvier. "La hausse des prix de ce métal, principalement utilisé pour la galvanisation de l'acier, et due à une réduction marquée de la production entre fin 2015 et début 2016 après que les prix ont chuté à leur plus bas en plus de six ans et demi", ont noté les analystes de Commerzbank. "Mais la production est repartie à la hausse, et l'euphorie actuelle des marchés ne peut s'expliquer que par les élections américaines, alors que les Etats-Unis ne représentaient pour l'instant que 6% de la demande mondiale de zinc cette année", ont-ils expliqué, jugeant donc la hausse des prix non justifiée. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 5.839 dollars vendredi, contre 5.466 dollars le vendredi précédent.