La capacité de production électrique de l'Algérie devra s'établir à 60.000 Méga watts (MW) à l'horizon 2030, avec une part de 37% issus de sources renouvelables, alors que la production effective atteindra 150 Térawatts/heure (TWh), a indiqué samedi à Alger un expert des questions énergétiques. Ainsi, l'ancien directeur de production à la Sonatrach, M Abdelmadjid Remili, a indiqué que durant la période allant de 2000 à 2016, la capacité de production électrique de l'Algérie est passé de 5.900 MW à 17.000 MW alors que la production électrique réelle est passée de 25 Twh à 70,6 Twh. Le spécialiste s'est ainsi exprimé lors des travaux du 5ème colloque du Club Energy de l'Association des ingénieurs d'Etat diplômés de l'Institut algérien du pétrole (AIED-IAP) pour thème la "problématique de la sécurité énergétique pour l'Algérie à l'horizon 2030 et au-delà", rencontre qui s'est déroulée en présence du P-dg de Sonelgaz Mohamed Arkab. Le même spécialiste a également rappelé qu'en 2016, la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique du pays ne dépassait pas 0,5 %, et malgré de nombreux efforts consentis dans le sens de son développement. De ce fait, M. Remili a fait observer que l'Algérie fait face à une forte demande en énergie électrique qui nécessite un besoin nouveau en capacité de production de l'ordre de 2.000 MW/an jusqu'en 2024. Il a estimé que cette augmentation devrait être réalisée à travers l'aboutissement des projets d'installation de centrales thermiques et grâce au lancement du programme des énergies renouvelables. Pour sa part, l'ancien vice-président de l'activité commerciale de Sonactrach et fondateur des journées techniques et scientifiques de la même compagnie, M. Chawki Rahal, a estimé que l'Algérie est confrontée à plusieurs défis qu'elle devra affronter pour réussir sa transition énergétique et garantir sa sécurité en la matière, voire, son indépendance énergétique à moyen et long terme. Il a, dans ce sens, cité le poids important de la rente pétrolière dans l'économie nationale, la rendant vulnérable aux variations du marché pétrolier. Ceci conjugué à l'évolution de l'état et l'épuisement naturel des réserves conventionnelles en hydrocarbures dont le renouvellement n'est pas totalement assuré par de nouvelles découvertes de taille suffisante. Il a également mentionné le défi de la complexité technique et financière nécessaire pour développer et produire les hydrocarbures non conventionnels, et ce, en plus de la nécessité de la prise en charge des aspects environnementaux et sociaux y afférents. Il a aussi évoqué l'accroissement soutenu de l'ordre de 8% de la consommation énergétique nationale satisfaite actuellement à hauteur de 99,5%, conjugué à l'évolution de la population qui passera d'environ 41 à 49 millions d'habitants à l'horizon 2030 et à 57 millions d'habitants à l'horizon 2050. En outre, le positionnement de l'Algérie comme pays à fort stress hydrique et à faible et aléatoire pluviométrie ayant engendré le développement de systèmes de dessalement d'eau de mer fortement énergétivore, a également été cité comme défi avec lequel l'Algérie doit compter en vue d'assurer sa sécurité énergétique. Pour atteindre cette sécurité énergétique, différents membres du club Energy de l'AIED-IAP ont préconisé le passage vers un nouveau modèle de consommation énergétique basé sur l'économie d'énergie et intégrant une forte portion d'énergies renouvelables, notant que le programme de transition énergétique est "plus que stratégique " pour atteindre cet objectif. Néanmoins, a-t-il été mentionné, ce programme doit comporter, en plus des 22.000 MW de capacité en énergies renouvelables, un programme encore plus audacieux en matière d'économie d'énergie. Le relèvement des tarifs d'électricité conventionnelle a de même été évoqué comme solution à même de pousser les ménages à réfléchir à la transition vers la consommation d'électricité d'origine solaire notamment, avec l'installation de panneaux photovoltaiques au niveau de leurs propres domiciles.