C'est l'absence de la culture des risques qui est au centre des problèmes de financement rencontrés par les petites et moyennes entreprises. C'est l'absence de la culture des risques qui est au centre des problèmes de financement rencontrés par les petites et moyennes entreprises. Dès qu'on parle de l'investissement dans le secteur de la PME, on entre dans un cercle vicieux. Parce que l'accès au crédit, qui est au cœur de tous les problèmes, reste dépendant de facteurs exogènes qui viennent se greffer sur d'autres problèmes liés à l'environnement de l'entreprise, comme le foncier ou la lourdeur des charges patronales. Pour l'économiste Saïd Ighilahriz, la chose se présente ainsi : « Les banques publiques n'ont pas la culture du risque. Elles exigent des garanties démesurées aux petites entreprises qui détiennent, elles, de vrais projets de croissance. Quant aux banques privées, elles n'ont pas assez de fonds propres pour financer l'expansion de l'activité du privé. Les PME avancent au rythme de leur auto-financement. Cela pèse lourdement sur les performances de l'économie algérienne. » On connaît les limites de l'autofinancement ; les PME ont déjà fort à faire pour dégager un cash flot, payer les traites et les créanciers, s'acquitter de la masse salariale, s'il faut en plus investir, cela demande des sacrifices que ne peuvent pas se permettre toutes les entreprises. Dans tous les pays, les banques sont là justement pour accompagner le développement de la PME, surtout quand les dossiers permettent de constater que l'investissement est rentable et que la banque elle-même sera gagnante. Soutenir l'activité économique En Algérie, le secteur bancaire privé a eu à pâtir de l'aventure de Khalifa Bank et de quelques autres comme la BCIE ou l'Union Bank, au point d'amener l'ancien Chef de gouvernement Ahmed Ouyahia à prendre une mesure économique qui consiste à interdire aux entreprises publiques de déposer leur argent dans les banques privées. Ce faisant, il coupait l'herbe sous les pieds de tous les discours prônant l'entrée dans l'économie de marché, au moment même où la privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA) est amorcée et est entrée dans sa phase finale. En coupant le pont entre les deux secteurs public et privé, l'ex-chef de gouvernement ne mesurait pas le retard qu'il faisait prendre à l'économie nationale, où tout doit être poreux pour permettre au flux de liquidités d'un endroit à un autre, à même d'impulser et de soutenir l'activité économique et porter la croissance. Heureusement qu'une nouvelle directive, signée de la main de son successeur au Palais du gouvernement, vient de mettre un terme à un tel anachronisme, voire à un tel non-sens économique. Une autre mesure, contenue dans la loi de finances 2008, et qui porte cette fois sur la levée de l'obligation pour les importateurs de disposer d'un capital de 20 millions de dinars, vient elle aussi sauter les verrous et corriger des situations qui ont entraîné, au bout de quelques années, une baisse de la croissance de la PME, mais surtout dans le cas des importateurs, générée par les pénuries et les augmentations injustifiées des prix, autant de facteurs qui se sont ajoutés aux contraintes haussières à l'échelle du marché international. La PME traîne la patte Autant de non-sens qui amènent aujourd'hui l'Exécutif à réviser ses classiques, revoir sa copie, et jouer au pompier pour assurer l'approvisionnement des populations et se mettre en conformité avec le droit international en période de négociation pour l'accession à l'OMC. Toutes les mesures qui consistent à ériger des barrières et à multiplier les contraintes aboutissent toujours au même résultat : le ralentissement de l'activité de l'entreprise et cela se paie un jour ou l'autre. Continuer à compter sur les recettes des exportations pétrolières pour masquer la réalité ou acheter la paix sociale, cela peut tromper les gens un moment, mais pas tout le temps. Au lieu d'être le moteur de la croissance, comme cela se fait dans le monde entier, la PME en Algérie traîne la patte, non pas de sa propre volonté, mais du fait de ces contraintes externes liées entre autre à l'accès au crédit. Et pourtant, lorsqu'on y regarde de près, on voit bien que les explications des uns et des autres sont contradictoires, et que le diagnostic établi n'est pas le même d'un responsable à l'autre. D'où cette petite polémique à fleuret moucheté entre le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Laksaci, et le ministre de la PME, M. Benbada. Pour le responsable de la première institution financière du pays, la chose est entendue : il y aurait un «phénomène de concentration des crédits pour des groupes privés et une situation de créances non performantes pour certains d'entre eux. » Et il ajoutera que les crédits bancaires au cours du premier semestre 2007, ont été affectés à hauteur de 53,5 % au secteur privé (contre 52,9 % à fin 2006) pour un montant de 1.125,6 milliards de dinars. Les analystes, eux, remarquent qu'il y a une masse de crédits pour une poignée de privés. C'est-à-dire que comme pour ce qui est des importateurs, il y a un lobby qui a accès aux crédits bancaires, mais que la masse des opérateurs économiques privés est laissée sur le quai. Le manque de financement freine le développement Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la Banque d'Algérie, par la voix de son propre gouverneur, exprime sa satisfaction en constatant la hausse des crédits aux entreprises du secteur privé pendant les deux trimestres de l'année 2007. Et pourtant, ce n'est pas l'avis du premier responsable du secteur, à savoir le ministre des PME, Mustapha Benbada, qui déclara sans ambages que l'accès au financement bancaire en Algérie demeure un obstacle à leur développement. Il va même plus loin en faisant savoir que la création d'un fonds de garantie des crédits aux PME et le Fonds de garantie aux investissements de ces entreprises ne sont pas suffisants « le problème du manque de financement est un obstacle au développement des PME en Algérie ». Voilà qui a le mérite d'être clair. Cela ne l'empêche pas de constater les progrès dans le climat général où évoluent les PME, marqué par une amélioration législative et réglementaire, de plus en plus favorable à la création des entreprises. Il affirme que ce climat a permis, entre autres, d'opérer un saut qualitatif en raison de l'intérêt croissant exprimé dans les programmes des gouvernements successifs et la promulgation de textes de loi pour le soutien à la création et au développement des PME. Il a indiqué dans ce sens que le secteur a enregistré à juin dernier 284.244 PME privées, avec une moyenne de 30.000 PME pour la seule année 2006. Il a estimé que ce seuil est honorable, « au regard des conditions de création de ces entreprises », et qui sont liées, d'après lui, à ce problème récurrent de financement. Manque d'outils d'expertise Les difficultés liées au crédit continuent de prévaloir «en dépit, a-t-il déclaré à l'hémicycle de l'Assemblée populaire nationale, des actions menées par le département de la PME et qui ont notamment porté sur la création de 48 directions de willaya à travers le pays, l'installation du Conseil consultatif national et la création du Conseil national de la sous-traitance». Ce qui l'amène à estimer, et c'est l'avis d'un expert, que même «si le processus des réformes bancaires et financières a franchi de nombreuses étapes, il n'en demeure pas moins qu'elles ne sont pas dotées d'outils d'expertise nécessaires à l'évaluation des risques crédits». Cette frilosité des banques, propre à l'Algérie, demeure un obstacle à l'intensification des PME. En gros, on peut distinguer deux freins qui entravent cette intensification. « Le premier, interne, concerne la capacité de l'entreprise à se développer et à croître et le deuxième, externe, est lié à l'environnement qui ne sert pas bien l'investissement ». Ce diagnostic est loin d'être partagé par un autre expert qui n'est autre que Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers ABEF. Pour lui, la chose est claire : « Il ne faut pas prendre de risques qui générèrent des créances non recouvrables au niveau des banques». Résultat des courses, il annonce la mise en place prochainement d'un dispositif de cotation des entreprises, principalement les petites et moyennes entreprises (PME), sous l'égide du ministre des PME et de l'Union européenne. Ce mode de cotation, appelé aussi rating, a pour finalité d'établir un fichier des entreprises en amont et en aval, à suivre les filières et à noter les fonctions classiques. Pour ce qui est des crédits octroyés, il fournira d'autres chiffres que ceux communiqués par le gouverneur de la Banque d'Algérie, bien que ce soient des chiffres approchants. Ainsi, d'après ces chiffres détenus par l'Abef, rien que pour le premier semestre 2007, les banques ont octroyé 2.000 milliards de dinars de crédits dont 1.800 sont allés aux entreprises, qu'elles soient grandes ou PME. Le principal chiffre qu'il communique est celui des microentreprises, en affirmant qu'elles constituent 20 % des PME et ont généré 210.000 emplois. Dès qu'on parle de l'investissement dans le secteur de la PME, on entre dans un cercle vicieux. Parce que l'accès au crédit, qui est au cœur de tous les problèmes, reste dépendant de facteurs exogènes qui viennent se greffer sur d'autres problèmes liés à l'environnement de l'entreprise, comme le foncier ou la lourdeur des charges patronales. Pour l'économiste Saïd Ighilahriz, la chose se présente ainsi : « Les banques publiques n'ont pas la culture du risque. Elles exigent des garanties démesurées aux petites entreprises qui détiennent, elles, de vrais projets de croissance. Quant aux banques privées, elles n'ont pas assez de fonds propres pour financer l'expansion de l'activité du privé. Les PME avancent au rythme de leur auto-financement. Cela pèse lourdement sur les performances de l'économie algérienne. » On connaît les limites de l'autofinancement ; les PME ont déjà fort à faire pour dégager un cash flot, payer les traites et les créanciers, s'acquitter de la masse salariale, s'il faut en plus investir, cela demande des sacrifices que ne peuvent pas se permettre toutes les entreprises. Dans tous les pays, les banques sont là justement pour accompagner le développement de la PME, surtout quand les dossiers permettent de constater que l'investissement est rentable et que la banque elle-même sera gagnante. Soutenir l'activité économique En Algérie, le secteur bancaire privé a eu à pâtir de l'aventure de Khalifa Bank et de quelques autres comme la BCIE ou l'Union Bank, au point d'amener l'ancien Chef de gouvernement Ahmed Ouyahia à prendre une mesure économique qui consiste à interdire aux entreprises publiques de déposer leur argent dans les banques privées. Ce faisant, il coupait l'herbe sous les pieds de tous les discours prônant l'entrée dans l'économie de marché, au moment même où la privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA) est amorcée et est entrée dans sa phase finale. En coupant le pont entre les deux secteurs public et privé, l'ex-chef de gouvernement ne mesurait pas le retard qu'il faisait prendre à l'économie nationale, où tout doit être poreux pour permettre au flux de liquidités d'un endroit à un autre, à même d'impulser et de soutenir l'activité économique et porter la croissance. Heureusement qu'une nouvelle directive, signée de la main de son successeur au Palais du gouvernement, vient de mettre un terme à un tel anachronisme, voire à un tel non-sens économique. Une autre mesure, contenue dans la loi de finances 2008, et qui porte cette fois sur la levée de l'obligation pour les importateurs de disposer d'un capital de 20 millions de dinars, vient elle aussi sauter les verrous et corriger des situations qui ont entraîné, au bout de quelques années, une baisse de la croissance de la PME, mais surtout dans le cas des importateurs, générée par les pénuries et les augmentations injustifiées des prix, autant de facteurs qui se sont ajoutés aux contraintes haussières à l'échelle du marché international. La PME traîne la patte Autant de non-sens qui amènent aujourd'hui l'Exécutif à réviser ses classiques, revoir sa copie, et jouer au pompier pour assurer l'approvisionnement des populations et se mettre en conformité avec le droit international en période de négociation pour l'accession à l'OMC. Toutes les mesures qui consistent à ériger des barrières et à multiplier les contraintes aboutissent toujours au même résultat : le ralentissement de l'activité de l'entreprise et cela se paie un jour ou l'autre. Continuer à compter sur les recettes des exportations pétrolières pour masquer la réalité ou acheter la paix sociale, cela peut tromper les gens un moment, mais pas tout le temps. Au lieu d'être le moteur de la croissance, comme cela se fait dans le monde entier, la PME en Algérie traîne la patte, non pas de sa propre volonté, mais du fait de ces contraintes externes liées entre autre à l'accès au crédit. Et pourtant, lorsqu'on y regarde de près, on voit bien que les explications des uns et des autres sont contradictoires, et que le diagnostic établi n'est pas le même d'un responsable à l'autre. D'où cette petite polémique à fleuret moucheté entre le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Laksaci, et le ministre de la PME, M. Benbada. Pour le responsable de la première institution financière du pays, la chose est entendue : il y aurait un «phénomène de concentration des crédits pour des groupes privés et une situation de créances non performantes pour certains d'entre eux. » Et il ajoutera que les crédits bancaires au cours du premier semestre 2007, ont été affectés à hauteur de 53,5 % au secteur privé (contre 52,9 % à fin 2006) pour un montant de 1.125,6 milliards de dinars. Les analystes, eux, remarquent qu'il y a une masse de crédits pour une poignée de privés. C'est-à-dire que comme pour ce qui est des importateurs, il y a un lobby qui a accès aux crédits bancaires, mais que la masse des opérateurs économiques privés est laissée sur le quai. Le manque de financement freine le développement Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que la Banque d'Algérie, par la voix de son propre gouverneur, exprime sa satisfaction en constatant la hausse des crédits aux entreprises du secteur privé pendant les deux trimestres de l'année 2007. Et pourtant, ce n'est pas l'avis du premier responsable du secteur, à savoir le ministre des PME, Mustapha Benbada, qui déclara sans ambages que l'accès au financement bancaire en Algérie demeure un obstacle à leur développement. Il va même plus loin en faisant savoir que la création d'un fonds de garantie des crédits aux PME et le Fonds de garantie aux investissements de ces entreprises ne sont pas suffisants « le problème du manque de financement est un obstacle au développement des PME en Algérie ». Voilà qui a le mérite d'être clair. Cela ne l'empêche pas de constater les progrès dans le climat général où évoluent les PME, marqué par une amélioration législative et réglementaire, de plus en plus favorable à la création des entreprises. Il affirme que ce climat a permis, entre autres, d'opérer un saut qualitatif en raison de l'intérêt croissant exprimé dans les programmes des gouvernements successifs et la promulgation de textes de loi pour le soutien à la création et au développement des PME. Il a indiqué dans ce sens que le secteur a enregistré à juin dernier 284.244 PME privées, avec une moyenne de 30.000 PME pour la seule année 2006. Il a estimé que ce seuil est honorable, « au regard des conditions de création de ces entreprises », et qui sont liées, d'après lui, à ce problème récurrent de financement. Manque d'outils d'expertise Les difficultés liées au crédit continuent de prévaloir «en dépit, a-t-il déclaré à l'hémicycle de l'Assemblée populaire nationale, des actions menées par le département de la PME et qui ont notamment porté sur la création de 48 directions de willaya à travers le pays, l'installation du Conseil consultatif national et la création du Conseil national de la sous-traitance». Ce qui l'amène à estimer, et c'est l'avis d'un expert, que même «si le processus des réformes bancaires et financières a franchi de nombreuses étapes, il n'en demeure pas moins qu'elles ne sont pas dotées d'outils d'expertise nécessaires à l'évaluation des risques crédits». Cette frilosité des banques, propre à l'Algérie, demeure un obstacle à l'intensification des PME. En gros, on peut distinguer deux freins qui entravent cette intensification. « Le premier, interne, concerne la capacité de l'entreprise à se développer et à croître et le deuxième, externe, est lié à l'environnement qui ne sert pas bien l'investissement ». Ce diagnostic est loin d'être partagé par un autre expert qui n'est autre que Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers ABEF. Pour lui, la chose est claire : « Il ne faut pas prendre de risques qui générèrent des créances non recouvrables au niveau des banques». Résultat des courses, il annonce la mise en place prochainement d'un dispositif de cotation des entreprises, principalement les petites et moyennes entreprises (PME), sous l'égide du ministre des PME et de l'Union européenne. Ce mode de cotation, appelé aussi rating, a pour finalité d'établir un fichier des entreprises en amont et en aval, à suivre les filières et à noter les fonctions classiques. Pour ce qui est des crédits octroyés, il fournira d'autres chiffres que ceux communiqués par le gouverneur de la Banque d'Algérie, bien que ce soient des chiffres approchants. Ainsi, d'après ces chiffres détenus par l'Abef, rien que pour le premier semestre 2007, les banques ont octroyé 2.000 milliards de dinars de crédits dont 1.800 sont allés aux entreprises, qu'elles soient grandes ou PME. Le principal chiffre qu'il communique est celui des microentreprises, en affirmant qu'elles constituent 20 % des PME et ont généré 210.000 emplois.