En Europe, les usines de Fiat sont très majoritairement centrées sur l'Italie, tandis que celles de PSA sont plus dispersées géographiquement. Mais le taux de remplissage du premier est préoccupant. En revanche, le groupe français trouve chez son fiancé italien la tête de pont dont il a besoin de se lancer comme prévu à l'assaut des Etats-Unis. L'outil de production de PSA et FCA risque-t-il de s'avérer surdimensionné une fois le mariage transalpin consommé ? Il est encore trop tôt pour le dire, et les deux promis se sont engagés à ne pas fermer d'usines pour le moment auprès de leurs gouvernements et salariés respectifs. Mais une chose apparaît à la lecture de leur empreinte industrielle : ils ne se marchent pas, ou très peu, sur les pieds. Les deux berceaux industriels historiques, Sochaux pour l'un et Turin pour l'autre, ne sont distants que de 430 km mais PSA ne compte aucune usine en Italie, pas plus que FCA n'en compte en France. En 2011, Fiat s'est en effet défait de ses activités véhicules industriels (CNH) qui comptait une usine de bus Iveco en Ardèche. L'Italie privilégiée " Les premières synergies devraient apparaître majoritairement en Europe ", estime Romain Gillet, analyste d'IHS Markit, qui ne s'attend pas à court terme " à de grosses consolidations qui mettraient en péril des usines ". Géographiquement néanmoins, Fiat reste beaucoup plus dépendant de l'Italie, en termes industriels, que PSA de la France. L'Italien emploie encore au total 60.000 personnes dans la Péninsule, où il dispose de 7 usines d'assemblage différentes. Dans l'Hexagone, le groupe de Carlos Tavares a vu ses effectifs tomber récemment sous la barre des 50.000 salariés, avec une part de marché européenne bien supérieure en termes de ventes. La raison est simple : Fiat n'a pas fait le même effort de rationalisation industrielle que son fiancé français, qui a notamment fermé l'usine d'Aulnay-Sous-Bois ou considérablement réduit les effectifs dans ses autres sites de montage - tous ont été " compactés ". De l'autre côté des Alpes, le groupe de John Elkann s'est montré plus coulant, notamment en annonçant du temps de feu Sergio Marchionne un investissement total en Italie de plus de 5 milliards d'euros sur la période 2019-2021 - pour leur attribuer 13 programmes de véhicules restylés ou entièrement nouveaux, comme la 500 électrique à Turin-Mirafiori. Un énième ballon d'oxygène alors que ses usines italiennes n'étaient utilisées qu'à 50 % en septembre, selon LMC Automotive, contre 86 % chez Chrysler aux Etats-Unis.
PSA beaucoup plus présent en Europe Fiat compte seulement trois autres usines d'assemblage européennes, en Pologne (très importante puisqu'elle assemble la petite 500, seul vrai pilier de sa gamme), Serbie et Turquie. A contrario, PSA fabrique ses modèles européens, outre dans l'Hexagone, en Espagne surtout, mais aussi en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Slovaquie, au Portugal, l'usine marocaine devant servir également. " Les deux groupes ont eu un peu la même stratégie, celle de mettre la valeur ajoutée en France et en Italie et en France, les fabrications d'entrée de gamme dans les pays à plus faible coût ", poursuit-on chez IHS Markit. A cette différence près que PSA, non content des activités de Chrysler Europe jadis, a hérité plus récemment de l'outil industriel d'Opel-Vauxhall qui a encore élargi son empreinte en Espagne et en Europe centrale. Le rêve américain Hors d'Europe, il existe très peu de doublons. Les deux groupes possèdent des sites de fabrication en Argentine comme au Brésil, car Fiat est l'un des acteurs historiques de ce dernier marché. Cette double présence peut d'ailleurs leur permettre de faire des échanges de véhicules ou de plates-formes pour mieux les remplir. Ailleurs, la voie est libre. PSA est absent de l'Amérique du Nord, où FCA exploite lui les nombreux sites de Chrysler, dans la région de Detroit (Michigan), de Windsor (Canada) et au Mexique. Une bénédiction pour Carlos Tavares, qui veut déployer Peugeot outre-Atlantique dans un horizon relativement proche. Cet aspect est d'ailleurs l'une des raisons majeures de l'alliance. PSA-Opel, la fusion express des usines. En Chine, la présence de plus en plus symbolique des deux groupes en termes de ventes pourrait pousser à des restructurations supplémentaires à celle que vient d'entreprendre PSA… Mais leur concubinage local avec deux alliés différents (Guangzhou Automobile pour Fiat Chrysler et Dongfeng pour PSA) ne va pas faciliter les réflexions.