Airbus, numéro un mondial des hélicoptères civils, compte sur la Chine pour relancer ses ventes, en visant notamment les services de secours d'urgence et les forces de police de l'Empire du milieu, qui restent fortement sous-équipés. "Nous pensons que le potentiel de la Chine est très fort", a déclaré samedi Guillaume Faury, patron d'Airbus Helicopters, lors du lancement de la construction d'une ligne d'assemblage près de Qingdao (est), la première d'un constructeur étranger dans ce pays. A partir de mi-2019, l'usine sortira sur 10 ans 100 appareils H135, un bimoteur léger qui peut transporter huit personnes et servir pour les opérations de recherche et de secours, le maintien de l'ordre ou le tourisme. Alors qu'Airbus Helicopters a vu son chiffre d'affaires reculer de 2% l'an dernier, du fait d'un repli des ventes destinées au secteur pétrolier, la Chine est devenue le premier marché de l'avionneur européen devant les Etats-Unis avec 48 appareils vendus, soit près de la moitié du marché chinois. Or, avec un parc de seulement 800 appareils pour toute la Chine, contre 8.000 en Europe et 12.000 aux Etats-Unis, le potentiel de croissance est vaste, observe le directeur commercial Chine d'Airbus Helicopters, Vincent Dufour, qui n'exclut pas de doubler la capacité de production de la nouvelle usine, prévue dans un premier temps à 18 exemplaires par an. Le marché chinois a progressé de 20% par an ces dernières années et Airbus s'attend à ce que la tendance se poursuive. Au cours des 20 prochaines années, la demande totale d'hélicoptères bimoteurs légers devrait représenter 600 exemplaires, selon le groupe.
Transferts de technologie Airbus compte vendre en priorité son H135 pour les vols de secours médical mais aussi à la police chinoise. Les forces de police de plusieurs provinces sont déjà équipées de l'appareil européen. Airbus estime à une centaine le marché des hélicoptères pour les différentes forces de police chinoises d'ici à 2020. "Nous pensons que le H135 prendra une grande part de ce marché", pronostique M. Dufour. Ces ventes d'appareils civils aux policiers ne contredisent pas l'embargo sur les ventes d'armes à la Chine, souligne M. Faury, qui rappelle que le groupe "n'a pas pour politique de vendre du matériel militaire" à ce pays. La progression du marché chinois reste cependant entravée par l'armée de l'Air, qui contrôle l'espace aérien à basse altitude, mais Airbus observe que les militaires ont commencé à relâcher leur emprise, comme ils l'ont fait à la fin des années 1990 pour l'aviation commerciale. Début mai, la Chine a fait voler pour la première fois un avion moyen-courrier dans l'espoir de concurrencer le duopole Airbus-Boeing et prévoit de se lancer dans les gros porteurs en collaboration avec la Russie. Mais Airbus Helicopters assure ne pas craindre les transferts de technologie. "Notre façon de rester devant est de continuer à investir et d'innover", assure M. Faury. Dans un premier temps, la nouvelle usine assemblera des pièces acheminées entièrement depuis l'Allemagne par Airbus. Mais l'avionneur compte récupérer progressivement des pièces produites sur place par ses fournisseurs, voire par des sous-traitants chinois, prévoit le patron d'Airbus Helicopters. "Il sera dans notre intérêt de localiser" la production, dit-il. Si le prix de la main d'œuvre en Chine reste très inférieur à ce qu'il est en Europe, le coût de production total des hélicoptères "made in China" sera "très similaire" à ce qu'il est en Europe du fait du coût de transport des pièces détachées, selon M. Faury. Le montant total du contrat de Qingdao est évalué à un milliard d'euros en tenant compte de la valeur des hélicoptères (environ un million d'euros par unité) et des infrastructures de l'usine. Airbus avait déjà ouvert une première usine d'assemblage d'avions en Chine à Tianjin (est), en 2008.