“Djinn", une fusion prolifique entre le Flamenco et le Jazz, a été présentée samedi soir à Alger, par le musicien et compositeur espagnol Jorge Pardo et son groupe, lors d'un concert de haute qualité, où les parfums de la Méditerranée se sont mêlés aux dissonances et aux articulations particulières du rythme et du phrasé, au plaisir d'un public recueilli, venu nombreux. Pour la première fois en Algérie, le "Jorge Pardo Quintet", foulant la scène de la salle Ibn Zeydoun de l'Office Riadh El Feth (Oref), s'est longtemps fait applaudir par un public, auquel les organisateurs ont dû ajouter des chaises pour en contenir le nombre, venu apprécier une fusion intelligente entre le flamenco, qui "associe le chant et la danse à une musique à caractère expressif", et le jazz, registre musical de référence, se basant sur l'improvisation autour d'un thème donné, dans des gammes exploitant la dissonance des sonorités dans leurs moindres intervalles. Soutenu par David Axel Bao Molina à la batterie, Pablo Baez Illesca à la basse, Tony Romero au clavier et Rycardo Moreno à la guitare électro-acoustique, Jorge Pardo, à la flûte et aux saxophones, soprano et ténor, a monté les pièces interprétées sur un fond musical planant, au genre psychédélique, rendu par des boucles séquentielles numérisées aux sonorités planantes, sur lesquelles il a surimprimé en live, des thèmes autochtones, relevés par la magnificence de l'arrangement, propre au registre de la musique jazz. Près d'une heure et demie de temps, Jorge Pardo et ses musiciens ont livré une prestation époustouflante de créativité, alignant des pièces marquées par de longues improvisations qui ont mis en valeur le talent et le professionnalisme des instrumentistes, "ravis de se produire devant le public algérien", dira l'artiste. Parmi les pièces rendues dans la maîtrise technique et le plaisir des envolées phrastiques, "Lose for Eltalega", "Ricardo y Borrico", " Las Buleria de la Perla" et "Taranta in Blue", au plaisir d'un public conquis, qui a savouré chaque instant du spectacle dans l'allégresse et la volupté. "Un bon spectacle aux saveurs particulières, qui a mis en valeur une cuisine aux ingrédients de la Méditerranée, avec des épices universelles", a fait remarquer une spectatrice, à l'issue de la représentation. Après un premier concert donné la veille à Oran, Jorge Pardo, a embarqué le public algérois dans une nouvelle forme d'expression du flamenco, basée sur l'interprétation libre, introduite en soutien aux rythmes ternaires de ce genre traditionnel d'Andalousie, dont le chant et la danse sont habituellement accompagnés par des accords renversés, embellis par la note seconde-mineure à la tonique, et le pincement aux sonorités métalliques des cordes d'une guitare qui reprend essentiellement le thème. Chef d'œuvre du patrimoine immatériel de l'humanité, le Flamenco, est classé depuis 2010 par l`Organisation des Nations Unies pour l`Education, la Science et la Culture (Unesco). Né à Madrid en 1956, Jorge Pardo s'est imprégné, dès ses premières années d'études au Conservatoire royal de la capitale espagnole, de la musique jazz qu'il a d'abord pratiqué à l'université, puis avec des musiciens professionnels, avant de former avec Pedro Ruy Blas, "Dolores", son premier groupe, devenu vite célèbre et côtoyer ensuite le grand Paco de Lucia, qu'il accompagnera dans plusieurs de ses tournées internationales. Au début des années 1980, il développe son propre style de musique, fondé sur la fusion des genres, tout en restant attaché à ses racines. En 1982, il sort son premier opus qui portera son nom, puis en 1995, avec Carles Benavent et Tino di Geraldo, il enregistre "Le Concierto de Sevilla" une fusion flamenco-latino-jazz, couronnée de succès, pour prendre part, en 2004, à "Touchstone Tour", une tournée internationale conduite par l'icône mondiale du jazz, le pianiste Chick Coréa. En solo, Jorge Pardo compte à son actif plusieurs albums, dont, "El canto de los Guerreros"(1984), "2332" (1997) et "Vientos Flamencos"(2005). Le concert de "Jorge Pardo quintet" est organisé par l'ambassade d'Espagne en Algérie et l'Institut Cervantès d'Alger, en collaboration avec le ministère de la Culture et l'Oref.