Au sommet du G20 en Argentine, Recep Tayyip Erdogan pourrait rencontrer le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, soupçonné d'avoir commandité l'assassinat de son compatriote, le journaliste Jamal Khashoggi dans les murs du consulat général d'Arabie saoudite à Istanbul. Ankara insiste sur sa version: le meurtre prémédité du journaliste. La Turquie déclare que Riyad ne coopère pas suffisamment avec l'enquête qu'elle supervise et exige qu'elle devienne internationale, écrit vendredi le quotidien Kommersant. Les médias turcs révèlent constamment de nouveaux détails sur l'assassinat. D'après les experts, cela fait partie du chantage exercé par la Turquie sur les USA et l'Arabie saoudite. Ankara a accusé Riyad de ne pas partager ses informations autour de l'affaire du journaliste Jamal Khashoggi. "Nous n'avons reçu aucune information sur l'affaire de la part du parquet saoudien", a déclaré hier le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu lors d'une conférence de presse conjointe à Ankara avec la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini. Le ministre a réitéré son appel à mener une enquête internationale sur le meurtre du journaliste si la coopération avec Riyad se retrouvait dans l'impasse, et sa proposition a reçu le soutien de son homologue européenne. "Tous les responsables doivent être traduits en justice. Ce n'est pas par vengeance, c'est pour la justice. Nous travaillons étroitement sur ce problème avec la Turquie et d'autres de nos partenaires", a-t-elle déclaré. Dans le même temps, des médias turcs se référant à des sources haut placées continuent de publier de nouveaux détails qui suggèrent l'implication directe du prince saoudien dans l'assassinat. Le journal turc Hurriyet a écrit hier que la CIA disposerait d'un enregistrement téléphonique dans lequel Mohammed ben Salmane exigerait personnellement de "faire taire Jamal Khashoggi au plus vite". "Le fait que la Turquie dévoile peu à peu via ses médias les détails de l'affaire, tout en exigeant publiquement une enquête internationale, est un chantage visant Donald Trump et les autorités saoudiennes", analyse Iouri Mavachev, expert politique du Centre d'étude de la Turquie contemporaine. Et d'ajouter que la Turquie "profitait de la moindre occasion pour réduire l'influence de l'Arabie saoudite au Moyen-Orient et de l'évincer de sa position de principal allié régional des USA". "L'assassinat de Khashoggi a placé Donald Trump dans une situation difficile. La publication des détails de l'assassinat pourrait le forcer à adopter des mesures sévères contre Riyad", a souligné Iouri Mavachev. Le Président américain a démenti les publications turques et américaines sur les conclusions de la CIA concernant l'implication de Mohammed ben Salmane dans cette affaire. Toutefois, Donald Trump a souligné qu'indépendamment de la situation, les relations entre Washington et Riyad ne devaient pas changer car "c'est dans l'intérêt des USA". Washington craint que l'Arabie saoudite signe des contrats militaires avec la Russie et la Chine au lieu des USA, et joue contre eux dans le secteur pétrolier.