Le principal opposant du Cameroun, Maurice Kamto, qui conteste toujours la réélection de Paul Biya, a été inculpé, ainsi que plusieurs partisans, mardi 12 février 2019 pour "rébellion, insurrection, hostilité contre la patrie" et transférés à la prison centrale de Yaoundé. Son inculpation intervient plus de deux semaines après son arrestation. L'opposant camerounais Maurice Kamto, qui se pose toujours en vainqueur de la présidentielle d'octobre 2018 qui a vu la réélection de Paul Biya, a été inculpé pour "rébellion, insurrection, hostilité contre la patrie" et transféré à la prison centrale de Yaoundé. Arrêté le 28 janvier dernier au domicile de l'un de ses lieutenants, en même temps que certains cadres de son parti, après des manifestations interdites par les autorités, le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et ancien ministre de Paul Biya a été présenté avec 28 de ses partisans devant le tribunal militaire de Yaoundé, dans la nuit de 12 au 13 février. Ils ont tous été inculpés pour les mêmes motifs et placés sous mandat de dépôt. "Il aura fallu des heures d'une attente inexplicable, pour que les inculpations (notification des poursuites) commencent finalement à leur être signifiées dans la nuit vers 21 h 30 et se poursuivent jusqu'à 4 h 30 environ, heure à laquelle elles furent suspendues pour une reprise fixée à 8 h ce matin du mercredi 13 février 2019" a commenté son porte-parole au sortir de la longue nuit au tribunal militaire. Avant de poursuivre "À 5 h ce matin [13 février, ndlr], le bilan était de 27 inculpés dont 5 libres sous garants, notamment les avocats arrêtés dans le cadre de cette affaire politique." L'inculpation de Maurice Kamto suscite une vague de réaction au Cameroun comme à l'étranger. Dans une déclaration officielle, Kah Walla, présidente du Cameroon people's party, un parti d'opposition, condamne cette décision. "Cette tentative renouvelée d'éliminer les libertés politiques fondamentales et d'étouffer tout discours politique qui n'est pas conforme au régime est une erreur extrêmement grave en ce moment de notre histoire. Le Cameroun est victime de violents conflits dans six régions sur dix. La dernière chose dont notre pays a besoin est la radicalisation d'un mouvement politique légitime et non violent." Au cours d'un point de presse, ce 13 février 2019, la porte-parole du Quai d'Orsay répondant à une question d'un journaliste s'est exprimée sur la situation. "Nous sommes préoccupés par ce développement judiciaire et restons attentifs à la situation de M. Kamto et à celle d'environ 200 de ses partisans qui sont détenus. L'opposition camerounaise, dont il est l'une des figures, doit pouvoir s'exprimer librement, dans le respect de la loi." Depuis son arrestation le 28 janvier dernier à Douala, la capitale économique du pays, Maurice Kamto a été gardé à vue dans les locaux d'une unité spéciale de la police à Yaoundé, le Groupement spécial d'opérations (GSO). Une centaine d'autres partisans du président du MRC sont encore entendus devant le tribunal militaire de Yaoundé. Ils ont pour la plupart été interpellés samedi 26 janvier dernier lors de marches non autorisées, initiées par le MRC et qui ont réuni des centaines de personnes dans plusieurs villes du pays. Plusieurs personnes ont été blessées à Douala, où la tension était la plus vive. Ce même jour, des manifestations ont également eu lieu dans la diaspora camerounaise. À Paris, par exemple, une cinquantaine de manifestants camerounais ont envahi l'ambassade du Cameroun, saccageant notamment des portraits du chef de l'État. L'opposant Maurice Kamto, arrivé deuxième avec 14,23% des voix derrière Paul Biya à la présidentielle, ne reconnaît pas le résultat officiel des urnes, validé par le Conseil constitutionnel. Paul Biya, 86 ans, dont 36 au pouvoir, avait été réélu avec 71,2% des voix pour un septième mandat consécutif.