Dans un contexte où se dressent des incertitudes sur la préservation du pouvoir d'achat et où il est difficile à un nouveau demandeur d'emploi d'en trouver, comme il est difficile à un "compressé" de se replacer sur le marché du travail au moment où les retraites se prennent de plus en plus jeunes, il est naturel et légitime que les populations évaluent l'action gouvernementale à travers uniquement les performances sociales.Les populations ne se suffisent pas du fait qu'il apparaît que tant que les réserves en devises existent et que les bateaux accostent, tout devrait aller pour le mieux, si cela ne se traduit pas en augmentation pour les ménages de leur capacité à faire face aux dépenses les plus élémentaires.Il y a eu des mutations politiques, économiques et sociales. Désormais, du fait qu'il est prouvé que les inhibitions sont levées, les contradictions ne peuvent plus être couvertes et risquent même de tendre à s'exacerber et monter en puissance. Il est ainsi parfaitement compréhensible que la plus grande préoccupation des gouvernants est la peur qu'existe en permanence un déficit dans leur prise en charge des aspirations socioéconomiques des populations et qu'existe ainsi un large écart entre les demandes populaires et les réponses étatiques dans un contexte où il est connu qu'il n'y a pas de miracle qui surviendrait si les politiques mises en œuvre s'avéraient impuissantes à organiser le rendez-vous entre les attentes et les réalisations. Sommes-nous dans le cas où cet écart s'agrandit trop vite au point où les populations ne peuvent même plus parler de pouvoir d'achat, mais d'impossibilité d'achat ? Quels seraient exactement tous les moyens dont disposerait le gouvernement et surtout comment pourrait-il convaincre que la voie pour satisfaire les demandes est réellement empruntée quand on se rappelle qu'au sein même de l'alliance présidentielle avaient fusé des critiques qui n'allaient pas dans le sens de l'apaisement des craintes des populations ? Pour les populations, les pouvoirs publics ont trop parlé, à l'excès même, d'équilibres macroéconomiques, un langage qui n'est pas bien décrypté, ou que la balance des paiements est excédentaire, alors qu'il est connu que de telles déclarations n'ont aucun impact psychologique positif. Si on prend pour seul critère d'évaluation des performances des gouvernements le taux de couverture de nos importations par les ressources provenant des exportations hors hydrocarbures, il ne semble pas que la tendance générale soit à la satisfaction. Par contre, si on prend en compte les infrastructures routières, les projets de dessalement de l'eau de mer, oui, les pouvoirs publics ont fait quelque chose mais qui ne peut pas être estimé à sa juste valeur si le pouvoir d'achat n'est pas amélioré.