Le parquet général espagnol a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête sur un piratage présumé de données fiscales par les autorités indépendantistes de Catalogne, visant à préparer une éventuelle sécession. L'annonce fait suite à une série de conférences d'un sénateur indépendantiste controversé, Santiago Vidal (ERC, gauche indépendantiste de Catalogne), qui affirmait que le gouvernement catalan avait obtenu illégalement les données fiscales des Catalans afin de pouvoir ensuite créer un Trésor indépendant. "Le gouvernement catalan dispose, en ce moment, de toutes vos données fiscales. C'est légal? Non, car ces données sont protégées par la loi (...) mais nous ne sommes pas idiots", avait-il dit. La diffusion des conférences, au cours desquelles "le sénateur Santiago Vidal évoquait de manière explicite des agissements qui pourraient constituer une grave violation des droits des citoyens, a amené le chef du parquet général de l'Etat, Jose Manuel Maza, à ordonner au chef du parquet catalan l'ouverture d'une enquête", a annoncé le parquet général dans un communiqué. Le sénateur, controversé pour des déclarations parfois extravagantes, affirmait que le gouvernement catalan disposait aussi d'un fonds secret de 400 millions d'euros pour organiser un référendum d'autodétermination. Il soutenait qu'il existait un pré-accord avec l'OTAN qui pourrait permettre, selon lui, à la Catalogne de rejoindre l'Alliance en échange de l'installation dans la région d'une usine de fabrication d'hélicoptères. Le sénateur a cependant annoncé vendredi qu'il démissionnait de son siège à Madrid, et que ses déclarations ne devaient pas être interprétées de manière "littérale" car elles "ne correspondaient pas à la réalité". Dans un communiqué, son parti a annoncé que M. Vidal démissionnait pour ne pas être "un obstacle au processus" indépendantiste. Le sénateur y admet qu'il aurait dû "mieux vérifier les informations" diffusées, "catégoriquement démenties" vendredi par le gouvernement catalan. "Le gouvernement agit en toute transparence et nous n'avons obtenu aucune donnée illégale sur aucun citoyen", a déclaré la porte-parole du gouvernement catalan, Neus Munté. "Tout ce qu'il raconte est absolument faux", a déclaré une porte-parole au département d'Economie du gouvernement régional. "Le parquet a décidé d'enquêter sur ces affirmations parce que si elles étaient vraies, ce serait d'une énorme gravité", a dit dans la soirée le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, tout en s'affirmant "tranquillisé par le démenti du gouvernement catalan". Les indépendantistes se sont engagés, depuis leur victoire à des élections régionales en septembre 2015, à mettre en place les institutions nécessaires à une indépendance au cours de 2017. Le gouvernement catalan ne s'en cache pas et explique travailler à la mise en place des institutions et se concentrer sur la mise en place d'une institution fiscale indépendante: dans ce but, il a notamment ouvert 14 trésoreries et doublé le personnel.